Un hôpital du Sud canadien envoie le corps du mauvais bébé à une famille inuite du Nunavut
Un couple d’Arviat, sur la côte ouest de la baie d’Hudson au Nunavut, a enterré celui qu’il croyait être son bébé au cours d’une cérémonie funéraire. L’Hôpital Saint-Boniface, situé à Winnipeg, au Manitoba (Prairies), leur a appris par la suite que le bébé qui leur avait été rendu n’était pas le leur.
Alice Kinak et son conjoint, Tony Alagak, vivent à Arviat, au Nunavut. Le 19 avril, à 19 h, ils se sont rendus au centre de santé d’Arviat. Enceinte de huit mois, Alice Kinak ne se sentait pas bien. Mais le petit centre de santé de cette communauté de 2600 résidents n’était pas équipé pour lui donner des soins.
« C’est à ce moment que les choses ont commencé à mal tourner », explique Tony Alagak.
« Il n’y avait aucun instrument médical pour surveiller l’état de notre fils, personne n’était en mesure de pratiquer un accouchement dans le village, et le pire, c’est que nous avons dû attendre l’ambulance aérienne. »
Selon Tony Alagak, ils ont attendu plus de quatre heures l’arrivée de l’avion. Le trajet pour Winnipeg a pris trois heures de plus. À son atterrissage à Winnipeg, Alicia Kinak a été prise en charge par l’Hôpital Saint-Boniface, où son bébé est mort.
Alicia Kinak est retournée dans sa communauté d’Arviat, seule. L’hôpital y a envoyé plus tard le corps de son défunt bébé.
« On nous a dit que c’était notre bébé. Donc, nous l’avons enterré ici à Arviat au cours d’une cérémonie avec toute la famille », explique Tony Alagak.
Des représentants de l’hôpital arrivent à Arviat
Le 15 mai, des représentants de l’Hôpital Saint-Boniface sont venus dans la communauté et la famille a été appelée au centre de santé. Tony Agalak raconte qu’il ne connaissait pas le but de la rencontre. On a demandé à sa grand-mère, Hattie Alagak, d’aider à annoncer la mauvaise nouvelle.
« Ils ont dit qu’ils avaient fait une erreur et envoyé le corps du mauvais bébé », a raconté Hattie Alagalak, la grand-mère de l’enfant, à CBC, en inuktitut.
Selon elle, la nouvelle a eu un effet dévastateur sur la famille.
« Ils ont dit qu’ils allaient déterrer le corps du bébé et ramener le cercueil à Winnipeg », affirme-t-elle.
L’Hôpital Saint-Boniface n’a pas voulu dire comment l’erreur est survenue ni à qui appartiennent les restes enterrés à Arviat. Dans un courriel envoyé à CBC, il a déclaré qu’il ne communiquait qu’avec les familles concernées.
« L’Hôpital Saint-Boniface a l’obligation de respecter la confidentialité et la vie privée de tous nos patients et de leurs familles », peut-on lire dans le courriel. « Notre pratique consiste à communiquer directement avec eux des détails de leur situation et de leurs informations médicales. »
L’Office régional de la santé de Winnipeg a renvoyé les questions à l’Hôpital, affirmant qu’il ne ferait pas de commentaires sur cette affaire.
La famille demande des explications
Les restes du fils du couple sont finalement arrivés à Arviat, et un autre enterrement a eu lieu. Mais la famille attend toujours des réponses.
« J’aimerais vraiment savoir qui a commis cette erreur et pourquoi c’est arrivé », dit Tony Alagalak.
« Je pense pas que cela ne devrait jamais arriver. Savoir que le corps de notre fils a été égaré, cela a ajouté 1000 livres de plus sur mes épaules. »
Tony Alagalak dit que les infirmières d’Arviat ont fait tout ce qu’elles ont pu. Il souhaite de meilleurs services de santé dans la petite communauté du Nunavut.
« J’espère seulement que plus de gens s’exprimeront. Nous méritons mieux en tant qu’Inuits, en tant que peuple » estime-t-il.
« Nous sommes également des Canadiens. Nous ne méritons rien de moins que les autres Canadiens, n’est-ce pas? »