Les agriculteurs du nord-ouest du Canada ont les yeux sur l’Alaska

La ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire a annoncé au Yukon un fonds d’investissement pour améliorer l’accès à la nourriture dans les collectivités isolées et du Nord.
Un investissement de 15 millions de dollars sur cinq ans annoncé par Ottawa pour combattre l’insécurité alimentaire des communautés isolées et du Nord est bien accueilli au Yukon, territoire du nord-ouest du Canada.

L’augmentation de la production agricole locale est une priorité dans le territoire dont pratiquement toutes les denrées sont transportées le long d’un seul lien routier.

Le défi du transport de nourriture a fait partie des discussions avec la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, lors de son passage à Whitehorse pour l’annonce de mesures relatives au Nord dans le cadre de la Politique alimentaire pour le Canada.

Les mesures visent à permettre aux collectivités de trouver des solutions novatrices à leurs propres défis, que ce soit une augmentation de la production en serres ou l’achat de réfrigérateurs collectifs.

« La production [agricole au Yukon], je comprends que c’est une priorité non seulement en termes d’économie, mais il y a tout un enjeu de souveraineté alimentaire qui est très important parce qu’il arrive des moments dans l’année où pour des raisons d’événements climatiques, la route est bloquée et l’approvisionnement est difficile. »

Marie-Claude Bibeau, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire

« Je comprends bien que c’est une priorité et donc les propositions qui vont être soumises dans cet objectif-là, soit d’augmenter l’accès à de bons aliments, vont être recevables dans le cadre de la Politique. »

La ferme Kokopellie produit une trentaine de variétés de légumes, de grains et de fines herbes qu’elle revend localement. (Anaïs Elboujdaïni/Radio-Canada)
Une industrie agricole en devenir

Le ministre territorial d’Énergie, Mines et Ressources, Ranj Pillai, souligne que l’augmentation de la production agricole au Yukon pourrait également devenir un secteur important d’activité économique.

Les investissements du fédéral pour l’innovation en la matière arrivent à point nommé, selon le ministre.

Le territoire dénombre présentement environ 140 fermes de petite taille.

Le ministre d’Énergie, Mines et Ressources, Ranj Pillai, croit que l’agriculture au Yukon a un fort potentiel économique avec l’état de l’Alaska. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« L’aspect de l’inspection des aliments est très important. Ce que bien des gens ne savent pas c’est que nous voyons l’Alaska comme un marché potentiellement très intéressant pour nous […] particulièrement dans les villages de Skagway et Haines où il y a déjà des opportunités d’affaires. »

Ranj Pillai, ministre d'Énergie, Mines et Ressources
Le port de Skagway, en Alaska, accueille tous les étés jusqu’à près d’un million de visiteurs à bord de bateaux de croisière. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
De l’intérêt du côté de Skagway, en Alaska

Le maire de Skagway, Andrew Cremata, trouve l’idée emballante, même s’il n’a encore tenu aucune discussion formelle sur le sujet depuis son entrée en poste il y a trois mois.

« Je crois qu’il y aurait certainement un marché pour des produits locaux. […] Tout arrive ici par barge et il peut être difficile de s’approvisionner en produits frais en provenance des 48 États américains parce qu’on ne sait jamais dans quel état ils arriveront. »

Andrew Cremata, maire de Skagway

Le maire souligne qu’en saison estivale, il arrive que les étagères des épiceries se vident avec l’afflux de visiteurs durant les fins de semaine ce qui oblige les habitants à attendre l’arrivée de nourriture sur la barge, les mardis.

« Ça peut être frustrant », ajoute M. Cremata qui souligne que les denrées coûtent par ailleurs très cher dans le petit village enclavé de la côte alaskienne.

Le propriétaire de Fox Ridge Farm, Collin Rémillard, affirme que le fait que ses cochons soient élevés à l’extérieur améliore le goût de la viande. (Collin Rémillard)
Infrastructures manquantes

La difficulté pour l’exportation de viande du Yukon relève de l’absence d’un abattoir certifié par le fédéral.

Le président de l’Association agricole du Yukon, Sonny Gray, explique que les producteurs font face à une panoplie de défis.

Sonny Gray, président de l’Association agricole du Yukon, aimerait pouvoir exporter sa viande à l’extérieur du territoire, ce qui n’est pas encore possible faute d’abattoir certifié par le fédéral. (Wayne Vallevand/Radio-Canada)
« C’est pas mal dispendieux d’investir dans les infrastructures ici. Les fermiers ici doivent tout faire. Après s’occuper des animaux, il faut faire la mise en marché. Au Québec, on peut vendre les animaux à l’encan, c’est rapide, mais ici, si on veut vendre notre viande aux Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique ou en Alaska, il faudrait qu’on ait un abattoir fédéral. Mais ça va venir. »

Sonny Gray, président, Association agricole du Yukon

La ministre fédérale Marie-Claude Bibeau affirme être tout ouïe dans les discussions entourant la question de l’inspection des aliments.

« Je suis absolument ouverte à voir jusqu’où on peut aller à ce niveau-là. Je vois qu’il y a l’abattoir mobile qui peut permettre d’approvisionner localement, mais quand on considère exporter en Alaska, par exemple, toute la dynamique et les inspections sont différentes évidemment donc c’est un sujet qui va me faire plaisir de pousser avec le ministère et avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments. »

Le département de l’Agriculture du gouvernement du Yukon poursuit ses recherches pour des variétés de plantes résistantes au climat du Nord. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Le ministre territorial Ranj Pillai croit que l’avenir de l’agriculture est une façon d’assurer une économie verte. « Quand on parle de gaz à effet de serre, en 2016, 3 % de nos émissions provenaient de la production énergétique et 62 % du transport. »

Radio-Canada

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