Les agriculteurs du nord-ouest du Canada ont les yeux sur l’Alaska
Un investissement de 15 millions de dollars sur cinq ans annoncé par Ottawa pour combattre l’insécurité alimentaire des communautés isolées et du Nord est bien accueilli au Yukon, territoire du nord-ouest du Canada.
L’augmentation de la production agricole locale est une priorité dans le territoire dont pratiquement toutes les denrées sont transportées le long d’un seul lien routier.
Le défi du transport de nourriture a fait partie des discussions avec la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, lors de son passage à Whitehorse pour l’annonce de mesures relatives au Nord dans le cadre de la Politique alimentaire pour le Canada.
Les mesures visent à permettre aux collectivités de trouver des solutions novatrices à leurs propres défis, que ce soit une augmentation de la production en serres ou l’achat de réfrigérateurs collectifs.
« Je comprends bien que c’est une priorité et donc les propositions qui vont être soumises dans cet objectif-là, soit d’augmenter l’accès à de bons aliments, vont être recevables dans le cadre de la Politique. »
Une industrie agricole en devenir
Le ministre territorial d’Énergie, Mines et Ressources, Ranj Pillai, souligne que l’augmentation de la production agricole au Yukon pourrait également devenir un secteur important d’activité économique.
Les investissements du fédéral pour l’innovation en la matière arrivent à point nommé, selon le ministre.
Le territoire dénombre présentement environ 140 fermes de petite taille.
De l’intérêt du côté de Skagway, en Alaska
Le maire de Skagway, Andrew Cremata, trouve l’idée emballante, même s’il n’a encore tenu aucune discussion formelle sur le sujet depuis son entrée en poste il y a trois mois.
Le maire souligne qu’en saison estivale, il arrive que les étagères des épiceries se vident avec l’afflux de visiteurs durant les fins de semaine ce qui oblige les habitants à attendre l’arrivée de nourriture sur la barge, les mardis.
« Ça peut être frustrant », ajoute M. Cremata qui souligne que les denrées coûtent par ailleurs très cher dans le petit village enclavé de la côte alaskienne.
Infrastructures manquantes
La difficulté pour l’exportation de viande du Yukon relève de l’absence d’un abattoir certifié par le fédéral.
Le président de l’Association agricole du Yukon, Sonny Gray, explique que les producteurs font face à une panoplie de défis.
La ministre fédérale Marie-Claude Bibeau affirme être tout ouïe dans les discussions entourant la question de l’inspection des aliments.
« Je suis absolument ouverte à voir jusqu’où on peut aller à ce niveau-là. Je vois qu’il y a l’abattoir mobile qui peut permettre d’approvisionner localement, mais quand on considère exporter en Alaska, par exemple, toute la dynamique et les inspections sont différentes évidemment donc c’est un sujet qui va me faire plaisir de pousser avec le ministère et avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments. »
Le ministre territorial Ranj Pillai croit que l’avenir de l’agriculture est une façon d’assurer une économie verte. « Quand on parle de gaz à effet de serre, en 2016, 3 % de nos émissions provenaient de la production énergétique et 62 % du transport. »