Voyager dans le Nord canadien : quelle empreinte environnementale?

Un ours polaire traverse la route à Churchill au Manitoba en 2009. (Jonathan Hayward/La Presse canadienne)
Chaque année, des milliers de touristes se rendent à Churchill, au Manitoba, dans le Nord canadien, pour admirer les ours polaires. Alors que les régions nordiques sont particulièrement sensibles aux changements climatiques, des chercheurs s’interrogent sur les effets de l’industrie touristique sur la région.

En octobre 2018, la chercheuse au département de géographie de l’Université d’Ottawa Jamie D’Souza s’est rendue à Churchill, aux portes de l’Arctique. Pendant un mois, elle a effectué une série de sondages auprès des touristes, notamment sur leur motivation à voyager dans le Grand Nord et leur connaissance des changements climatiques.

À partir de leur lieu de provenance et de leur mode de transport, Jamie D’Souza a calculé une estimation des émissions de gaz à effet de serre (GES) produit par leur voyage.

Résultat : ces émissions seraient 3 à 33 fois plus élevées – selon la ville de départ – que celles produites lors d’une expédition touristique moyenne (évaluée à 0,25 tonne de CO2).

« C’est intéressant parce que les gens comprennent que les changements climatiques existent, que les humains y contribuent, mais ne savent pas combien le fait de prendre l’avion ou de voyager peut avoir un effet sur l’environnement et les ours polaires », dit Jamie D’Souza.

Difficile à évaluer

Jamie D’Souza explique que cette étude est limitée, car le train ne fonctionnait pas pendant la période où elle était à Churchill. Tous les touristes avaient dû prendre l’avion pour s’y rendre, ce qui explique des émissions de GES aussi élevées.

De multiples autres facteurs doivent être pris en compte pour évaluer les répercussions du tourisme polaire sur l’environnement, soutient également David Barber, titulaire de la chaire de recherche du Canada en science du système arctique à l’Université du Manitoba.

Selon lui, les voyageurs qui vont dans le Grand Nord font partie d’une infime proportion de la population, et, donc, les effets de leur voyage sont minimes.

« C’est quelque chose de négligeable, surtout en comparaison du positif que cela apporte d’aller à Churchill et d’en apprendre davantage sur place sur les changements climatiques », dit-il.

Un territoire en voie de disparition?

En 2007, une étude ressemblant à celle de Jamie D’Souza avait été réalisée par sa superviseure. Elle avait à l’époque conclu que les touristes se rendaient à Churchill pour voir la faune polaire avant qu’elle ne disparaisse.

La destination accueillait alors 8000 touristes par saison; désormais, il y en a près de 12 000.

« Quand la température globale de la Terre augmente de 1 °C, on peut s’attendre à ce que, en Arctique, elle augmente de 2 °C ou 2,5 °C », dit David Barber, en expliquant que ce phénomène d’amplification des températures est lié à la fonte des glaces.

Le chercheur ajoute toutefois que le tourisme en Arctique n’est pas prêt de s’arrêter. « Les ours polaires ne vont pas disparaître de Churchill demain, ils vont migrer et s’adapter à d’autres zones », explique-t-il.

David Barber ajoute que les organisateurs de voyage sont également sensibles à la cause environnementale et veulent conserver leur écosystème. Une partie de leur mandat est de sensibiliser les visiteurs à l’état de la fonte des glaciers.

Plutôt que de nuire à l’environnement, le chercheur estime donc que le tourisme est une bonne occasion de faire évoluer les mentalités.

Avec les informations de Thibault Jourdan

Chloé Dioré de Périgny, Radio-Canada

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