Enfants refusés à l’école francophone dans le Nord canadien : la commission scolaire déçue
La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest déplore la décision de la ministre de l’Éducation de refuser à nouveau l’admission de 5 familles non-ayants droit à l’école francophone et laisse planer la possibilité d’un nouveau recours en justice.
Vendredi, la ministre territoriale de l’Éducation, Caroline Cochrane, a fait part de sa décision par écrit à la CSFTNO et aux 5 familles concernées.
La décision touche six enfants, puisque l’une des cinq familles a fait la demande d’admission pour deux enfants.
Les demandes d’admission et leurs réponses étant confidentielles, Radio-Canada n’a pas eu accès aux documents.
En entrevue vendredi, un sous-ministre adjoint au ministère de l’Éducation a expliqué que la ministre en était venue à refuser une fois de plus l’accès à ces non-ayants droit à la suite d’une révision de tous les facteurs ayant échappé à la ministre, selon le juge de la Cour suprême.
Pour la CSFTNO et son président, Simon Cloutier, il est clair que la ministre avait l’intention de refuser les cinq demandes depuis le début. Selon lui, elle ne se conforme pas au jugement de la Cour, qui fait d’ailleurs l’objet d’un appel du gouvernement.
De plus, la décision de revoir les cinq dossiers n’a fait que donner de faux espoirs aux familles, tout en les forçant à fournir davantage de documentation pour la révision, estime-t-il.
La commission scolaire est présentement en discussion avec les familles et leurs avocats afin d’étudier ses options et en venir à un plan, explique Simon Cloutier, qui n’exclut pas un recours devant les tribunaux.
« C’est un processus extrêmement lourd, donc, il y a peut-être des familles qui vont décider […] de reculer ou de continuer à pousser », croit le président.
« Des raisons qui ne s’appliquent pas »
Parmi les raisons évoquées pour justifier la décision de la ministre, le gouvernement cite la hausse de la population francophone au territoire et explique que, comme la vitalité de la communauté n’est pas en danger, l’ajout de non-ayants droit à l’école et dans la communauté francophone n’est pas nécessaire.
Au contraire, le gouvernement estime que l’ajout d’élèves qui ne répondent pas aux critères d’admission pour les non-ayants droit pourrait se faire au détriment de la qualité de l’enseignement.
La commission scolaire réfute cet argument et dit qu’elle regarde les statistiques et la vitalité de la communauté de façon différente.
« Lorsqu’on parle de la communauté francophone de Yellowknife, qui est en croissance selon le recensement, c’est vrai, mais en même temps, ce même recensement-là a clairement dit que les francophones hors Québec font face à l’assimilation plus que jamais au Canada parce que la population anglophone grandit plus vite que la population francophone, » précise Simon Cloutier.
La commission scolaire revendique la gestion de ses admissions, car, selon elle, le gouvernement n’est pas le plus apte à juger de ce qui est le plus approprié pour les écoles francophones et les familles qui veulent y inscrire leurs enfants.
« Est-ce que la ministre a rencontré les familles? Est-ce que la ministre a discuté avec les enfants et les familles impliqués? » se demande Simon Cloutier.
« Comment la ministre peut-elle juger que ces familles-là vont venir diminuer le niveau de langage qu’on a dans nos écoles, sans même avoir discuté avec eux. »