Un partenariat sur la gestion du caribou de la rivière Porcupine, dans le nord-ouest du Canada

Huit communautés autochtones des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, dans l’Arctique canadien, ont signé une entente sur la gestion du caribou de la Porcupine. (Ken Madsen/Reuters)
Huit communautés autochtones des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, dans l’Arctique canadien, ont ratifié une entente sur la gestion du caribou de la Porcupine, en l’occurrence les communautés inuvialuites et gwich’ines d’Aklavik, de Fort McPherson, d’Inuvik, de Mayo, de Tuktoyaktuk, de Tsiightchic et de Dawson City.

L’entente n’a été rendue publique qu’après les célébrations par les signataires à Inuvik, le 27 aout dernier, mais elle avait en fait été ratifiée le 13 mars dernier.

« Ça a été dur de réunir tout le monde en même temps dans une même pièce », explique avec humour le président du Comité consultatif de gestion de la faune du versant nord du Yukon, Lindsay Staples, qui a servi de facilitateur pour les négociations.

Selon M. Staples, il pourrait s’agir de la première entente transfrontalière uniquement signée par des Autochtones dans l’histoire du Canada.

La précédente entente avait été signée en 1985 par quelques Premières Nations et les gouvernements canadien, yukonnais et ténois, représentés au sein du Conseil de gestion du caribou de la Porcupine.

« En 1985, rappelle M. Staples, la seule revendication territoriale négociée et ratifiée était celle des Inuvialuits. Aujourd’hui, toutes ces régions ont des ententes territoriales et de nouvelles organisations ont été créées, par exemple la Première Nation de Na-Cho Nyak Dun [dans la région de Mayo, au Yukon], qui n’est pas reconnue dans l’entente de 1985, et les Trondëk Hwëch’in, qui ont maintenant un gouvernement. Ces organisations ont des droits et des pouvoirs. »

Pour Lindsay Staples, basé à Whitehorse, ces changements sont une puissante motivation pour la nouvelle entente et amélioreront la coopération entre les communautés.

Une harde en santé

Bien que faisant partie de la variété caribou de la toundra, qui a été mise sur la Liste des espèces en péril des Territoires du Nord-Ouest en 2018, la harde de la rivière Porcupine semble en bonne santé.

Selon des chiffres du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, la harde, dont l’aire de répartition s’étend jusqu’en Alaska, est passée de 197 000 à 218 000 têtes entre 2013 et 2017. Par contre, son taux de reproduction est considéré comme faible.

« Les organisations autochtones veulent gérer la population sur une base de précaution, elles ne veulent pas attendre qu’il y ait une crise », explique Lindsay Staples.

Le plan de gestion du caribou cible les actions à entreprendre en fonction de l’évolution de la taille de la harde. Si elle tombait sous les 45 000 têtes par exemple, les cosignataires de l’entente conviennent de revoir leur méthode de gestion et de conduire des études pour appuyer leurs décisions quant à la chasse.

L’entente spécifie comment partager la récolte de caribous entre les organisations autochtones quand il n’y en a pas assez pour satisfaire les besoins de tout le monde, précise Lindsay Staples.

L’engagement précise comment la chasse doit être faite lorsqu’une communauté chasse sur le territoire d’une autre, même lorsque le nombre de têtes est élevé.

Une communauté peut chasser sur le territoire d’une autre.

« Mais […] les chasseurs d’une région doivent respecter les règles et les habitudes qui s’appliquent chez leur voisin, précise le facilitateur. Dans certains endroits, ça peut être de donner le nom des chasseurs qui viennent dans la région. L’entente est très flexible en matière d’arrangements. Certains de ses arrangements étaient déjà en place, mais l’entente les formalise. »

Création d’une commission

L’entente prévoit la création de la Commission des utilisateurs autochtones du caribou de la Porcupine, où tous les signataires seront représentés.
Son rôle consistera notamment à mettre en place la nouvelle entente, à déterminer les quotas de chasse et à dialoguer avec le Conseil de gestion du caribou de la Porcupine.

Pour Lindsay Staples, la différence entre les deux organismes est que la Commission, qui est 100 % autochtone, se consacre essentiellement au dossier de la chasse.

À moins d’une sollicitation d’un de ses membres, la Commission doit se réunir pour une première fois en février 2020, au lendemain de la rencontre annuelle du Conseil de gestion du caribou de la Porcupine.

L’entente ne précise pas d’échéance pour la nomination des membres de la Commission, dont tous les postes seraient vacants au moment d’écrire ces lignes.

Denis Lord, L'Aquilon

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