Réouverture d’un centre de guérison et de traitement des dépendances pour les Inuit à Ottawa

Le centre de guérison et de traitement des dépendances Mamisarvik a rouvert ses portes à Ottawa, vendredi, mais cette fois à un nouvel emplacement. L’établissement est situé dans le quartier Hintonburg, dans l’ouest de la capitale nationale. (Courtoisie de Joël Lamoureux/Tungasuvvingat Inuit)
Un centre de guérison et de traitement des dépendances destiné spécifiquement aux Inuit a rouvert ses portes à Ottawa, dans le sud du Canada.

Le centre Mamisarvik a célébré son ouverture à trois reprises, mais les membres de l’organisme Tungasuvvingat Inuit, qui est à l’origine du projet, espèrent que cette fois sera la bonne. L’établissement a vu le jour en 2003, mais un manque de financement a contraint l’établissement à fermer ses portes en 2016, puis en 2017.

« Tungasuvvingat Inuit a été créé spécifiquement pour soutenir les Inuit qui résident en Ontario, donc donner accès à des programmes comme ceux offerts [au centre] Mamisarvik permet de renforcer ce besoin dans la province », explique le directeur pour le ressourcement et le mieux-être de l’organisme Tungasuvvingat Inuit, Chris Stewart.

Chris Stewart est le directeur pour le ressourcement et le mieux-être de l’organisme Tungasuvvingat Inuit. (Courtoisie de Joël Lamoureux/ Tungasuvvingat Inuit)

L’organisme à but non lucratif pilote une vingtaine de programmes sociaux et culturels destinés aux Inuit de l’Ontario, la province du sud du pays où leur population est la plus importante.

Selon Statistique Canada, plus du quart des Inuit au pays vivaient en dehors de l’une des quatre régions inuit de l’Arctique canadien en 2016. Le dernier recensement dénombrait 1280 Inuit dans la région de la capitale nationale, Ottawa-Gatineau.

Les Inuit connaissent une urbanisation croissante depuis quelques années, mais ils sont aussi surreprésentés parmi les personnes en situation d’itinérance et bon nombre d’entre eux souffrent de problèmes de dépendance aux drogues et à l’alcool.

En inuktitut, « mamisarvik » fait référence à un espace de guérison. C’est aussi précisément l’objectif du centre; soutenir les Inuit souffrant de dépendances et les accompagner dans leur processus de guérison de traumatismes.

Un centre conçu par et pour les Inuit

« Pendant beaucoup trop longtemps, la plupart de l’aide offerte aux Inuit est venue de non-Inuit et nous voulons changer ça », affirme la conseillère inuk Joyce Ford, qui a contribué à remettre sur pied le centre Mamisarvik.

Joyce Ford est l’une des conseillères du centre Mamisarvik. (Courtoisie de Joël Lamoureux/Tungasuvvingat Inuit)

L’équipe est principalement formée d’un aîné inuk, de conseillers, de travailleurs de soutien et de coordonnateurs. « Nous considérons qu’il est fondamental d’avoir le plus possible des employés inuit […] parce que c’est la seule manière de répondre véritablement aux besoins des Inuit », affirme-t-elle.

« Il est plus sécuritaire, sur le plan culturel, que ce soient des Inuit qui offrent des services à d’autres Inuit. »

Joyce Ford, conseillère inuk au centre Mamisarvik

Un premier programme gratuit, accessible de jour, offrira notamment des thérapies individuelles et de groupe, des activités culturelles et des sorties en plein air.

Par le biais d’activités traditionnelles, Joyce Ford croit que les visiteurs renoueront avec leur culture et reprendront ainsi graduellement leurs repères. « C’est vraiment important sur le plan spirituel », assure-t-elle.

À travers ce programme, qui sera offert du 29 octobre au 6 décembre, les participants pourront déguster des aliments traditionnels, comme du caribou, du phoque ou du béluga.

La chasse et la pêche, qui assurent depuis plusieurs siècles la subsistance des Inuit, occupent un rôle central dans leur culture. Dans le cadre de ses programmes, le centre Mamisarvik offrira à ses visiteurs des aliments traditionnels, comme du caribou, pour leur permettre de renouer avec leur alimentation traditionnelle. (Laurence Niosi/Radio-Canada)

Ils se rendront aussi quelques kilomètres au nord, à Gracefield, au Québec, pour passer du temps en nature. « Ça va donner la chance aux gens de sortir de la ville, où la vie peut être très stressante », ajoute-t-elle.

Des services de longue durée

Au début de l’année 2020, le centre Mamisarvik lancera aussi un programme d’hébergement où les visiteurs seront accueillis pendant une soixantaine de jours.

« Il sera assez similaire au programme de jour, mais comme les clients auront accès à un soutien 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, nous serons un peu plus en mesure d’explorer leurs traumatismes et leurs problèmes de dépendance », indique Joyce Ford.

L’un des espaces communs du centre de guérison Mamisarvik. (Courtoisie de Joël Lamoureux/Tungasuvvingat Inuit)

« À terme, notre objectif est d’offrir de manière continue le programme d’hébergement », ajoute Chris Stewart.

Le centre Mamisarvik ouvrira aussi ses portes à l’entourage des personnes en situation de dépendance, qui en subissent eux aussi les contrecoups. « L’abus de substances et les traumatismes n’affectent pas seulement l’individu lui-même, mais aussi leur conjoint et leurs enfants, affirme Joyce Ford. Et je pense que c’est ce qui rend notre centre aussi unique. »

Depuis 2003, l’association estime à environ 500 personnes le nombre d’Inuit ayant pris part à l’un des programmes du centre Mamisarvik.

L’organisme Tungasuvvingat Inuit a reçu un financement provincial d’environ 1,9 million de dollars pour remettre sur pied son centre Mamisarvik.

« Nous voulons que les gens réalisent que Mamisarvik est une option nécessaire pour les Inuit qui cherchent la guérison », espère Chris Stewart.

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