Dans le Grand Nord canadien, peu de jeunes parlent une langue autochtone

Les données récemment publiées de l’enquête sur les peuples autochtones de 2017 montrent combien d’autochtones parlent leur langue et participent à des activités traditionnelles dans le Nord. (Jared Monkman/Radio-Canada)
L’Enquête auprès des peuples autochtones de 2017, dont les résultats ont été publiés ce mois-ci par Statistique Canada, jette une nouvelle lumière sur le nombre d’autochtones parlant leur langue et ceux qui prennent part à des activités traditionnelles, comme la chasse ou l’artisanat.

Moins d’un autochtone du Yukon sur dix peut parler ou comprendre une langue autochtone, et les jeunes du Nord sont beaucoup moins susceptibles de comprendre ne serait-ce que quelques mots par rapport à la génération de leurs parents.

C’est l’une des nombreuses observations qui émanent de l’Enquête sur les peuples autochtones de 2017.

Celle-ci a été menée auprès de plus de 45 000 autochtones partout au Canada dans le but de faire des estimations éclairées sur des sujets allant du taux d’alphabétisation à la santé sexuelle. Une grande partie des données qu’elle produit ne peuvent pas être obtenues par les questions ordinaires du recensement.

Si les chiffres montrent qu’environ la moitié des répondants du Nord peuvent parler une langue autochtone « très bien ou relativement bien », c’est au Nunavut que les chiffres sont les plus élevés. Plus des trois quarts des Nunavummiuts autochtones affirment bien parler une langue autochtone et plus de 80 % d’entre eux peuvent en comprendre une.

Les autochtones du Yukon, eux, sont plus d’un tiers à ne pouvoir ni parler ni comprendre une langue autochtone. Aux Territoires du Nord-Ouest, moins de 15 % des personnes interrogées déclarent pouvoir bien parler leur langue.

Il est désormais possible de traduire un texte de ou vers l’inuktitut dans l’outil traducteur de Microsoft. (Marc Godbout/Radio-Canada)
Un fossé générationnel

Ces chiffres révèlent aussi les différences entre les générations. Au Nunavut, par exemple, alors que près de 95 % des plus de 55 ans parlent bien leur langue, moins de 60 % des 15-24 ans peuvent en dire autant.

Les Territoires du Nord-Ouest connaissent également un clivage générationnel. Trente-quatre pour cent des autochtones de plus de 55 ans peuvent bien parler leur langue, mais moins de 10 % des moins de 55 ans affirment la même chose.

Au Yukon la situation est encore plus préoccupante, avec moins d’un autochtone sur 20 parmi les 25 à 54 ans parlant couramment une langue native. Pratiquement personne de moins de 25 ans ne prétend pouvoir en parler une très bien.

Le succès des activités traditionnelles

L’enquête montre aussi que les activités traditionnelles sont toujours une part importante de la vie dans le Nord. Alors que près de 60 % des Autochtones du Nord déclarent avoir chassé, pêché ou piégé au cours des 12 derniers mois, les Nunavummiuts se distinguent encore puisqu’ils sont plus de la moitié à s’adonner à ces activités, contre 46 % aux Territoires du Nord-Ouest et moins du quart au Yukon.

Autre bonne nouvelle : aux Territoires, les jeunes générations étaient tout aussi susceptibles que leurs parents d’avoir chassé, pêché, piégé ou cueilli au cours de l’année écoulée.

L’enquête révèle aussi qu’il existe encore une forte division entre les sexes lorsqu’il s’agit de savoir qui exerce ces activités traditionnelles.

Les hommes sont plus nombreux à chasser, pêcher ou piéger, tandis que les femmes sont beaucoup plus nombreuses à cueillir des plantes ou à confectionner des vêtements. Mais les deux sexes ont également tendance à produire des bijoux, des sculptures ou d’autres objets d’art.

L’enquête conclut que ces activités traditionnelles ne sont pas très lucratives, ou du moins, ce n’est pas pour cela que les gens les pratiquent. Moins de 10 % des personnes interrogées déclarent qu’elles récoltent ou fabriquent des objets d’art pour compléter leurs revenus, la plupart se trouvant au Nunavut.

Avec les informations de John Last

Radio-Canada

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