Les Cris de la Baie-James travaillent à un nouveau partenariat économique avec Québec
Le grand chef de la Nation crie, Abel Bosum, croit que les astres s’alignent pour une paix des braves 2.0 évoquée par François Legault lors de la dernière campagne électorale québécoise. Des propositions élaborées par la nation crie concernant une telle entente de partenariat seront présentées bientôt au gouvernement du Québec, affirme le grand chef.
À peine quelques semaines avant le décès de Bernard Landry et sa victoire aux élections provinciales à l’automne 2018, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, avait avancé une paix des braves 2.0 lors d’un arrêt dans la circonscription d’Ungava, située dans le Nord québécois. Lors de cette annonce en pleine campagne électorale, celui qui allait devenir premier ministre avait promis de miser sur l’éducation et l’emploi. Est-ce qu’Abel Bosum, le grand chef de la Nation crie, croit à une nouvelle entente d’envergure entre la nation crie et Québec?
« Si le premier ministre Legault est intéressé à un projet qui va bénéficier au Québec en entier, si nous pouvons nous entendre sur ce qui sera proposé et sur un moyen de protéger à la fois l’environnement et le développement [des ressources], il pourrait certainement y avoir une paix des braves 2.0. », avance le grand chef Bosum. Il confirme d’ailleurs que son conseil travaille à élaborer des projets pour éventuellement les présenter au gouvernement québécois. Il espère pouvoir rencontrer le premier ministre Legault en décembre ou en janvier pour tâter le terrain à cet effet.
Sans vouloir s’avancer sur la forme que prendrait ce projet, le grand chef Bosum voudrait tout de même un meilleur partenariat avec Québec pour le développement du Nord. Il cite en exemple la présence de lithium dans la région. « Nous savons qu’il y a beaucoup de ressources sur le territoire. Il faut décider de ce que nous en ferons dans le futur. Pour l’instant, nous ne faisons qu’extraire les ressources naturelles pour ensuite les envoyer à l’étranger. »
La transformation sur place de ces ressources est donc une des initiatives qui pourraient être présentées au gouvernement dans les prochains mois. Le but serait de développer un projet relié aux ressources naturelles du territoire où à la fois Québec et les Cris seraient partenaires.
Intégrer la déclaration des Nations unies dans la loi
Questionné sur la possibilité de voir un jour le Québec emboîte le pas à la Colombie-Britannique quant à intégrer la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans sa législation, le grand chef Bosum estime que la volonté politique est là, mais qu’il faut s’assurer que les dispositions contenues dans un tel projet de loi soient applicables.
Prévenant que chaque province a ses spécificités, il compte garder à l’oeil le cours des choses en Colombie-Britannique pour déceler les différents écueils qui pourraient survenir d’ici à ce que les modalités de la Déclaration deviennent loi. « Le gouvernement de la Colombie-Britannique est le premier à s’essayer. Il faut commencer quelque part. »
Le grand chef Bosum note toutefois que le Québec pourrait partir avec une longueur d’avance, grâce aux dispositions de la paix des braves, qui recoupent plusieurs des recommandations de l’ONU. « Nous avons le contrôle de notre gouvernance, de notre éducation, de notre santé et de nos services sociaux. Nous contrôlons aussi notre système de justice et nos services policiers. »
Il reste à savoir si le gouvernement Legault désirerait s’inspirer de l’entente avec les Cris pour établir les balises d’un éventuel projet de loi. « La paix des braves est un succès exemplaire. Elle a aidé les deux parties dans l’établissement de nouvelles relations et dans l’évaluation de projets d’envergure », rappelle-t-il. « Je pense que les autres nations pourraient bénéficier de ce genre d’accord. »