Une « rivière de glace » se libère d’un glacier de l’Arctique russe, selon une étude

Un important courant de glace se libère depuis quelques années de la calotte d’un glacier de l’Arctique russe, ce qui risque de contribuer à la hausse du niveau des océans, conclut une récente étude américaine.
« Il s’agit du premier cas documenté qui porte sur la formation d’un courant glaciaire », affirme le chercheur à l’Université Cornell, aux États-Unis, et auteur principal de l’étude, Whyjay Zheng, par voie de communiqué.
Ses conclusions sont réunies dans une récente étude menée avec trois autres chercheurs affiliés à l’Université Cornell, à l’Université du Colorado à Boulder et à l’Université du Kansas.
Leur analyse (en anglais), parue le 21 novembre dans la revue scientifique Geophysical Research Letters, montre que la calotte glaciaire Vavilov, dans l’extrême-nord de la Russie, a perdu 9,5 milliards de tonnes de glace depuis 2013, soit environ 11 % de sa masse totale.
Lorsqu’ils ont entamé leurs recherches, en 2013, les scientifiques ont d’abord constaté une avancée rapide de cette calotte glaciaire, qui s’est poursuivie dans les années suivantes. « Après la percée glaciaire de 2013, le glacier a conservé un débit d’environ 1,8 km par an, une avancée rapide qui dure particulièrement longtemps pour ce type de phénomène », peut-on lire dans l’étude.
Entre les mois de juillet et août 2018, le courant glaciaire a atteint une avancée maximale de 25 mètres par jour dans l’océan Arctique.
Note: la calotte glaciaire Vavilov est située à l’ouest de l’île de la Révolution d’Octobre, dans l’Arctique russe.
Déséquilibre des courants océaniques
Selon l’étude, un courant glaciaire s’apparente à une rivière de glace et correspond à « un courant rapide de glace qui s’écoule à l’intérieur de la calotte glaciaire ».
L’importante quantité d’eau qui résulte de la fonte de cette calotte glaciaire risque de bouleverser l’équilibre océanique et les écosystèmes environnants, indique l’étude.
Selon les chercheurs, ce phénomène est tout à fait inhabituel pour cette région de l’Arctique qui est habituellement gelée durant la majeure partie de l’année. « Nous ne nous attendions pas du tout à faire ce constat », affirme Whyjay Zheng, qui est actuellement étudiant au doctorat en sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’Université Cornell.
Dans le passé, des courants glaciaires ont déjà été observés au Groenland et en Antarctique.
Même si plusieurs questions restent pour lui en suspens, le géophysicien et coauteur de l’étude Matthew Pritchard croit que les courants glaciaires sont probablement une conséquence des changements climatiques. « La calotte du glacier Vavilov avait été relativement épargnée par la hausse des températures, et pourtant, nous constatons maintenant un changement », mentionne-t-il.
Pour mener leurs recherches, les scientifiques se sont notamment appuyés sur des systèmes de modélisation, de l’imagerie satellite et des relevés de la station météorologique de l’île Golomyanny, qui est située à moins d’une centaine de kilomètres de la calotte du glacier Vavilov.
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