Une centaine d’étudiants dans l’Arctique canadien pour les 20 ans de Students on Ice

Pour sa vingtième édition, la fondation Students on Ice a vu les choses en grand avec une toute nouvelle route, la plus grande délégation de son histoire composée à moitié de jeunes Autochtones et des invités de marque.
La fondation a pour vocation de « sensibiliser les jeunes du monde entier à l’importance des régions polaires, les soutenir dans leur développement personnel et professionnel continu, ainsi qu’inspirer et catalyser les initiatives qui contribuent à la durabilité mondiale », indique son site web.
À l’été 2020, cette véritable classe à ciel ouvert emmènera environ 150 lycéens et étudiants universitaires de 25 pays différents pour un voyage de deux semaines. Ils largueront les amarres à Saint-Jean, la capitale de la province de Terre-Neuve et Labrador, dans l’est du Canada, et finiront leur expédition à Iqaluit, dans le Grand Nord canadien.
« Les régions polaires sont ces incroyables fenêtres sur le monde. Elles sont la pierre angulaire de l’écosystème mondial et, bien entendu, elles sont aujourd’hui en première ligne face aux changements climatiques et autres problèmes environnementaux », explique Geoff Green, président et fondateur de Students on Ice.
« Je les vois aussi comme ces symboles de tant de choses : la paix, la compréhension, le pluralisme, la science et toutes ces choses auxquelles nous voulons exposer notre jeunesse. »

La moitié des étudiants sélectionnés seront d’origine autochtone, a indiqué le président. Ces jeunes viendront du Canada, mais aussi de toutes les nations circumpolaires. Des Samis de Finlande et de Suède, des Inuit d’Alaska, des Inupiat, mais aussi des jeunes des Premières Nations Miꞌkmaq, Anishinaabe, Mohawk, ainsi que des jeunes de la côte ouest du Canada prendront part à cette expédition.
« La grande majorité des Autochtones sont des Inuit des cinq régions du Canada, mais aussi du Groenland et de l’Alaska », explique Green lors d’une entrevue téléphonique avec Regard sur l’Arctique.
À tous ces étudiants viendront s’ajouter 85 scientifiques, artistes, historiens, leaders d’opinion et innovateurs. Pour ce vingtième anniversaire, le groupe comptera notamment des célébrités de renommée nationale, mais aussi internationale.
Le prince Albert de Monaco, président honoraire de la fondation, sera ainsi à bord du navire pour une partie du trajet. Natan Obed, le président de l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente 65 000 personnes à travers le Canada, prendra aussi part au voyage aux côtés d’autres personnalités politiques qui doivent encore confirmer leur venue, indique Geoff Green.

Chaque jour, les membres de l’expédition s’arrêteront sur les côtes canadiennes et notamment dans des communautés autochtones. Ensemble, ils aborderont divers sujets touchant aux changements climatiques, à la prospérité des communautés, à la conservation des océans et à l’engagement des jeunes.
« Ce n’est pas comme une visite où nous sommes des étrangers qui débarquent », indique Green. « Nous sommes un bateau rempli de gens du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest qui vont dans ces communautés pour partager, écouter, s’amuser et donner autant que nous recevons. »

Accord spécial avec la réserve de la biosphère de Manicouagan-Uapishka
Au fil des années, Students on Ice a conclu plusieurs accords avec divers territoires et communautés à travers le Canada.
Parmi eux figure la réserve de la biosphère de Manicouagan-Uapishka. Reconnu par l’UNESCO depuis 2007, ce territoire du nord de la province du Québec a toujours cherché à développer ses partenariats, notamment avec Students on Ice.
« Les deux organisations sont sensibles à la formation et l’émancipation des jeunes, à la sensibilisation aux enjeux climatiques, à la question de la réconciliation avec les Autochtones et aux questions relatives à la nordicité », explique Eve Ferguson, conseillère et responsable des communications de la réserve.
L’accord entre les deux organisations permet à la réserve de sélectionner elle-même des candidats qui pourront participer à l’expédition. Pour cette édition, trois jeunes de la région âgés de 15 à 23 ans pourront monter à bord du navire. Pour être sélectionnés, les candidats doivent témoigner de leur intérêt à participer à un tel projet, et utiliser cette expérience pour promouvoir la réserve.
Vidéo: Retour sur l’expédition 2019 à laquelle trois étudiants venant de la réserve de la biosphère de Manicouagan-Uapishka ont participé.
« Un objectif que l’on poursuit avec une initiative comme celle-ci, c’est de former notre jeunesse locale, d’en faire des ambassadeurs des changements climatiques, de jeunes citoyens impliqués dans leur milieu », détaille Ferguson dans une entrevue téléphonique avec Regard sur l’Arctique.
Après six ans de collaboration, certains participants ont choisi de s’investir dans divers projets de la réserve. D’autres se sont tournés vers des causes environnementales, comme Élodie Poirier, participante à l’expédition 2019, qui a dirigé la marche pour le climat organisée dans la ville de Baie-Comeau à la fin 2019.
Certains ont aussi eu un impact à l’international, comme Noah, un jeune Innu qui a été invité par la Commission canadienne de l’UNESCO à venir témoigner de son expérience au neuvième forum des jeunes organisé par l’agence onusienne à Paris.
« De voir un jeune comme Noah, qui vient d’une communauté autochtone et qui n’avait, avant l’expédition en Arctique, jamais voyagé hors de sa communauté, s’exprimer devant un auditoire de plusieurs centaines de personnes à Paris, c’est quand même un succès inestimable », témoigne Eve Ferguson.

Considérant le trajet de ce voyage qui comprend de nombreux arrêts dans des communautés autochtones, la réserve espère attirer des candidats innus issus de la communauté de Pessamit, au sud de la réserve.
Les candidats issus de la réserve de la biosphère de Manicouagan-Uapis ont jusqu’au 1er mars 2020 pour s’inscrire et peut-être prendre part au vingtième anniversaire de Students on Ice.
De « nouvelles raisons d’espérer »
Pour le président et fondateur de Students on Ice, ces 20 années ont « apporté beaucoup de raisons d’espérer ».
« Au cœur de ce projet, il y a l’impact sur les jeunes et, par extension, sur leur façon d’être en retournant dans leur communauté, dans leur pays, de poursuivre des carrières et de mettre en œuvre de nouvelles entreprises et initiatives », explique Geoff Green.

En deux décennies, le programme a beaucoup évolué, explique son fondateur. Cette mission ne traite plus seulement de problèmes environnementaux, mais aussi de santé mentale, de géopolitique et des nombreux problèmes touchant la région de l’Arctique.
L’investissement humain de tous les membres de cette organisation représente la plus grande fierté du fondateur, pour qui les souvenirs des diverses expéditions resteront à jamais gravés dans sa mémoire.
« Qu’il s’agisse de regarder dans les yeux de baleines boréales ou de se tenir au sommet de glaciers fondant sous nos pieds, ou encore de vivre des moments très émouvants avec des jeunes et des aînés, ces vingt dernières années ont été marquées par de profonds changements à bien des égards pour toutes les personnes impliquées. »