Dans le Grand Nord, il faut dépenser beaucoup pour confectionner une bûche de Noël

Il en a coûté 18,38 $ pour confectionner cette bûche de Noël à Yellowknife, sans les décorations faites à partir de biscuits. Les noisettes de la recette originale de Mordu ont été omises, car elles n’étaient pas offertes dans toutes les épiceries du Grand Nord sondées aux fins de cet exercice.
(RADIO-CANADA / JULIE PLOURDE)

Préparer une bûche au chocolat avec ganache et chantilly au chocolat en suivant une recette du portail Mordu  coûte 30,60 $ à Iqaluit, au Nunavut, et 30,96 $ à Kuujjuaq, au Nunavik, selon des données recueillies par l’équipe d’ICI Grand Nord.

Dans les provinces canadiennes, le prix varie entre 14 et 15 $ pour le même gâteau, selon l’indice des prix à la consommation d’octobre 2023 de Statistique Canada.

C’est au Québec que la bûche est la moins chère à préparer, avec un coût total de 14 $. À 15,69 $, c’est en Colombie-Britannique qu’elle est la plus dispendieuse de toutes les provinces du sud du pays, selon ce calcul.

Prix de la préparation d’une bûche par province au Canada

L’ingrédient le plus cher pour la confection de cette bûche est le chocolat, dont il faut 350 g. À Iqaluit, au Nunavut, le chocolat de type Baker’s se vend 10,99 $ les 225 g. Coût total pour cette recette : 17,10 $.

À Kuujjuaq, au Nunavik, la même quantité de chocolat revient à 20,57 $.

Dans ces deux régions nordiques, le programme fédéral Nutrition Nord permet de réduire le prix de certains aliments expédiés par avion. Cependant, le chocolat n’en fait pas partie.

Pour obtenir un rabais à la caisse, les aliments doivent être nutritifs et périssables; pensons ici aux fruits et légumes, aux viandes et substituts, aux produits céréaliers et aux produits laitiers (y compris la crème).

À Kuujjuaq, le Programme visant les aliments et les produits de première nécessité, de l’Administration régionale Kativik (KRG), offre un rabais additionnel de 15 à 35 % sur les aliments, afin que leur prix se rapproche davantage de celui payé pour les mêmes aliments dans le sud du Québec.

Malgré la subvention de Nutrition Nord et le rabais de KRG à Kuujjuaq, 473 ml de crème à 35 % de matière grasse coûte 9,39 $ à Iqaluit, et 7,39 $ à Kuujjuaq. Le même contenant de crème coûte moins de 6 $ au Québec.

Des prix moins élevés à Yellowknife et à Dawson

Les habitants de Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, et de Dawson, au Yukon, s’en tirent un peu mieux. Les ingrédients nécessaires pour la recette de bûche de Mordu ont coûté 18,38 $ à Yellowknife et 19,78 $ à Dawson.

Encore une fois, c’est le chocolat et la crème qui font grimper la facture. À Yellowknife, la quantité de chocolat requise pour la recette exige une dépense de 10,87 $, et de 11,65 $ à Dawson.

Ce qui explique les prix plus abordables à Yellowknife ou à Dawson, c’est l’accès au réseau routier, qui fait diminuer le coût des denrées par rapport au transport par avion.

L’épicerie de Dawson, le Dawson City General Store. Tout comme Yellowknife, Dawson est accessible par la route, ce qui permet d’offrir des aliments un peu plus abordables en épicerie. Ces prix demeurent toutefois plus élevés que ceux payés par les Canadiens dans le sud du pays.
(RADIO-CANADA / CHRIS MACINTYRE)

Malgré tout, ces régions ont connu une hausse vertigineuse des prix au cours de la dernière année, comme partout au pays, en raison de l’inflation. C’est sans compter que le transport routier, même s’il revient moins cher que le transport par avion, exerce une pression supplémentaire sur les prix, surtout à Yellowknife, selon le consultant en alimentation de Yellowknife Kaven Paradis.

« À travers le Canada au complet, la route pour aller à Yellowknife, c’est celle qui coûte […] le plus cher », dit-il.

Celui qui a une formation en cuisine et qui a travaillé aux fourneaux de plusieurs restaurants à Yellowknife croit que les prix ne diminueront pas de sitôt : « Ça ne va pas arrêter demain matin. Les gens demandent de plus en plus à être payés plus cher. Le coût des bâtiments est de plus en plus [élevé]. Le coût de l’huile [de chauffage], du propane va toujours monter. Je pense qu’on est là-dedans pour un petit bout de temps. »

Sa recommandation? Cuisiner en grande quantité. « Comme chef cuisinier et père de famille, je fais de [grandes quantités] et je congèle […]. Il faut juste planifier un peu plus, penser à notre affaire, penser à notre argent. »

À plus de 30 $ la bûche, préparer ce dessert en grande quantité n’est donc pas une option envisageable. Malgré tout, ce petit luxe qu’on ne confectionne qu’une fois par année ne devrait pas faire exploser le budget réservé à l’épicerie.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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