Pond Inlet isolée pour comprendre comment la COVID-19 a atteint le nord-est canadien
Le gouvernement du Nunavut a confirmé vendredi qu’un premier cas de COVID-19 avait été enregistré au territoire.
La personne atteinte se trouve à Pond Inlet, une communauté d’environ 1600 habitants située dans le nord de l’île de Baffin.
Selon le médecin hygiéniste en chef, Michael Patterson, cette personne se porte bien et demeure en auto-isolement chez elle. Elle avait effectué un test de dépistage du coronavirus le 23 mars, après l’apparition de premiers symptômes de COVID-19.
Le gouvernement n’a pas voulu préciser si la personne atteinte avait effectué une quarantaine obligatoire dans un hôtel du sud du pays, mais il affirme tenter de retracer les personnes qui ont transité par l’aéroport d’Iqaluit dans les derniers jours.
« Nous ne savons pas encore comment cette personne a été infectée, a fait savoir le Dr Patterson. Nous avons entamé des recherches pour déterminer qui a été en contact avec cette personne. »
Le premier ministre Joe Savikataaq a tenu à lancer un appel au calme. « Personne ne mérite d’avoir honte et d’être blâmé en ce moment, a-t-il souligné. Nous allons passer au travers ensemble. »
Équipe d’intervention d’urgence
Les autorités indiquent qu’une équipe d’intervention d’urgence a été déployée dans la communauté en début d’après-midi jeudi. Elle compte notamment trois infirmiers qui maîtrisent les procédures relatives à la recherche de contacts.
« L’équipe va immédiatement mettre en place des mesures de confinement, débuter la recherche de contacts et faire un suivi de l’état de santé des personnes qui ont reçu la directive de s’auto-isoler », a-t-il précisé.
Une cargaison de masques en tissu doit par ailleurs être acheminée à la municipalité avant la fin de la journée, jeudi.
Depuis mercredi, le Dr Michael Patterson ajoute qu’environ vingt habitants de Pond Inlet ont été testés pour dépister le virus. Les tests ont été envoyés à Iqaluit où ils doivent être analysés en moins de 24 h.
Depuis le début de la pandémie, les tests de dépistage de la COVID-19 sont envoyés dans le sud du pays à des fins d’analyse, car le territoire ne dispose pas de laboratoires prévus à cet effet. Le Dr Patterson affirme que la technologie GeneXpert, conçue par l’entreprise américaine Cepheid, avait été mise en place à Iqaluit en cas d’éclosion de premiers cas.
Pond Inlet mise sur pause
Tous déplacements en partance et à destination de Pond Inlet sont interdits, à l’exception de ceux qui concernent la livraison de produits de base par cargo et les urgences médicales. Tous les commerces qui offrent des services jugés non essentiels sont par ailleurs fermés.
Les autorités maintiennent tout de même l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes, mais déconseillent fortement aux habitants de se réunir. « À Pond Inlet, nous voulons qu’il n’y ait aucun [rassemblement] », a insisté le Dr Patterson.
Les autorités sanitaires demandent aux personnes qui ont des symptômes d’appeler au 1-888-975-8601 et de ne pas se présenter en personne au centre de santé de Pond Inlet.
Des efforts de longue haleine
Au cours des dernières semaines, le gouvernement du Nunavut a tenté par tous les moyens de retarder l’apparition d’un premier cas, en particulier dans les communautés isolées qui souffrent d’un manque chronique d’infrastructures et de ressources de base.
Le médecin hygiéniste en chef a plusieurs fois rappelé que les autorités divulgueraient le nom de la communauté touchée par le nouveau coronavirus pour éviter de semer la panique dans l’ensemble du territoire.
Parmi les provinces et territoires du pays, le Nunavut était jusqu’à maintenant le dernier épargné par la COVID-19.