L’incertitude règne alors que les restaurants rouvrent dans le nord-ouest canadien

Au Yukon, les restaurants et cafés qui rouvrent vendredi devront faire preuve de beaucoup de discipline pour suivre les directives sanitaires du gouvernement. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Le gouvernement yukonnais autorise depuis vendredi la réouverture des restaurants sur le territoire, mais des restaurateurs disent manquer d’information malgré les directives qui leur ont été communiquées.

Vendredi, les restaurants et les cafés qui le souhaitent pourront rouvrir leurs portes aux clients. Après deux mois de fermeture ou de ventes à emporter, certains ont hâte de retrouver un semblant de normalité, mais d’autres sont perplexes et ne savent pas comment procéder.

Sur le site du gouvernement, les règles à suivre sont bien indiquées, mais en revanche, il y a peu d’explications sur leur application concrète.

C’est du moins ce que pense Antoinette Greenolyph, qui est la propriétaire et cheffe de Antoinette’s, un restaurant situé à Whitehorse.

« Je ne me sens pas à l’aise à l’idée d’ouvrir mes portes et laisser les gens manger à l’intérieur, même avec une capacité d’accueil réduite de 50 % », explique celle qui estime qu’il manque au gouvernement un plan concret pour la réouverture des restaurants.

La cheffe yukonnaise pense d’ailleurs ne rouvrir que sa terrasse, deux jours par semaine, sinon elle craint de ne pas rentrer dans ses frais.

Elle demandera aussi aux clients de réserver pour qu’elle puisse organiser ses services. Madame Greenolyph souhaite aussi tout de même soumettre un plan de réouverture pour l’espace intérieur, au cas où le temps viendrait à se gâter.

« Si je n’avais pas la terrasse, je ne pourrais pas rouvrir du tout. »Antoinette Greenolyph, propriétaire et cheffe du restaurant Antoinette's

Pour rouvrir, les restaurants et cafés doivent obtenir le feu vert des autorités et soumettre un plan dans lequel ils détaillent comment vont être appliquées les mesures sanitaires dans leur commerce. Le Centre opérationnel des urgences sanitaires a 48 heures pour l’approuver ou le rejeter.

Antoinette Greenolyph, dont le restaurant survit sur les ventes à emporter et les plats congelés depuis deux mois, pense tenir jusqu’à l’été, mais après, l’avenir est incertain.

Les choses n’ont pourtant pas été si catastrophiques pour elle ces deux derniers mois.

« Peut-être que je vais changer mon restaurant en empire de la nourriture surgelée, car jusqu’à maintenant, ça a bien fonctionné », plaisante-t-elle, reconnaissante envers les Yukonnais qui l’ont soutenue. Elle ne cache toutefois pas avoir perdu « beaucoup d’argent, comme tout le monde ».

Une saison « terminée »

Un peu plus au nord, à Dawson City, l’humeur est davantage morose. Le restaurateur Antonios Dovas, propriétaire du bar restaurant The Drunken Goat Taverna se sent démunit. « Je n’ai aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire, ma saison est finie », déplore-t-il.

Le restaurateur souhaitait rouvrir vendredi 29 mai, mais il ne se sent pas prêt, ni bien aiguillé. « J’ai un bar restaurant, je ne sais même pas si je vais pouvoir rouvrir la partie bar », s’inquiète-t-il.

Cette fermeture prolongée, depuis mi-mars l’inquiète. Il ne sait comment faire pour payer ses frais et affirme dépasser les 100 000 $ de dettes pour l’année en cours.

« Je regarde dehors et c’est mort, pire qu’à la saison hivernale. »Antonios “Tony” Dovas, propriétaire du restaurant-bar The Drunken Goat Taverna

« La mine et le tourisme, c’était ça qui me remplissait mon restaurant l’été, maintenant qu’aucun touriste n’a le droit d’entrer sur le territoire, cela signifie qu’il n’y aura pas plus de clients qu’en hiver », déplore l’entrepreneur dont le restaurant est ouvert depuis 19 ans.

L’homme s’inquiète aussi pour ses employés, qu’il ne peut plus payer. Il est d’ailleurs tout seul dans son restaurant, qui fait les ventes à emporter et dit ne pas dépasser la vente de cinq pizzas par jour. À ce stade, il ne sait pas s’il va poursuivre son activité à emporter ou s’il va complètement fermer son restaurant.

Les deux restaurateurs, au-delà de leurs commerces, disent pourtant se languir de revoir leurs clients, qu’ils considèrent tous deux comme une famille.

Si les deux rêvent de voir la normalité reprendre sa place dans le territoire, l’optimiste est difficilement de rigueur. « Au moins, ça n’est pas la guerre, il n’y a pas de bombe », tente de relativiser Tony Dovas.

Plus terre à terre, Antoinette Greenolyph, pense devoir patienter encore un bon moment avant les jours meilleurs tant espérés.

« Je pense qu’on ne va pas retourner à la normale avant au moins encore deux ans », confie celle pour qui la retraite approche et qui ne se voit pas rouvrir son restaurant avant qu’un vaccin n’ait été trouvé.

Avec les informations de Jane Sponagle

Laureen Laboret, Radio-Canada

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