Recruter plus de policiers autochtones dans le Nord du Québec : « un combat perpétuel »
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Le Corps de police régional Kativik assure vouloir embaucher plus d’agents inuit. (Michel Martin)
Acquisition de pistolets électriques, partenariat pour intégrer des policiers d’expérience : le Corps de police régional Kativik (CPRK), au Nunavik, ne prend pas à légère le récent rapport du coroner Éric Lévine. Selon son chef adjoint aux opérations, Jean-François Morin, la formation de policiers autochtones demeure toutefois un grand défi.
Dans son rapport sur la mort de David Sappa, le Bureau du coroner dénonçait la faible proportion de policiers inuit au sein du CPRK, le manque d’expérience des policiers et l’absence d’équipement adéquat, comme des armes intermédiaires.
Le policier déplore notamment le coût et la durée des formations.
Le programme de constable spécial autochtone permettait à des recrues de devenir agents de la paix en 12 semaines plutôt qu’en 45 semaines. Une fois leur formation complétée, les agents pouvaient patrouiller sur le territoire de leur communauté.
Le programme québécois en patrouille-gendarmerie nécessite 45 semaines de formation (30 semaines au niveau collégial puis 15 semaines à l’École nationale de police du Québec), mais permet de patrouiller partout au Québec.
L’École nationale de police du Québec dit avoir aboli le programme en 2014 à la demande des corps policiers autochtones du Québec, y compris le CPRK.
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Le directeur général de l’École nationale de police de Nicolet, Pierre Saint-Antoine. (Radio-Canada)
Le Corps de police régional Kativik nie toutefois avoir participé à cette démarche.
L’École nationale de police assure par ailleurs avoir à cœur le recrutement de policiers autochtones et confirme être en pourparlers avec le CPRK. Son directeur général estime que la remise sur pied du programme de constable spécial n’est pas nécessairement la bonne solution.
Formations sur place
Le chef adjoint du CPRK estime que plus les formations seront données sur place, plus le recrutement sera facilité.
« C’est 3000 $ de billet d’avion par personne » pour faire voyager un policier dans le Sud, souligne Jean-François Morin.
Le CPRK tente d’ailleurs d’obtenir une formation pour ses 90 policiers, à la suite de l’acquisition d’armes à impulsion électrique.
L’École nationale de police du Québec se dit ouverte à cette possibilité.
« Oui, il y a toujours possibilité d’envoyer un moniteur pour qu’ils puissent former des policiers ou encore faire venir un policier qui pourrait devenir ensuite instructeur », assure son directeur général.
Manque d’agents expérimentés
Outre l’utilisation d’armes intermédiaires, Me Lévine recommandait également d’embaucher des policiers plus expérimentés. Les trois policiers impliqués dans l’intervention ayant mené à la mort de David Sappa, en 2017, avaient entre 6 et 18 mois d’expérience.
L’embauche d’agents civils dans chacune des 14 communautés du Nunavik, une autre recommandation du coroner, est également dans les plans du corps de police, assure-t-il.
« Le chef [du CPRK] Jean-Pierre Larose avait déjà émis cette idée-là. On est en pourparlers avec la Sûreté du Québec. On est en train de cibler des gens dans les communautés. En situation de crise, peu importe si la personne parle anglais, elle sera toujours plus à l’aise dans sa langue maternelle, avec quelqu’un de sa culture », convient M. Morin.
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Le chef adjoint du Corps de police régional Kativik (CPRK), Jean-François Morin, dit avoir à coeur l’embauche de policiers inuit. On le voit ici en compagnie d’élèves d’une école de Kuujjuaq et de leur professeure. (Emmanuel Vignola/Radio-Canada)
Arrivé à Kujuuaq pour ce qui devait n’être que quelques mois il y a 20 ans, Jean-François Morin est finalement resté au Nunavik. Il est actuellement basé à Puvirnituq.
Le CPRK a d’ailleurs instauré une formation obligatoire qui vise à sensibiliser les policiers à la culture inuit.
« On explique la culture inuit, comment marchent les premiers contacts et pourquoi il peut y avoir de la méfiance envers la police », explique le chef adjoint.
« S’il y avait eu d’autres outils, des armes intermédiaires, pour lesquelles on se bat depuis des années, ça aurait peut-être été différent. Je peux vous assurer qu’on met tous les efforts qu’on peut pour éviter des choses comme ça », insiste Jean-François Morin.