Une forte croissance économique, mais peu de retombées dans les territoires du Nord canadien
Les prévisions économiques pour les trois territoires s’annoncent bien au-delà de la moyenne nationale, selon le Conference Board du Canada, mais les retombées risquent de ne pas se faire ressentir localement puisque bon nombre des emplois créés sont pourvus par des non-résidents.
Le Conference Board estime que la croissance économique moyenne des trois territoires se chiffrera à 5,3 % cette année, à 4,4 % l’an prochain et à 1,5 % entre 2021 et 2025.
La directrice de la prévision économique de l’organe de réflexion, Marie-Christine Bernard, affirme qu’en comparaison, les prévisions de croissance pour l’ensemble du Canada sont de 1,5 % pour cette année et de 1,9 % pour l’an prochain.
L’économiste affirme que ce sont les projets miniers du Yukon et du Nunavut qui expliquent cette forte prévision économique, tandis que les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O) verront plutôt un déclin à long terme en raison de la fermeture de certaines mines de diamant.
Des revenus dépensés ailleurs au pays
Marie-Christine Bernard explique toutefois que les emplois du secteur minier sont en bonne partie occupés par des travailleurs qui n’habitent pas les territoires et qui font plutôt la navette entre leur province de résidence et leur lieu de travail.
Les revenus engendrés par cette croissance économique pourraient ainsi se traduire par un exode des revenus des particuliers plutôt qu’un enrichissement de l’assiette fiscale des gouvernements locaux.
Bien que les minières du Nunavut tentent d’embaucher localement, souligne l’économiste, l’absence d’institution de formation ainsi que l’isolement géographique des sites miniers empêchent les résidents locaux d’accéder aux emplois générés.
Incidence sur les services publics des T.N.-O.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, la fermeture anticipée de deux des trois mines de diamant aura également comme conséquence, selon le Conference Board du Canada, un exode des travailleurs dont les salaires contribuent présentement au financement des services publics.
« Souvent, les gens qui [partent] parce que l’activité économique est moins intéressante sont les plus jeunes travailleurs, alors ils ne contribueront plus à l’activité économique, dit Marie-Christine Bernard. Mais les gens qui demeurent dans le territoire sont souvent plus âgés et ne travaillent plus, ce qui fait des pressions pour le secteur public au niveau des services de santé. »
Et en raison de leur petite taille, poursuit l’économiste, les projets miniers Nico et Prairie Creek, actuellement en développement, ne suffiront pas à compenser la perte d’emplois dans les mines de diamant.
La directrice de la prévision économique affirme que les projets d’infrastructure publics viennent souvent faire le poids dans la croissance économique des territoires, mais qu’aucune annonce récente ne permet de croire que ce sera le cas dans les mois à venir.