Une forte croissance économique, mais peu de retombées dans les territoires du Nord canadien

La production de la mine Meadowbank, de l’entreprise Agnico Eagle, a débuté en 2010 au Nunavut. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Les prévisions économiques pour les trois territoires s’annoncent bien au-delà de la moyenne nationale, selon le Conference Board du Canada, mais les retombées risquent de ne pas se faire ressentir localement puisque bon nombre des emplois créés sont pourvus par des non-résidents.

Le Conference Board estime que la croissance économique moyenne des trois territoires se chiffrera à 5,3 % cette année, à 4,4 % l’an prochain et à 1,5 % entre 2021 et 2025.

La directrice de la prévision économique de l’organe de réflexion, Marie-Christine Bernard, affirme qu’en comparaison, les prévisions de croissance pour l’ensemble du Canada sont de 1,5 % pour cette année et de 1,9 % pour l’an prochain.

« Les prévisions économiques pour les territoires sont plus volatiles que pour les autres provinces, parce qu’elles dépendent beaucoup du secteur minier. […] Ce qu’on observe, c’est que les prévisions sont très positives pour les territoires dans les prochaines années. »

Marie-Christine Bernard, directrice de la prévision économique, Conference Board du Canada

L’économiste affirme que ce sont les projets miniers du Yukon et du Nunavut qui expliquent cette forte prévision économique, tandis que les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O) verront plutôt un déclin à long terme en raison de la fermeture de certaines mines de diamant.

La mine Ekati, située au nord-est de Yellowknife, exploite le diamant depuis 1998. (Dominion Diamond Corporation)
Des revenus dépensés ailleurs au pays

Marie-Christine Bernard explique toutefois que les emplois du secteur minier sont en bonne partie occupés par des travailleurs qui n’habitent pas les territoires et qui font plutôt la navette entre leur province de résidence et leur lieu de travail.

Les revenus engendrés par cette croissance économique pourraient ainsi se traduire par un exode des revenus des particuliers plutôt qu’un enrichissement de l’assiette fiscale des gouvernements locaux.

« On observe qu’une bonne proportion des emplois sont occupés par des travailleurs non résidents des territoires, alors bien souvent, ils ne dépensent pas leurs revenus dans les territoires. Ce n’est pas nécessairement très favorable pour la croissance économique dans le territoire si les gens ne dépensent pas leurs revenus à même l’endroit où ils travaillent. »

Marie-Christine Bernard, directrice de la prévision économique, Conference Board du Canada
La coulée du premier lingot d’or de la mine Meliadine, près de Rankin Inlet, représente le début de la production commerciale du site en développement depuis plus d’une décennie. (Agnico Eagle Mines Limited)

Bien que les minières du Nunavut tentent d’embaucher localement, souligne l’économiste, l’absence d’institution de formation ainsi que l’isolement géographique des sites miniers empêchent les résidents locaux d’accéder aux emplois générés.

Incidence sur les services publics des T.N.-O.

Dans les Territoires du Nord-Ouest, la fermeture anticipée de deux des trois mines de diamant aura également comme conséquence, selon le Conference Board du Canada, un exode des travailleurs dont les salaires contribuent présentement au financement des services publics.

La salle d’urgence du nouvel hôpital Stanton, à Yellowknife, aux T.N.-O., peut accueillir presque deux fois le nombre de patients de l’ancien hôpital. (Walter Strong/Radio-Canada)

« Souvent, les gens qui [partent] parce que l’activité économique est moins intéressante sont les plus jeunes travailleurs, alors ils ne contribueront plus à l’activité économique, dit Marie-Christine Bernard. Mais les gens qui demeurent dans le territoire sont souvent plus âgés et ne travaillent plus, ce qui fait des pressions pour le secteur public au niveau des services de santé. »

Et en raison de leur petite taille, poursuit l’économiste, les projets miniers Nico et Prairie Creek, actuellement en développement, ne suffiront pas à compenser la perte d’emplois dans les mines de diamant.

La directrice de la prévision économique affirme que les projets d’infrastructure publics viennent souvent faire le poids dans la croissance économique des territoires, mais qu’aucune annonce récente ne permet de croire que ce sera le cas dans les mois à venir.

Claudiane Samson, Radio-Canada

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