Nunavut : le Collège de l’Arctique n’acceptera pas d’étudiants en enseignement à l’automne
Le programme d’enseignement du Collège de l’Arctique du Nunavut n’acceptera pas de nouvelles admissions cet automne; une décision qui soulève des inquiétudes puisque la formation offerte doit contribuer à rendre l’éducation bilingue en langue inuit sur le territoire.
Le Collège a annoncé mardi sa décision de ne pas accepter de nouveaux étudiants de première année dans son Programme de formation des enseignants du Nunavut (PFEN).
Plusieurs futurs étudiants qui avaient soumis leur candidature ont appris la nouvelle la semaine dernière dans une lettre de l’établissement invitant plutôt à postuler dans un autre programme d’enseignement.
Ce programme bilingue d’enseignement primaire et secondaire est porteur d’espoir en matière de revitalisation de la langue inuit au territoire. Il forme chaque année des enseignants bilingues capables d’enseigner l’inuktut, le terme employé pour désigner la langue inuit.
Manque de ressources d’enseignement
La présidente intérimaire du Collège de l’Arctique, Rebecca Mearns, admet que la décision de ne pas accepter de nouveaux étudiants dans ce programme cet automne n’est pas idéale.
Le programme repose sur un partenariat entre le Collège de l’Arctique et l’Université Mémorial de Terre-Neuve depuis une entente bilatérale conclue entre les deux établissements d’enseignement en 2019.
Selon Rebecca Mearns,la suspension abrupte des cours au printemps causée par la crise sanitaire n’a pas permis aux étudiants de quatrième année de décrocher leur diplôme.
Elle explique que le Collège de l’Arctique ne dispose pas de ressources suffisantes pour achever la formation de ces étudiants, en plus de constituer une nouvelle cohorte de première année.
« L’impact sera considérable »
Le président de l’Association des enseignants et enseignantes du Nunavut, John Fanjoy, a du mal à contenir son mécontentement.
D’après lui, une telle décision aura des effets irréversibles sur la préservation de la langue inuit au territoire.
Dans son projet de loi 25, le gouvernement du Nunavut s’est fixé comme objectif de parvenir à unsystème d’éducation bilingue dans toutes les écoles d’ici à 2039et d’ici à 2026 pour les élèves de la maternelle à la première année.
Il évalue entre 30 % et 35 % la proportion actuelle d’enseignants inuit dans le système d’éducation.
« La grande majorité de ces enseignants sont des diplômés du PFEN », affirme M. Fanjoy.
Il ajoute que le gouvernement territorial devra mettre les bouchées doubles pour parvenir à son objectif à temps.
« Il faut investir plus dans le PFEN, accepter plus d’étudiants et ainsi permettre à un plus grand nombre de personnes de décrocher leur diplôme. »
Dans un échange de courriels, mercredi, le ministère de l’Éducation confirme avoir été mis au courant de la décision du collège et indique travailler avec son administration pour « s’assurer que les besoins du système d’éducation du Nunavut sont comblés. »
Avec les informations de Jackie Mckay