De la Bretagne au Yukon : 20 ans de jumelage et un avenir prometteur entre la France et le Canada

Depuis 20 ans, chaque année le quatrième lundi du mois d’août, les villes de Whitehorse et de Lancieux, en France, célèbrent un jumelage en l’honneur du poète Robert Service. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Les villes de Whitehorse, au Yukon, et de Lancieux, en France, célèbrent cette année le 20e anniversaire du jumelage créé à la mémoire du poète Robert Service, qui a vécu dans les deux endroits.

L’initiative a été lancéedans le cadre de l’arrivée du nouveau millénaire et vise à marquer l’apport des francophones à l’histoire du Yukon.

Grand aventurier, le poète Robert William Service a marqué par sa poésie l’histoire du Yukon avant de passer de nombreuses années en Bretagne. (Photo fournie)

Bien qu’Écossais de naissance, Robert William Service a marqué par son oeuvre littéraire tant le territoire canadien que la côte bretonne où il est décédé. D’ailleurs, les écoles primaires de Dawson et de Lancieux portent son nom.

L’héritage francophone

Yann Herry, l’instigateur et président à l’époque de l’Association franco-yukonnaise (AFY), se souvient que ce projet se voulait dès le départ une initiative communautaire avec la Ville de Whitehorse pour mettre en valeur l’apport historique des francophones.

Le Franco-Yukonnais Yann Herry est l’instigateur du jumelage entre les villes de Whitehorse et de Lancieux, en France, où a vécu le célèbre poète Robert Service. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« À l’Association, on cherchait à trouver ce qui aurait une envergure internationale et qui rapprocherait les anglophones et les francophones, et j’ai pensé à Robert Service. » Yann Herry, instigateur du jumelage entre Whitehorse et Lancieux

Depuis, l’historien et éducateur a fait fructifier l’initiative, accompagnant à plusieurs reprises des délégations d’élèves yukonnais et d’autres personnalités du territoire vers son pays d’origine.

Le maire de Whitehorse, Dan Curtis, a participé à l’un de ces voyages et en garde un souvenir mémorable. L’initiative est particulièrement riche et continue de l’être, affirme-t-il.

« J’aimerais voir ce jumelage et ces échanges entre jeunes se poursuivre et voir ce lien se solidifier. J’aimerais aussi voir plus de panneaux interprétatifs en français dans la ville pour souligner le lien avec la communauté francophone. » Dan Curtis, maire de Whitehorse
Un jumelage porteur de l’oeuvre du « barde » du Yukon

L’arrière-petite-fille de Robert Service, qu’on a surnommé le barde du Yukon, se consacre depuis quelques années à faire revivre l’oeuvre de son aïeul.

Charlotte Service-Longépé a profité de ce jumelage pour aller fouler le sol qui a inspiré les histoires de son enfance en 2016.

« Découvrir Robert Service est par la même occasion [découvrir] le Grand Nord canadien. » Charlotte Service-Longépé, arrière-petite-fille de Robert Service
L’arrière-petite-fille de Robert Service, Charlotte Service-Longépé, a profité d’un passage à Dawson en 2016 pour visiter la cabane qui a logé le poète, aujourd’hui site historique de Parcs Canada. (Charlotte Service-Longépé)

Après une première biographie romancée de Robert Service, la jeune femme est sur le point de publier une anthologie en anglais des poèmes les plus connus de l’écrivain et quelques citations favorites avec les commentaires d’une dizaine de personnes, dont Yann Herry.

« Ce jumelage, c’est un peu comme si c’était un vieil ami que je connaissais depuis 20 ans […] qui m’a vu grandir et que j’ai retrouvé avec grand plaisir chaque été parce que chaque été, c’est les vacances à Lancieux et, au mois d’août, c’était le lever du drapeau. » Charlotte Service-Longépé

Les célébrations annuelles du quatrième lundi du mois d’août ne pourront toutefois avoir lieu cette année en raison des restrictions sanitaires en place dans les deux municipalités, mais les drapeaux des municipalités flotteront chez leur jumelle. La Ville de Whitehorse a par ailleurs préparé unevidéo pour l’occasion.

La maire de Lancieux, Delphine Briand, n’a pas encore eu la chance de se rendre au Yukon, mais témoigne de l’engouement de ses concitoyens qui ont fait le voyage.

La mairie de Lancieux procède tous les ans au lever du drapeau de la Ville de Whitehorse sur son parvis. (Charlotte Service-Longépé)

« Pour ceux qui ont eu la chance d’y aller, ils reviennent émerveillés et ils sont enthousiasmés et enthousiasment les futurs qui pourraient s’y rendre […] surtout de l’accueil qu’on leur a réservé. » Charlotte Service-Longépé

Elle aussi croit que ce lien est porteur d’avenir et souhaitable, surtout pour les jeunes.

« Il y a une coopération éducative à avoir et je pense que les échanges seront riches. Pouvoir se rendre au Yukon pour les jeunes Français, et pour ceux du Yukon, de venir. » Charlotte Service-Longépé
Vers un partenariat éducatif France-Yukon?

Le consul général de France pour l’Ouest canadien, Philippe Sutter, croit beaucoup au potentiel d’unpartenariat en éducation entre le Yukon et la Franceavec ce lien qui existe déjà entre les deux régions, et les partenariats semblables en Colombie-Britannique et en Alberta.

« Ces 20 dernières années, on a pu, grâce à ce jumelage, réaliser de très belles opérations, des échanges scolaires réguliers, des stages professionnels de jeunes Français et Françaises […] et c’est bien cela que nous souhaitons renforcer aujourd’hui. » Philippe Sutter, consul général de France pour l’Ouest canadien

De passage au Yukon l’an dernieravec une délégation de l’Ambassade de France, le consul voit l’occasion de reprendre les discussions pour un partenariat officiel avec le gouvernement du Yukon.

Le consul général de France à Vancouver, Philippe Sutter, espère conclure une entente avec le Yukon pour des échanges entre étudiants ou jeunes professionnels. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Pourquoi pas ne pas signer un accord de collaboration éducative pour la première fois entre le Yukon et une académie en France qui pourrait être l’académie de Rennes, donc celle de la Bretagne? C’est pour nous l’occasion de marquer l’importance de la francophonie dans nos relations entre la France et le Canada. » Philippe Sutter, consul général de France pour l’Ouest canadien
Au-delà des espérances

Yann Herry, qui a fait sa carrière en éducation au Yukon, admet que cette initiative de jumelage a donné des résultats bien au-delà de ce qu’il s’était imaginé.

« La Ville de Whitehorse est de plus en plus impliquée [dans ce jumelage] et il y a plus de 150 Yukonnais et Français qui ont marché sur les pas de Robert Service ici au Yukon ou en Bretagne. » Yann Herry

Selon l’actuelle présidente de l’AFY, Jeanne Beaudoin, ce jumelage a de fait réussi à rapprocher la Ville et la communauté francophone.

« On a vu la relation entre la Ville et la communauté prendre une direction positive […] Le projet « Aux sources de la francophonie » avait pour but un jumelage avec Lancieux, mais aussi de faire en sorte de reconnaître la contribution des francophones au développement du Yukon […] Je suis optimiste face à l’avenir avec ce jumelage. » Jeanne Beaudoin, présidente de l’Association franco-yukonnaise (AFY)

Claudiane Samson, Radio-Canada

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