Dans la course pour l’Arctique, le Groenland s’inquiète pour sa sécurité

Le navire d’inspection danois P571 Knud-Rasmussen est photographié en train de sauver un navire coincé dans la glace. Depuis 2006, nombreux sont les bateaux qui s’aventurent, parfois sans s’annoncer, dans les eaux du Groenland. (Kim Moller Pettersen/Forces armées danoise/Reuters)
Trouver un équilibre entre garder les tensions à un bas niveau et être prêt en cas de menace : voilà le défi qu’essaie de relever le Groenland, ce territoire semi-autonome géré par le Danemark et où les récentes incursions de navires étrangers non annoncés dérangent.

Le principal problème demeure qu’il est difficile de voir ce qui se passe aux abords de l’île, qui couvre plus de 2 millions de mètres carrés.

En effet, le Groenland est en grande partie une calotte glaciaire avec un littoral rocheux de 44 000 km, soit plus long que l’équateur. Il est caché par une obscurité presque totale pendant les mois d’hiver.

Sous ses roches et sa glace se trouvent d’abondantes ressources de minéraux et de métaux terrestres rares utilisés dans des équipements allant des téléphones intelligents aux véhicules électriques en passant par les avions militaires.

Le sol contient aussi de l’uranium et de vastes ressources potentielles de pétrole et de gaz naturel. De quoi attiser la convoitise.

En plus de ses ressources, l’île est une fenêtre stratégique dans la course à la conquête spatiale. La base militaire aérienne la plus septentrionale des États-Unis se trouve à Qaanaaq.

C’est l’un des rares endroits au monde ayant accès à des satellites en orbite autour des pôles, assurant ainsi la couverture du globe qui est essentielle pour les prévisions météorologiques, la recherche et le sauvetage et la recherche sur le climat.

Incursions non annoncées

À plusieurs reprises, depuis 2006, des navires étrangers sont apparus de manière inattendue ou sans respecter les protocoles nécessaires dans les eaux que le Danemark, un pays membre de l’OTAN, cherche à défendre, selon des résidents du Groenland et des sources militaires au Danemark et aux États-Unis.

Pour commencer, la Chine et la Russie se montrent de plus en plus dans la région, et après que le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré l’an dernier que « le moment est venu pour l’Amérique de se dresser en tant que nation arctique et pour l’avenir de l’Arctique », l’activité militaire s’intensifie.

La Chine, qui s’est autoproclamée « proche de l’Arctique » en 2018, a déclaré vouloir construire des infrastructures et participer à la gouvernance de l’Arctique, tout en disant respecter la souveraineté des pays de la région.

Un brise-glace chinois a notamment été aperçu par une résidente en août 2017, alors que les autorités n’avaient pas été mises au courant de sa venue.

La présence des alliés occidentaux s’intensifie également, Américains en tête.

Le patrouilleur danois P571 Ejnar-Mikkelsen navigue dans le nord du Canada. (Lars Bogh Vinther/Forces armées danoise/Reuters)

Selon la ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen, le royaume ne doit pas être naïf devant ce qui se joue dans la zone. Elle affirme notamment que la Russie essaie de limiter le droit à la libre navigation dans les eaux internationales.

Cette remarque, l’ambassadeur russe au Danemark, Vladimir Barbin, la balaie cependant du revers de la main et rejette la faute sur les États-Unis qui, selon lui, souhaitent diviser les États de l’Arctique.

Une surveillance qui laisse à désirer

Si certaines régions arctiques sont relativement bien couvertes par les satellites et les radars, ce n’est pas le cas du Groenland, qui ne possède qu’un avion, quatre hélicoptères et quatre navires de surveillance.

En 2019, le gouvernement danois a promis d’augmenter les dépenses militaires au Groenland avec un paiement de 1,5 milliard de couronnes danoises (314 millions de dollars canadiens) pour la surveillance, sans que l’on connaisse les détails de la façon dont va être dépensé cet argent.

En 2006, un couple a repéré un sous-marin alors qu’il chassait dans le sud de l’île. Leur description correspondait à un modèle russe. Niels Erik Sorensen, qui dirigeait à l’époque le Commandement arctique du Danemark, affirme que c’était la première fois qu’un sous-marin russe était vu depuis la fin de la guerre froide.

Le vaisseau a été mentionné dans un rapport de 2016 sur la défense arctique du Danemark, qui affirme, en toute franchise, qu’il n’y a pas d’accès à « une image cohérente » de la situation dans la zone de responsabilité de son commandement arctique.

L’espace aérien et les activités sous le niveau de la mer n’étant pas surveillés, le rapport estime qu’il « n’est pas possible d’évaluer si des violations de la souveraineté ont lieu dans les airs. Ainsi, aucune violation délibérée de l’espace aérien n’a été constatée ».

Le gouvernement danois tente néanmoins de trouver un équilibre, puisqu’il sait qu’il ne pourra jamais totalement surveiller le Groenland.

C’est cet équilibre qui s’est avéré, au fil des ans, délicat à atteindre, puisque même des alliés, membres de l’OTAN, débarquent sans s’annoncer dans ces eaux sombres.

Cela tend à faire monter la tension d’un cran aux abords de l’île, même si le ministère danois de la Défense soutient que les alliés s’efforcent de renforcer le partage des informations.

Avec les informations de Reuters

Radio-Canada

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