Pour une rare fois, Justin Trudeau a parlé de son père lors d’un séjour au Nunavut

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, et P.J. Akeeagok, premier ministre du Nunavut, ont discuté des crises qui touchent le territoire, notamment celle du logement. (CP/Dustin Patar)

Justin Trudeau a passé sa dernière journée au Nunavut en montant à bord d’un traîneau mené par une meute de huskies. Il était accompagné du premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, et d’Aluki Kotierk, cheffe d’une organisation territoriale qui défend les droits des Inuit.

«Le Nunavut peut nous laisser sans voix. Cet endroit, ces terres et les gens qui vivent ici possèdent quelque chose de très particulier. Je me souviens m’en être rendu compte quand mon père m’a amené dans le Nord, il y a de nombreuses années.»

Le premier ministre évoque rarement son défunt père en public, mais il l’a fait trois fois au cours de son voyage à Iqaluit. Il a reconnu l’impact de ces voyages sur sa vie, affirmant à une foule de membres de la communauté rassemblés pour un festin jeudi soir qu’ils «ont contribué à façonner son amour pour le Canada».

«C’est incroyable d’être de retour ici», a mentionné M. Trudeau avant de rencontrer M. Akeeagok à l’Assemblée législative du territoire vendredi matin.

Son plus jeune enfant, Hadrien, âgé de 9 ans, était aussi présent. M. Trudeau a déclaré que son fils a été invité pour découvrir le caractère unique du Nord, ajoutant que son père, l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, avait fait de même pour lui.

«J’ai ressenti un amour extraordinaire pour cette partie du monde, qui m’a été transmis et que je voulais le transmettre à Hadrien à mon tour. Nous n’oublierons jamais ces moments ni la page d’histoire dont nous avons été témoins ici», écrit Justin Trudeau sur sa page Facebook.

Un grand pas vers l’autodétermination

Le but de son séjour était de signer, jeudi, l’accord qui prévoit qu’Ottawa transfère au gouvernement du territoire les pouvoirs relatifs à l’ensemble des terres et des eaux publiques, dans le cadre d’un processus connu officiellement comme le «transfert des responsabilités au Nunavut».

Le transfert des responsabilités en matière de gestion des terres est en cours depuis 2008, lorsque le gouvernement territorial a convenu d’un protocole de négociation avec le gouvernement conservateur de l’ancien premier ministre Stephen Harper.

Après des années de négociations, le territoire a conclu un accord de principe avec le gouvernement de Justin Trudeau, en 2019.

Le premier ministre Akeeagok estime que l’accord final rapproche le territoire de son rêve d’autodétermination et place, désormais, les décisions concernant ses ressources naturelles, y compris l’extraction des minéraux, entièrement entre les mains du territoire et de celles des Inuit qui y vivent.

Le territoire a signé le 18 janvier, avec Ottawa, une entente sur le transfert des responsabilités liées aux terres et aux ressources. Cette dévolution des pouvoirs ouvre la voie à un territoire géré par et pour les Inuit, une vision qui se concrétise près de 25 ans après la création du territoire. Julie Plourde a assisté à la cérémonie à Iqaluit. (CP/Dustin Patar)

Le premier ministre et d’autres espèrent également que l’accord aidera à générer des revenus supplémentaires et qu’il créera de nouveaux emplois dans le plus jeune des trois territoires du Canada, créé en 1999.

Les parties ont convenu d’achever officiellement le processus de transfert au cours des trois prochaines années, pour le terminer d’ici avril 2027.

Les enjeux socio-économiques du territoire

Vendredi, Justin Trudeau et P.J. Akeeagok se sont rencontrés pour discuter des prochaines étapes de l’accord, puisque le territoire doit affronter une série d’autres défis et de crises, notamment une grave pénurie de logements, qui a entraîné des années de surpeuplement et une hausse du coût de la vie aggravée par l’inflation.

L’approvisionnement en eau est actuellement insuffisant pour faire face à la croissance de la population dans la capitale. Il y a aussi des problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie.

Cependant, le ton général de la visite officielle était celui de la célébration de l’accord et de la mise en valeur des occasions qui s’offriront au territoire, ont souligné les deux premiers ministres.

Les deux hommes ont d’ailleurs partagé des rires à l’arrière du traîneau. Pour couronner la visite de M. Trudeau vendredi, M. Akeeagok lui a montré un igloo qu’un groupe d’hommes inuit étaient en train de construire à l’entrée d’un parc territorial.

Il a dit au premier ministre que la façon dont la structure est construite, bloc par bloc, souligne l’importance de chaque élément qui la compose, mais aussi l’importance d’avoir une solide fondation.

M. Trudeau a été invité à l’intérieur de l’igloo pour participer à l’empaquetage d’un dernier bloc, qu’il a aidé à tailler. «Tout est beau», a lancé le premier ministre du Canada en se dirigeant vers l’intérieur. «Nous allons pouvoir travailler.»

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