Réserve faunique de l’Arctique : des groupes veulent bloquer la vente des baux

Les groupes qui veulent empêcher la vente des baux de la Réserve faunique nationale de l’Arctique pensent que le troupeau de caribous de la Porcupine pourrait souffrir de l’exploitation pétrolière et gazière de la région. (US Fish and Wildlife Service via The Associated Press)
Des groupes autochtones et de protection de la nature ont demandé à un juge fédéral américain d’empêcher l’administration Trump de délivrer des baux pétroliers et gaziers dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique située en Alaska.

Les groupes veulent que le juge rende sa décision avant le 6 janvier, date prévue par l’administration Trump pour la vente des baux.

Ils affirment que leur délivrance et la prospection sismique prévue devraient être interrompues en attendant la résolution de leurs revendications contestant la pertinence des examens environnementaux sur lesquels sont basés les plans de vente et de prospection.

Karlin Itchoak, directeur de la Wilderness Society en Alaska, fait savoir dans un communiqué que la « poursuite implacable d’une vente de bail et la destruction de la plaine côtière de la Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR) » par l’administration Trump ont forcé les groupes à demander une injonction.

Le Bureau américain de la gestion des terres avait annoncé au début du mois de décembre son intention d’organiser la vente des baux le 6 janvier, deux semaines avant l’entrée en fonction du président désigné, Joe Biden, qui s’oppose au forage dans la région.

Un processus de vente « précipité »

En novembre, l’agence avait annoncé un délai de 30 jours pour que les parties puissent proposer ou faire des commentaires à propos des terres qui pourraient être disponibles dans le cadre d’une vente. La date de transaction a toutefois été annoncée avant la fin de la période de commentaires, et les groupes ont qualifié le processus de précipité.

La Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR) en Alaska abrite notamment le troupeau des caribous Porcupine. Selon les Gwich’in, les forages pétroliers dans la zone auront des conséquences catastrophiques sur la faune locale. (Associated Press/U.S. Fish and Wildlife Service)

Depuis des années, les dirigeants politiques de l’Alaska font pression pour que la plaine côtière de la réserve soit ouverte à l’exploration. Mais les Gwich’in se sont opposés au développement, en soulevant les inquiétudes concernant les conséquences sur les caribous, dont ils dépendent pour leur subsistance.

Les groupes environnementaux ont également combattu le forage dans le refuge.

« Aujourd’hui, nous avons demandé à la cour de mettre fin à cette violation des droits de l’homme et à la profanation des terres sacrées. Demain, et le jour suivant, et un nombre infini de jours après cela, nous nous battrons comme nos ancêtres l’ont fait pour protéger les terres qui nourrissent le troupeau de caribous de la Porcupine et notre peuple. »Bernadette Demientieff, directrice générale du Comité directeur Gwich'in
Des banques canadiennes disent non

Cette injonction intervient le lendemain du jour où la Banque Scotia a rejoint d’autres grandes banques canadiennes pour annoncer qu’elle ne financerait pas les forages dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique.

Cela signifie qu’aucune des cinq « grandes banques » du Canada ne financera une entreprise ayant des projets d’exploration pétrolière dans l’ANWR.

« Le fait que toutes les grandes banques canadiennes s’opposent à cette décision envoie un message sur l’ampleur du soutien, au Canada, pour la protection de la réserve et indique aux compagnies pétrolières que, même si elles parviennent à obtenir des baux avant que l’administration actuelle ne quitte ses fonctions, elles auront du mal à trouver des financements. »Malkolm Boothroyd, coordinateur de la section du Yukon de la Société canadienne pour la nature et les parcs

Boothroyd ajoute qu’une autre campagne vise à empêcher les compagnies d’assurance d’assurer toute activité des entreprises dans l’ANWR.

L’Alaska contre-attaque

Pour s’octroyer un levier de pression, le gouverneur républicain de l’Alaska, Mike Dunleavy, a annoncé lundi que son administration pensait présenter un projet de loi exigeant que les agences de l’État mettent fin aux liens avec les institutions financières qui refusent de financer l’exploitation du pétrole et du gaz en Alaska.

Même si M. Dunleavy n’a pas donné plus de détails sur le texte, il affirme que sa proposition a pour objectif de « protéger l’économie locale ».

« Il n’est pas logique que l’Alaska permette aux institutions financières de bénéficier largement des activités financières de l’Alaska d’une part, tout en travaillant contre nos intérêts d’autre part. »Mike Dunleavy, gouverneur républicain de l'Alaska

Cette annonce a été vivement critiquée par le groupe environnementaliste Alaska Wilderness League.

Il soutient que les projets pétroliers et gaziers très coûteux dans les régions reculées de l’Arctique n’attirent plus les investisseurs à cause des « réalités du changement climatique, car il existe des occasions plus lucratives dans les énergies renouvelables ou les gisements de pétrole non conventionnel dans le sud ».

Avec des informations de AP et CBC

Radio-Canada

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