La justice américaine bloque un projet pétrolier au large de l’Alaska
Une cour d’appel américaine a rejeté lundi l’approbation conditionnelle de l’administration Trump pour un projet de forage pétrolier dans les eaux arctiques fédérales au large de l’Alaska.
La cour d’appel des États-Unis pour le neuvième circuit a notamment estimé que le gouvernement avait enfreint les critères environnementaux exigés par la loi sur la politique environnementale nationale.
Le projet Liberty de Hilcorp Alaska consiste à construire et exploiter une île artificielle de forage et un gazoduc sous-marin dans la mer de Beaufort. Liberty a suscité une vive opposition suite au risque de déversement de pétrole qu’il induit, menaçant de fait les ours polaires et les communautés arctiques.
Dans leur conclusion, les trois juges avancent que le Bureau de gestion des océans « a agi de manière arbitraire et capricieuse en omettant de quantifier les émissions résultant de la consommation de pétrole étranger », ou du moins en manquant d’expliquer correctement son incapacité à le faire et « les recherches sur lesquelles il s’est basé ».
Ils ont également conclu que l’agence s’était appuyée sur un rapport biologique « erroné et illégal » du ministère américain de la Pêche et de la Faune qui manquait en partie d’informations sur les impacts du projet sur les ours polaires de la région, peut-on lire dans le rapport.
« C’est une immense victoire »
Le procès a été intenté par plusieurs organismes environnementaux dont le Centre pour la diversité biologique, les Amis de la Terre, Greenpeace, Defenders of Wildlife et Pacific Environment, tous représentés par Earthjustice.
« C’est une immense victoire pour les ours polaires et notre climat », a déclaré par voie de communiqué Kristen Monsell, directrice juridique des océans au Centre pour la diversité biologique.
BREAKING: In response to a lawsuit brought by the Center and allies, the U.S. Court of Appeals for the 9th Circuit just rejected Trump's approval of the first offshore oil-drilling development in federal Arctic waters. Read: https://t.co/0zhU8FSOSH pic.twitter.com/JZnMFEQPvU
— Center for Bio Div (@CenterForBioDiv) December 7, 2020
L’organisme Defenders of Wildlife a également souligné la décision selon laquelle le ministère de la Pêche et de la Faune avait violé la loi sur les espèces menacées d’extinction en n’analysant pas de manière adéquate les effets du projet sur les ours polaires.
« La nouvelle d’aujourd’hui est une victoire pour les ours polaires d’Alaska qui sont menacés par l’exploitation pétrolière et gazière dans pratiquement tous leurs habitats terrestres essentiels ─ dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique, la Réserve nationale de pétrole de l’Alaska, ainsi que dans l’environnement marin proche du rivage », a déclaré Nicole Whittington-Evans, directrice du programme Alaska de Defenders of Wildlife.
Mme Whittington-Evans fait notamment référence à la lutte actuelle qui oppose les peuples autochtones et organismes environnementaux à l’administration Trump au sujet de l’exploitation pétrolière dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique.
Les ONG environnementales espèrent désormais que le prochain gouvernement de Joe Biden tiendra sa promesse électorale de mettre fin à toute nouvelle concession de pétrole et de gaz sur les terres et les eaux fédérales.
Si c’est le cas et que le projet ne se concrétise pas sous la nouvelle administration, l’industrie du pétrole serait prête à aller devant les tribunaux, a toutefois déclaré Kara Moriarty, directrice de l’Association du pétrole et du gaz de l’Alaska.
« [Le projet] devra retourner au Bureau de gestion des océans pour être retravaillé, ce qui ajoutera du retard et de l’incertitude, à un moment où l’Alaska pourrait utiliser le plus grand nombre possible de projets en cours pour nous permettre de retrouver une certaine forme de reprise économique », a-t-elle indiqué à Anchorage Daily News.