Norvège : Equinor reporte un important projet d’exploitation pétrolière dans l’Arctique
Le géant pétrolier norvégien Equinor met sur pause son projet d’investir dans l’exploitation du champ pétrolier de Wisting, en mer de Barents, citant des difficultés dans les chaînes d’approvisionnement, une hausse des coûts et les incertitudes économiques actuelles.
Ce gisement est situé au large des côtes, à environ 300 km au nord de la région de Hammerfest, dans l’Arctique norvégien. Il s’agit du projet d’exploitation situé le plus au nord parmi tous les gisements exploités en Norvège.
Le potentiel pétrolifère du site avait été confirmé ces dernières années lors d’explorations. On estime la taille du gisement à environ 500 millions de barils.
« Dans notre évaluation d’investissement mise à jour pour le projet, nous constatons une augmentation des coûts en raison de l’augmentation de l’inflation mondiale et de la croissance des coûts dans l’industrie de l’approvisionnement à l’échelle nationale et internationale. Il existe également une incertitude quant aux conditions entourant le projet et à la capacité d’exécution dans le marché des fournisseurs. Sur la base d’une évaluation globale, nous choisissons de reporter la décision d’investir », affirme Geir Tungesvik, vice-président directeur d’Equinor, Projets, forage et approvisionnement, dans un communiqué diffusé jeudi.
L’entreprise cite aussi les effets de la guerre en Ukraine et le contexte du marché de l’énergie comme facteurs ayant contribué à cette décision.
Le nouveau coût du projet réévalué est de 104 milliards de couronnes (près de 14 milliards de dollars canadiens). Il s’agit d’une hausse marquée par rapport au coût initialement prévu de 60 à 75 milliards de couronnes.
Le projet restera donc en suspens pendant quatre ans. Equinor réévaluera la possibilité d’aller de l’avant dans ce chantier en 2026, précise l’entreprise.
« Beaucoup de gens ont travaillé dur pour réaliser [le projet de] Wisting, et la décision est exigeante », ajoute M. Tungesvik.
Depuis des années, des organisations environnementales comme Greenpeace et Les Amis de la Terre mettent fortement en garde contre le forage dans la région, arguant qu’un déversement pourrait gravement nuire aux écosystèmes marins dans cette zone.
Ces organisations estiment aussi que l’exploitation du gisement constituerait en quelque sorte une « bombe climatique » qui ajouterait des millions de tonnes de GES au bilan carbone mondial.
Greenpeace et d’autres organisations environnementales criaient d’ailleurs victoire jeudi à la suite de cette annonce. « Ce sont d’excellentes nouvelles, pour le climat, pour la nature et pour la transition énergétique », affirme Frode Pleym de Greenpeace Norvège.
Un projet majeur
Equinor et ses partenaires, soit Aker BP, Petoro et INPEX Idemitsu, devaient soumettre leurs plans de développement aux autorités gouvernementales en décembre. Le gouvernement aurait pu donner son feu vert à l’exploitation l’an prochain.
Plus tôt cette année, l’Agence norvégienne pour l’environnement avait déclaré qu’Equinor n’avait pas pu démontrer qu’il était possible d’extraire du pétrole à Wisting toute l’année dans les conditions difficiles de l’Arctique de façon sécuritaire.
Equinor et ses partenaires arguaient quant à eux qu’ils pouvaient développer le site de Wisting d’une manière respectueuse de l’environnement.
Cette mise sur pause des plans d’exploitation est un revers pour le gouvernement norvégien, qui comptait sur ce grand projet pour créer des emplois dans le nord du pays.
« Je suis heureux qu’Equinor dise qu’elle n’annule pas ses plans de développement, mais qu’elle les reporte », a néanmoins déclaré le ministre norvégien du Pétrole et de l’Énergie, Terje Aasland, à l’agence Reuters.
Avec les informations de Reuters