Les impacts environnementaux de la pandémie observés depuis l’espace
L’apparition de la Covid-19 a radicalement changé le quotidien de millions de personnes à travers le monde. Les multiples restrictions en matière de santé et de sécurité ont obligé les populations à rester chez eux à la maison. Selon des données satellitaires recueillies avant et pendant la pandémie par la Nasa, les nouveaux comportements ont déjà modifié l’environnement, notamment sur le pouvor réfléchissant de la neige.
Les chercheurs de la Nasa, mais aussi ceux de l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS) et de l’Agence spatiale européenne, ont présenté leurs observations lors d’une conférence de presse virtuelle qui s’est déroulée le 7 décembre dans le cadre de la réunion d’automne 2020 de l’Union américaine de géophysique.
Les experts ont d’ailleurs constaté que l’environnement évolue rapidement, et le moment où ces changements se produisent semble indiquer que la crise sanitaire pourrait en être la cause. À ce titre, la Nasa indique sur son site internet que les taux de déforestation changent dans certains endroits, la pollution de l’air diminue, la qualité de l’eau s’améliore et la neige devient plus réfléchissante dans certaines zones depuis l’apparition de la pandémie au début de l’année 2020.
Pour mener à bien leurs recherches, les experts ont utilisé les données de télédétection afin d’examiner en détail comment le monde s’est modifié pendant la crise sanitaire. Ils ont par exemple comparé les informations provenant des dernières télédétections à celles d’avant l’arrivée de la pandémie grâce aux images tirées des satellites Landsat de la Nasa, de l’USGS et des satellites Sentinel-2 de l’Agence spatiale européenne.
La Nasa précise que les images satellites prises de juin à septembre montrent une réduction de la pollution environnementale dans plusieurs endroits du globe. En Inde, les activités industrielles comme l’extraction et le broyage de la pierre pour les projets de construction ont ralenti ou cessé à cause des fermetures imposées par les autorités sanitaires du pays.
Les mesures de l’aire de surface et les données infrarouges thermiques de Landsat ont montré que les niveaux de pollution de l’air avaient diminué. Toujours en Inde, une récente étude a confirmé que la concentration de particules fines polluantes avait baissé d’environ un tiers à un quart du niveau pré-pandémique.
Un certain nombre de scientifiques se sont penchés sur les effets de la crise sanitaires sur leur domaine de recherche. C’est le cas de Ned Bair, spécialiste de la neige à l’Université de Californie à Santa Barbara. Il étudie depuis des années la neige dans le bassin de l’Indus, un réseau de chaînes de montagnes et de rivières entre l’Inde, la Chine et le Pakistan et qui fournit de l’eau à plus de 300 millions de personnes.
« Une fois que le confinement a commencé en Inde, j’ai immédiatement pensé qu’il aurait un impact sur le manteau neigeux », a-t-il déclaré Ned Bair à la Nasa.
En effet, avec moins de pollution dans l’air due à la réduction significative des déplacements et de l’activité industrielle durant la pandémie, le spécialiste a constaté que la neige dans l’Indus était sensiblement plus propre.
De son côté, Nima Pahlevan, scientifique au Goddard Space Flight Center de la Nasa, s’est penchée sur l’impact de la pandémie sur la qualité de l’eau dans plusieurs régions des États-Unis. Elle a ainsi pu observer une meilleure qualité de l’eau à New York sur l’île de Manhattan.
Lorsqu’en mars dernier la ville de New York a imposé à la population un ordre de confinement, une grande partie des habitants de Manhattan ont commencé à travailler à domicile ou ont quitté la ville, a expliqué Nima Pahlevan. « Les données satellitaires ont montré une baisse de plus de 40 % de la turbidité des eaux pendant la pandémie dans une section de l’Hudson », a-t-elle ajouté.
Mais pour la scientifique, la qualité de l’eau ne durera probablement pas. « Nombre des améliorations environnementales constatées par les chercheurs ne dureront pas si le monde revient à ses habitudes pré-pandémiques », a-t-elle conclu.
Avec les informations de la Nasa