COVID-19 : Comment la pandémie a fragilisé la recherche scientifique dans l’Arctique

Une équipe de chercheurs dans l’Arctique. (Esther Horvath/Alfred-Wegener-Institut)
L’arrivée en mars 2020 de la pandémie due au COVID-19 a bouleversé la planète. Elle n’a pas non plus été sans conséquence grave sur la recherche en Arctique, nous rappelle l’organisme The Arctic Institute. Les impacts continuent d’ailleurs d’être nombreux comme l’impossibilité pour les scientifiques de mener leurs travaux dans une région perturbée par les changements climatiques.

Devant les mesures sanitaires strictes imposées par la pandémie, la très grande majorité des recherches ont donc été interrompues en 2020. Plusieurs raisons à cela, explique sur ton site internet The Arctic Institute, un organisme basé à Washington.

En premier lieu, les chercheurs venus du sud ne veulent par propager le virus au sein des communautés autochtones du Grand Nord, les populations vulnérables aux maladies et qui se retrouvent souvent en manque de ressources sanitaires et financières. Et puis, les conditions extrêmes en Arctique obligent les scientifiques à travailler dans une très courte période, généralement dans une fenêtre de quelques semaines en été.

« L’annulation du travail sur le terrain permet d’éviter de nombreux nouveaux cas de COVID-19, car les membres de l’équipe de recherche travaillent généralement en étroite collaboration, tant sur les sites d’observation qu’à bord des navires de recherche. »

La pandémie est venue complexifier le travail des scientifiques sur le terrain, en particulier sur le plan logistique. La recherche dans l’Arctique est souvent le fruit d’une collaboration étroite entre plusieurs domaines par exemple l’océanographie, la météorologie ou la biodiversité. Autan d’expertises reportées à cause de l’arrêt de la coopération internationale et de la participation des communautés autochtones.

Le biogéochimiste Patric Simões Pereira (à gauche) et l’océanographe Adela Dumitrascu (à droite) effectuent de l’échantillonnage sur la banquise arctique en decembre 2019 pendant la deuxième phase de la mission scientifique MOSAiC. (Esther Horvath/Alfred-Wegener-Institut)

Les mesures sanitaires ont aussi mis à l’arrêt les expéditions sur mer. Le virus a même obligé la mission MOSAiC – le brise-glace allemand Polarstern en missions dans les glaces de l’Arctique pendant un an – à rebrousser chemin pour effectuer un changement d’équipage.

De son côté, l’important projet EastGRIP, basé depuis cinq ans au Groenland et axé sur les changements climatiques, a suspendu le forage de la glace en 2020. Les circonstances sanitaires ont obligé de nombreuses équipes scientifiques à s’adapter à la pandémie dans un court laps de temps ayant des impacts importants sur travail.

Quasiment paralysée, la recherche scientifique des régions polaires pourrait ainsi être durablement ralentie par le manque d’analyses et d’observations, avance The Arctic Institute qui précise que la collecte de donnée à long terme demeure cruciale afin d’expliquer l’évolution de la Terre.

« Pour comprendre les processus mondiaux, tels que le changement climatique, et pour élaborer des scénarios climatiques, les scientifiques ont besoin d’informations sur les changements annuels du temps. Sans ces données, ils ne sont pas en mesure de faire des prévisions correctes pour l’avenir ni d’aider les populations locales dans leur vie quotidienne. »

D’autres effets négatifs de la pandémie sur la recherche sont également à prévoir. « L’annulation des projets axés sur la surveillance des risques naturels tels que les inondations, les incendies de forêt, le dégel du pergélisol entraîne des retards dans les travaux des systèmes locaux d’alerte d’urgence dans l’Arctique », indique l’organisme.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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