Vente de parcelles de la réserve faunique de l’Arctique en Alaska

Selon les Gwich’in, le troupeau de caribous de la Porcupine risque de disparaître si des forages ont lieu dans la réserve faunique nationale de l’Arctique. (Rick Bowmer/Associated Press)
Le Bureau américain de la gestion des terres a dévoilé les offres de la mise aux enchères des parcelles de la réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR) en Alaska. Mardi, une juge américaine a refusé de retarder la tenue de la vente après la demande d’injonction de groupes autochtones et environnementaux.

Selon les groupes d’opposition, la vente de ces baux a été fondée sur des examens environnementaux inadéquats ou des informations obsolètes. Ils avaient demandé à la Cour de district des États-Unis pour l’Alaska de suspendre la vente en attendant la résolution de poursuites sous-jacentes.

La juge Sharon Gleason a refusé d’accorder une injonction en indiquant que les groupes « n’ont pas établi qu’ils sont susceptibles de subir un préjudice irréparable imminent », puisque la vente elle-même ne déclenchera pas l’exploration immédiate du terrain.

La décision indique qu’une évaluation environnementale plus approfondie sera nécessaire et que le forage exploratoire ne pourrait pas commencer avant au moins deux ans.

Les 13 groupes environnementaux, dirigés par le comité directeur des Gwich’in, cherchaient également à bloquer tout essai sismique dans la réserve. Comme l’injonction a été refusée, ces travaux, qui impliquent la circulation de camions sur la toundra gelée, pourront se poursuivre cet hiver.

La réserve faunique nationale de l’Arctique s’étend sur 77 000 kilomètres carrés au nord de l’Alaska. Le Bureau américain de la gestion des terres propose la vente de 4553 kilomètres carrés de terrain à des exploitants pétroliers et gaziers.

Selon le gouvernement américain, la vente est conforme à une loi signée par le président Donald Trump en 2017.

Les critiques affirment que l’administration Trump tente de précipiter le processus avant que le président élu, Joe Biden, ne prenne ses fonctions, dans deux semaines.

Déception chez les Gwich’in

À travers les années, de nombreux groupes environnementaux et autochtones comme les Gwich’in se sont portés à la défense de la plaine côtière d’ANWR, qui compte certaines des plus grandes réserves de pétrole terrestres inexploitées d’Amérique du Nord.

Après la décision de la juge, mardi, la présidente du comité directeur des Gwich’in, Bernadette Demientieff, a indiqué que cette défaite devant un tribunal était décevante, mais qu’il ne s’agissait en aucun cas de la fin d’une longue bataille.

Bernadette Demientieff est la présidente du comité directeur des Gwich’in. (Chad Brown)

« C’est une terre sacrée pour les Gwich’in », explique-t-elle. « C’est notre mode de vie, et nous n’allons permettre à personne d’entrer et de détruire notre mode de vie. Ce sont nos enfants qui devront vivre avec [cette] destruction. »

« C’est une mauvaise nouvelle, mais cela ne nous empêchera pas de nous battre pour la protéger. »Bernadette Demientieff, présidente du comité directeur des Gwich'in

Les Gwich’in et les Inupiaq ainsi que d’autres groupes comme les Inuvialuit dépendent du troupeau de caribous de la Porcupine, qui utilise le refuge arctique comme lieu de mise bas, depuis des milliers d’années. Le nom gwich’in de la plaine côtière du refuge arctique est Iizhik Gwats’an Gwandaii Goodlit, qui se traduit par « le lieu sacré où la vie commence ».

Selon le site web du Bureau américain de gestion des terres, la plaine côtière du refuge arctique est très prometteuse pour les ressources pétrolières et gazières, avec une estimation de 4,25 à 11,8 milliards de barils de pétrole récupérables théoriquement.

Les groupes qui veulent empêcher la vente des baux de la réserve faunique nationale de l’Arctique pensent que le troupeau de caribous de la Porcupine pourrait souffrir de l’exploitation pétrolière et gazière de la région. (The Associated Press)
Le dévoilement des offres

L’intérêt des entreprises pour le forage dans la région restait incertain avant le dévoilement des offres, mercredi. Selon la présidente et directrice générale de l’Alaska Oil and Gas Association, Kara Moriarty, les entreprises préfèrent taire leurs intentions pour des raisons de concurrence.

Selon Malcolm Boothroyd, qui travaille sur la campagne de protection d’ANWR depuis des années avec la Société pour la nature et les parcs du Canada, le silence des entreprises pétrolières sur leurs intentions avant mercredi est lié au succès de la campagne demandant aux grandes banques de s’engager à ne pas financer le forage dans la réserve.

« Il y a beaucoup de signes d’avertissement pour les compagnies pétrolières », dit-il.

Il ajoute qu’il veut continuer à s’’opposer au forage dans la réserve et dit espérer que l’administration Biden saura mieux écouter les préoccupations des Autochtones et des environnementalistes.

Avec des informations de l’Associated Press et de Philippe Morin

Radio-Canada

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