COVID-19 : les plans de relance économique auraient un impact négatif sur l’Arctique

Les communautés nordiques des pays arctiques ne profitent pas des plans de relance économique. (Maja Hitij/Getty Images)
Les pays du cercle arctique ont injecté jusqu’à présent quatre milliards de dollars dans des mesures de relance budgétaire liés à la pandémie de COVID-19, mais seulement une infime partie de cette somme a profité aux communautés du Grand Nord, révèle un récent rapport dévoilé par le programme arctique du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Le rapport publié en anglais sous le titre Left out in the cold: COVID-19 green stimulus and jobs in the Arctic a décortiqué les impacts environnementaux des différents programmes de relance des huit pays de l’Arctique que sont le Canada, la Finlande, l’Islande, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Russie et les États-Unis.

Ce qu’on y constate, c’est qu’une grande partie des investissements dans cette région vulnérable aux bouleversements climatiques ne sont pas parvenus à ouvrir la voie à un développement durable à long terme ni à favoriser la création d’emplois dits « verts ».

« Ce que nous voyons dans l’Arctique est un miroir de ce que nous voyons dans le monde entier en matière de relance verte. Les gouvernements investissent davantage dans le soutien aux industries du passé que dans les emplois de demain. »Dan Aylward-Mills, responsable chez Vivid Economics
Un bulldozer déblayant une route enneigée au village russe de Sabetta situé dans le cercle polaire. (Kirill Kudryavtsev/AFP/Getty Images)

À ce titre, le directeur du programme arctique du WWF, Peter Winsor, rappelle que les populations continuent de s’inquiéter des risques que cette pandémie fait peser sur leur santé personnelle et leur sécurité économique.

« Ces risques sont encore plus graves pour les habitants de l’Arctique, car ils sont également confrontés quotidiennement aux menaces d’un climat en rapide évolution », précise Peter Winsor.

« Nous espérons que ce rapport aidera les gouvernements à adapter leur financement de relance COVID-19 afin de soutenir un véritable développement économique durable dans l’Arctique d’une manière qui profite directement aux populations et à la nature. »Peter Winsor, directeur du programme arctique du WWF

Les auteurs du rapport stipulent que les plans de relance auront probablement un impact environnemental négatif sur l’Arctique. Un exemple, les gouvernements qui encouragent les investissements dans les activités pétrolières et gazières augmenteront les risques liés au changement climatique, ce qui causera des dommages environnementaux à long terme, indique-t-on.

« La Suède est le seul pays dont le plan de relance Covid-19 aura un impact positif net sur l’environnement arctique, explique Peter Winsor. Et l’ensemble de leurs mesures présente également le plus grand potentiel de création d’emplois verts dans la région. »

Le chantier de construction d’un nouvel hôtel de glace dans le village de Jukkasjarvi, près de Kiruna, en Laponie suédoise. (Jonathan Nackstrand/AFP/Getty Images)
« Les mesures de relance offrent aux autorités l’occasion de proposer un développement et des investissements plus durables dans l’Arctique. La Suède et la Norvège ont soutenu les éleveurs de rennes en assouplissant les restrictions aux frontières et les quarantaines. D’autres pays restaurent des zones humides pour lutter contre les changements climatiques ou fournissent des fonds pour soutenir le tourisme de nature et des infrastructures plus écologiques. »Jan Dusik, spécialiste en chef du développement durable au sein du programme arctique du WWF

Plusieurs communautés autochtones – comme celle des Samis – ont d’ailleurs partagé leurs préoccupations quant aux mesures de relance qui ont augmenté les investissements dans les industries minières, pétrolières et gazières.

Même la construction des routes et autres infrastructures d’énergies vertes (les parcs éoliens) peut perturber les écosystèmes et les économies de subsistance, en particulier l’élevage de rennes.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *