Les Groenlandais aux urnes le 6 avril
Le Parlement du Groenland, territoire autonome danois aux confins de l’Atlantique Nord, a fixé mardi soir au 6 avril la date des élections législatives anticipées, épilogue de la crise politique qu’a traversée la plus grande île du monde.
La loi sur l’organisation du nouveau scrutin a été adoptée à l’unanimité par les 27 députés présents, sur les 31 que comptent l’Inatsisartut, le Parlement local.
Elle marque la fin du gouvernement de Kim Kielsen, du parti social-démocrate Siumut, à la tête du pays depuis décembre 2014.
L’ouverture début février de consultations publiques sur le gisement de terres rares et d’uranium de Kvanefjeld (Kuannersuit en groenlandais) à l’extrême sud a déclenché une crise politique qui a provoqué la chute du gouvernement et l’a privé de sa majorité à l’Inatsisartut.
D’abord favorable au projet d’exploitation qui représenterait une manne fiscale, le Siumut a adopté une ligne plus réservée depuis novembre et l’élection à sa tête d’Erik Jensen à la place de Kim Kielsen, qui restait jusqu’à présent chef du gouvernement.
En avril 2018, ce parti, qui domine la vie politique groenlandaise depuis 1979, avait remporté une victoire étriquée aux législatives battant Inuit Ataqatigiit (IA), formation gauche-verte, désormais donnée gagnante par les sondages, avec 13 sur les 31 sièges du Parlement.
IA est opposé à toute extraction d’uranium. Cette nouvelle échéance électorale pourrait donc retarder le processus de décision sur la mine de Kvanefjeld et à terme l’enterrer.
Le Groenland a l’indépendance en ligne de mire, mais cette émancipation par rapport au Danemark – à laquelle Copenhague n’est pas opposé – priverait le territoire des généreux subsides danois, quelque 526 millions d’euros par an, qui constituent un tiers de son budget.
La diversification de son économie, qui repose essentiellement sur la pêche, un secteur représentant 90 % des exportations groenlandaises, sera un thème central de la campagne, au côté de la santé et des problématiques sociales.