Le Collège de l’Arctique du Nunavut formera davantage d’enseignants en langue inuit

Le Programme de formation des enseignants du Nunavut (PFEN) du Collège de l’Arctique du Nunavut sera accessible dans 12 nouvelles communautés d’ici à 2023. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Ottawa a promis au gouvernement du Nunavut environ 12,3 millions de dollars pour former un plus grand nombre d’enseignants en langue inuit au Collège de l’Arctique.

L’enveloppe, annoncée lundi, vise à élargir le Programme de formation des enseignants du Nunavut (PFEN) qui forme chaque année des enseignants bilingues capables d’enseigner l’inuktut, le terme employé pour désigner la langue inuit.

« Nous nous attendons à augmenter le nombre de communautés qui offrent le programme de formation des enseignants à travers le territoire, affirme le ministre de l’Éducation », David Joanasie, en entrevue avec Radio-Canada.

Le ministère de l’Éducation et son ministre David Joanasie n’ont pas encore choisi les nouvelles communautés où sera offert le programme. (Matisse Harvey/Radio-Canada)

Le PFEN est actuellement offert dans neuf communautés du territoire, dont Iqaluit, Coral Harbour et Kugaaruk, selon le ministère de l’Éducation.

Le gouvernement territorial compte le rendre accessible dans douze nouvelles communautés d’ici à 2023, dont quatre au cours de l’année 2021-2022 et huit autres en 2022-2023.

Le ministère n’a toutefois pas encore choisi les nouvelles communautés où sera offert le programme.

« Nous sollicitons les administrations scolaires de district pour voir s’il y a un certain appétit de la part des communautés qui n’offrent pas le programme. »David Joanasie, ministre de l’Éducation du Nunavut

La somme annoncée lundi vise ultimement à mettre en œuvre le chapitre 23 de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut qui consiste à s’assurer que la proportion d’Inuit au sein de la fonction publique soit représentative de celle qu’ils occupent à l’échelle de la population territoriale. Les Inuit représentaient environ 85 % de la population en 2016, selon Statistique Canada.

L’enveloppe fédérale s’ajoute à un investissement de 42 millions de dollars sur cinq ans promis en 2019 par le ministère du Patrimoine canadien pour renforcer l’inuktut au Nunavut.

La langue inuit est en déclin depuis les dernières années. En 2016, le dernier recensement de Statistique Canada rélevait que la langue inuit était la langue maternelle de 65 % de la population du Nunavut, contre 72 % en 2001. (Kate Kyle/CBC)
Mettre les bouchées doubles

Le programme bilingue d’enseignement primaire et secondaire PFEN est porteur d’espoir en matière de revitalisation de la langue inuit au territoire puisqu’il doit contribuer à rendre l’éducation bilingue en langue inuit au territoire.

« Nous faisons face à un manque d’enseignants inuit parlant l’inuktut », rappelle la présidente de l’organisme Nunavut Tunngavik Inc., Aluki Kotierk.

Elle se dit « très satisfaite » des ressources supplémentaires promises pour renverser cette tendance et croit que le gouvernement territorial est sur la bonne voie pour atteindre son objectif de rendre le système d’éducation bilingue en langue inuit à tous les niveaux d’ici à 2039.

Pour répondre aux nouvelles exigences de la Loi sur l’éducation et la Loi sur la protection de la langue inuit, le ministère de l’Éducation devra disposer de 450 enseignants bilingues en inuktut d’ici à 2039.

Le ministère de l’Éducation en comptait 267 dans ses rangs en novembre 2019, période à laquelle remontent ses chiffres les plus récents.

Le territoire fait face depuis plusieurs années à une pénurie d’enseignants bilingue en langue inuit. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Si le PFEN ne forme qu’en moyenne 10 à 15 enseignants bilingues en inuktut chaque année, le ministre David Joanasie se montre tout de même convaincu d’atteindre son objectif à temps.

« Avec l’annonce de financement de cette semaine, nous espérons avoir 170 diplômés supplémentaires d’ici les cinq prochaines années. »David Joanasie, ministre de l’Éducation du Nunavut

Le président de l’Association des enseignants et enseignantes du Nunavut, John Fanjoy, voit d’un bon œil l’élargissement du programme d’enseignement d’ici les deux prochaines années.

« Nos élèves méritent un programme d’éducation bilingue de la maternelle à la 12e année adéquatement financé qui ne peut être atteint que si des enseignants inuit bilingues intègrent notre système [d’éducation] et s’ils bénéficient du soutien de leur employeur tout au long de leur carrière », affirme-t-il, dans un échange de courriels.

Une dernière année difficile

Le PFEN reprend tranquillement du poil de la bête, mais il ne s’est pas toujours trouvé en bonne posture.

Il a traversé une période difficile, au mois d’août, lorsque le Collège de l’Arctique du Nunavut a annoncé qu’il n’accepterait pas de nouveaux étudiants de première année, faute de personnel enseignant.

La suspension abrupte des cours au printemps 2020 causée par la crise sanitaire n’a pas permis aux étudiants de quatrième année de décrocher leur diplôme.

L’établissement ne disposait pas des ressources suffisantes pour achever la formation de ces étudiants en plus de constituer une nouvelle cohorte.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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