Dans le Grand Nord canadien, réactions et surprise face aux résultats du vote au Yukon
Alors qu’on attend toujours les résultats finaux des élections yukonnaises, les résultats préliminaires surprennent et font réagir.
L’économiste Keith Halliday a suivi avec intérêt la soirée. Il s’attendait à un résultat serré, mais pas à deux résultats d’égalité.
Le Parti libéral et le Parti du Yukon ont, pour le moment, huit sièges chacun et deux candidates dans la circonscription de Vuntut Gwitchin sont arrivée en première place ex aequo avec chacune 78 voix. Un résultat qui oblige un recomptage.
« Beaucoup de gens croyaient que cela allait être très serré et avec ces courses très serrées dans chaque circonscription, c’était clair que le total de sièges pouvait changer rapidement avec une dizaine de votes. »
Alors qu’en 2016, le parti de Sandy Silver a obtenu 39,4 % des suffrages et 11 sièges, cette fois-ci, le parti a récolté seulement 32,3 % des voix et 8 sièges pour l’instant.
« Les libéraux ont dépensé tellement d’argent et fait tellement de promesses. Avec les vaccins reçus du fédéral, le système de santé et l’économie, tout cela va bien mieux ici qu’ailleurs, mais pourtant les libéraux ont perdu 7 % de leurs appuis comparativement à 2016 et dans des circonscriptions critiques », analyse Keith Halliday.
Contrairement à d’autres, il ne croit pas que les résultats s’expliquent par une division du vote de gauche, car le Nouveau Parti démocratique (NPD) n’a fait qu’un gain de 2 % de l’électorat comparativement à 2016. De 26,2 % en 2016 le vote en faveur du NPD est passé à 28,2 % en 2021 alors que le Parti du Yukon a remporté 33,4 % des voix en 2016 et 39,4 % en 2021.
« En fait, c’était une surprise pour moi que le NPD n’ait pas réussi à obtenir plus de vote parce que la leader Kate White a fait une campagne assez dynamique, mais pourtant si on regarde le nombre de votes, cela n’a pas été efficace », ajoute Keith Halliday.
Malgré les revers subis par les libéraux lundi, il note que les troupes de Sandy Silver pourraient former le prochain gouvernement minoritaire du Yukon, puisque c’est le parti sortant à qui revient le premier le droit de former un gouvernement, selon la loi électorale.
« On pourrait voir des alliances tactiques et politiques entre le NPD et les libéraux, pour appuyer un gouvernement libéral qui soutiendrait plus de politiques du NPD », ajoute Keith Halliday.
De son côté, la Chambre de commerce du Yukon implore les partis de travailler ensemble pour ne pas nuire à l’économie.
« Le nouveau gouvernement minoritaire doit travailler rapidement et efficacement pour relever les défis auxquels les entreprises du Yukon sont confrontées avec la pandémie. »
« Il est plus important que jamais que les trois partis travaillent ensemble et prennent des mesures pour relever les principaux défis qui ont été identifiés dans leurs plateformes électorales. »
« Il n’y a pas de place pour la paralysie et l’indécision qui accompagnent souvent un gouvernement minoritaire », ajoute la Chambre de commerce.
Francophonie : pas d’inquiétudes
Du côté de l’Association Franco-Yukonnaise, Isabelle Salesse estime qu’à l’issue d’une soirée à suspense, « il n’y a pas tant de surprise que ça ». Les libéraux ont perdu « un ou des sièges », mais des membres du cabinet ont été reconduits et la directrice générale assure qu’il y a aura une forme de continuité.
« Peu importe ce qui va se passer, on va continuer à travailler avec le gouvernement pour faire avancer le dossier des services en français, pour s’assurer de la mise en œuvre complète du cadre réglementaire et pour poursuivre le travail sur le centre de santé bilingue. »
Pas de grands bouleversements au quotidien en perspective même si elle concède qu’avec un gouvernement minoritaire « les choses peuvent changer rapidement. »
Les différents partis ont fait des promesses dans leurs discours ou leurs plateformes et « c’est certain qu’on va s’assurer qu’ils sont redevables de leurs promesses », conclue t-elle.
Rédigé par Stéphanie Rousseau et Vincent Bonnay avec les informations de Claudiane Samson