Quand les enfants du Grand Nord canadien cherchent à se réapproprier la langue de leurs parents

Shawna Yamkovy, photographiée au milieu avec des boucles d’oreilles blanches, entourée de ses grands-parents, tantes, oncles et cousins. (Shawna Yamkovy)
En s’engageant dans la revitalisation du chipewyan déné, l’une des langues des Territoires du Nord-Ouest, une étudiante de l’Université Royal Roads (URR), en Colombie-Britannique, aspire à contribuer à la préservation d’une partie de sa culture dont elle constate l’étiolement inéluctable.

Shawna Yamkovy raconte que la langue traditionnelle de sa famille ne lui a pas été transmise pendant qu’elle grandissait. Sa mère, Emmy Yamkovy, née à Łutsël K’é, la parle pourtant, ainsi que ses grands-parents.

« Ça m’était familier, reconnaît la native d’Edmonton. Je l’ai entendue en grandissant toute ma vie. [Ma mère] était une fière Dénée Chippeway et elle partageait d’autres aspects de sa culture par la nourriture, en voyageant dans la communauté et en faisant venir la famille pour nous rendre visite. »

La langue dënesųłiné yatiyé, aussi appelée chipewyan déné, est l’une des plus parlées dans le groupe de langues na-déné.

Chaque fois que Shawna Yamkovy se rendait dans sa communauté, sa grand-mère devait traduire les échanges pour qu’elle puisse converser avec son grand-père.

Sa communauté d’origine est située sur le bras est du Grand Lac des Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest, à environ 280 kilomètres de Yellowknife. Elle n’est accessible que par avion, bateau ou motoneige et compte une population d’environ 350 personnes. Beaucoup de membres de sa famille y vivent encore, ainsi qu’à Yellowknife.

Or, moins de 10 % des 800 membres de la bande parlent encore la langue vernaculaire, indique Shawna Yamkovy, et la plupart des locuteurs ont plus de 40 ans.

Les pensionnats ont eu un effet multigénérationnel en ce qui concerne la langue, observe-t-elle.

Mission universitaire

Dans le cadre de ses études, Shawna Yamkovy se penche sur des stratégies de revitalisation de la langue pour le dënesųłiné, avec l’espoir de contrer le déclin de cette langue.

La Première Nation des Dénés Łutsel K’é a déjà commencé à œuvrer à la protection de son patrimoine culturel.

En 2020, elle a remporté le prix Équateur des Nations unies après avoir signé un accord historique avec les gouvernements nationaux et territoriaux afin de créer le Thaidene Nëné (« terre des ancêtres » en dënesųłiné), une zone protégée de 26 000 kilomètres carrés située entre la forêt boréale canadienne et la toundra arctique.

Selon Mme Yamkovy, il est temps de commencer à travailler à la préservation de la langue.

Bien qu’elle soit encore en train de l’apprendre, notamment grâce à l’application First Voices, Mme Yamkovy travaille conjointement avec la communauté et espère mettre en œuvre un plan et un programme d’études pour revitaliser cette langue.

« Étant donné le faible pourcentage de personnes qui la parlent couramment, il semble que le moment soit venu de la récupérer auprès de ces quelques personnes, qui sont [des aînés] aujourd’hui. »Shawna Yamkovy

Mme Yamkovy explique que son engagement a été inspiré par sa défunte tante, Sandra Faye Lockhart, une militante des droits des Autochtones qui a été étudiante à l’Université Royal Roads, mais qui est décédée avant d’achever ses études.

« Elle m’a encouragée à m’inscrire à [mon] diplôme et je voulais aussi poursuivre le chemin qu’elle avait tracé avec ses proches, ainsi que ma défunte mère et mes grands-parents, qui ont toujours défendu l’éducation postsecondaire », confie Mme Yamkovy.

L’étudiante consacrera ses efforts universitaires à des consultations auprès des communautés afin de cerner leurs besoins en matière de revitalisation linguistique. Ses recommandations pourraient appuyer des demandes de financement, anticipe-t-elle.

« J’espère que [la langue] reviendra dans le système scolaire et que ce sera une chose que les enfants pourront apprendre dès leur plus jeune âge. »

Avec les informations de CBC

Radio-Canada

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