Un projet de recherche au Nunavut pour revitaliser un dialecte inuit, l’inuinnaqtun

La Société patrimoniale de Kitikmeot, dans l’ouest du Nunavut, s’apprête à commencer un projet de recherche destiné à revitaliser l’inuinnaqtun, un dialecte de la langue inuit. (Photo fournie par Darren Keith/Société patrimoniale de Kitikmeot)

La Société patrimoniale de Kitikmeot s’apprête à lancer un projet de recherche dans l’ouest du Nunavut visant à documenter la terminologie de l’inuinnaqtun, un dialecte de la langue inuit.

« Dans notre région, nous avons comme objectif de revitaliser l’inuinnaqtun. C’est pourquoi nous documenterons le plus de termes possible liés à l’environnement auprès d’aînés », explique la responsable des projets de revitalisation de l’inuinnaqtun pour la Société patrimoniale de Kitikmeot, Emily Angulalik.

Dans le cadre de ce projet, qui doit débuter d’ici l’automne et durer environ deux ans, la société mènera des entrevues auprès d’aînés de Cambridge Bay, de Kugluktuk et de Gjoa Haven, dans l’ouest du Nunavut, ainsi que d’Ulukhaktok, aux Territoires du Nord-Ouest.

Les questions porteront sur la terminologie associée à l’hydrologie, la météo, la neige et la glace, entre autres. « Notre environnement occupe un très grand rôle au sein de notre langue et de notre culture », dit-elle.

Emily Angulalik milite depuis plusieurs années pour la préservation et la revitalisation de l’inuinnaqtun. Au mois de mai, elle était d’ailleurs en lice pour un prix Indspire, qui est remis chaque année à 10 Autochtones dont les histoires inspirent et éduquent les Canadiens. (Kate Kyle/CBC)

Les entrevues seront ensuite colligées et serviront à approfondir une ressource virtuelle. « Il faut mieux documenter la grammaire [en inuinnaqtun], soutient le chercheur principal de la Société patrimoniale, Darren Keith. Nous voulons outiller les gens à améliorer leur langue ou à en apprendre une deuxième. »

C’est le type de ressources que nous tenons pour acquises en français et en anglais.Darren Keith, chercheur principal, Société patrimoniale de Kitikmeot

Au Nunavut, la langue inuit regroupe plusieurs dialectes, dont les principaux sont l’inuktitut et l’inuinnaqtun.

En 2001, la langue inuit était la langue maternelle de près de 72 % des Inuit du territoire, contre environ 65 % en 2016, selon Statistique Canada. L’inuinnaqtun, qui comptait quelque 500 locuteurs en 2016, en perd de plus en plus dans la région de Kitikmeot.

L’urgence de documenter

« C’est une problématique qui presse de plus en plus, car les principaux locuteurs [de l’inuinnaqtun] sont les membres les plus âgés de nos communautés », souligne Darren Keith.

Emily Angulalik espère que leur travail laissera un legs à la prochaine génération qui méconnaît des termes employés par leurs ancêtres pour décrire l’environnement.

Nous devons commencer à collecter ces termes si importants qui ont été employés pendant des années, mais que nous n’entendons pratiquement plus de nos jours.Emily Angulalik, Société patrimoniale de Kitikmeot
La gestion entre les mains des Inuit

Le projet est entièrement piloté par la Société patrimoniale de Kitikmeot, qui a pour mission de revitaliser la culture, le savoir et la langue inuit des Inuinnait, des Inuit habitant au centre de l’Arctique canadien.

Il est aussi l’une des 11 premières initiatives du Programme de recherche dans l’Inuit Nunangat (PRIN), un nouveau regroupement scientifique qui vise à renforcer le travail de recherche mené par des Inuit.

L’Inuit Nunangat est le terme employé pour désigner les quatre régions inuit du nord du Canada : la région désignée des Inuvialuit (nord du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik (nord du Québec) et le Nunatsiavut (nord du Labrador).

La Société patrimoniale de Kitikmeot recevra un financement d’environ 150 000 $ sur deux ans du PRIN pour entreprendre ce projet.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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