La surveillance sismique en Arctique permet de détecter le réchauffement du pergélisol, révèle une étude
Une nouvelle étude révèle que la surveillance sismique permet de détecter des changements dans le pergélisol qui sont associés au réchauffement climatique de l’Arctique.
Publiée dans la revue Seismological Research Letters, l’étude menée par une équipe de chercheurs de plusieurs laboratoires, dont le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France et le Réseau de surveillance sismique norvégien, s’est appuyée sur des enregistrements continus de réseaux sismologiques déployés dans l’archipel du Svalbard.
En mesurant de 2009 à 2011 les variations de température dans un forage creusé dans l’archipel norvégien, les scientifiques ont alors observé des variations relatives saisonnières de la vitesse sismique. « Lorsque la température augmente, la vitesse diminue et réciproquement », indique l’étude.
Sur le site Internet du CNRS, on peut lire que les chercheurs attribuent ces changements de vitesse « à la variation de la saturation en glace, dans la partie peu profonde du pergélisol, juste en dessous de la couche active, induite par les variations saisonnières de température ».
Des recherches cruciales
L’étude précise que la surveillance sismique permet de détecter l’impact de changements environnementaux à long terme, telle que le réchauffement du pergélisol. Les experts rappellent d’ailleurs que le réchauffement du pergélisol dans les régions polaires est une préoccupation majeure dans le cadre du changement climatique global, en raison de son potentiel d’émission de gaz à effet de serre.
À ce titre, ils expliquent que le suivi de ses propriétés dynamiques est donc crucial pour la recherche et la compréhension du phénomène. « La surveillance sismique se révèle être particulièrement appropriée pour étudier la stabilité du pergélisol, car la vitesse des ondes sismiques est très sensible à la teneur en glace du sol, et varie lorsque l’eau gèle ou fond », précise le CNRS.
Notons que le pergélisol est la partie du sol qui demeure gelé en permanence. Sa fonte accélérée serait « une bombe à retardement virale et bactérienne », a déclaré en entrevue au quotidien Le Parisien Jean-Michel Claverie, ancien directeur du laboratoire Information génomique et structurale du CNRS.
Le pergélisol arctique renfermerait 1500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, ce qui correspond à deux fois ce que contient l’atmosphère de notre planète. Plusieurs études du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indiquent qu’il pourrait perdre jusqu’à 70 % de sa surface d’ici à 2100, une véritable catastrophe écologique pour le système climatique dont les répercussions sont encore trop mal connues.