L’Europe base sa nouvelle stratégie arctique sur la coopération et le climat
L’Arctique revêt une importance stratégique capitale pour l’Union européenne (UE), qui souhaite y renforcer sa présence et son action à plusieurs niveaux, a annoncé le bloc mercredi.
Lutter contre le réchauffement climatique, cesser l’exploitation des ressources naturelles, soutenir les populations locales ou encore renforcer la coopération internationale dans la région sont les priorités de la nouvelle Stratégie arctique de l’UE.
« L’Arctique évolue rapidement, en raison de l’impact du réchauffement climatique, de la concurrence accrue pour les ressources naturelles et des rivalités géopolitiques », a souligné le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Lutter contre le réchauffement climatique là où il est le plus visible
En tant qu’acteur économique majeur, le bloc de 27 pays dit reconnaître sa part dans le réchauffement de l’Arctique.
« L’UE a un impact significatif sur l’Arctique par son empreinte environnementale et sa demande en ressources et produits originaires de cette région », peut-on lire dans le rapport.
Rappelons que les nations de l’Union européenne représentent 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et sont responsables d’environ 36 % des dépôts de carbone noir dans l’Arctique. Le carbone noir accélère le réchauffement de la région et la fonte des glaces tout en constituant un polluant atmosphérique nocif.
« L’Arctique se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète », souligne le commissaire à l’Environnement Virginijus Sinkevicius qui veut rendre la région « sûre, stable, durable et prospère ».
Pour y arriver, l’Union veut se baser sur son pacte vert européen (atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et réduire ses émissions de 55 % d’ici 2030) et sa nouvelle approche en faveur d’une économie bleue durable.
L’Europe s’engage notamment à soutenir la protection marine, à combattre les sources de pollution telles que les plastiques et à promouvoir la recherche sur le dégel du pergélisol.
Interdire les forages dans l’Arctique
« Le charbon, le gaz et le pétrole doivent rester sous terre dans cette région », souligne le rapport.
L’UE dit vouloir négocier un moratoire international pour interdire l’exploitation des gisements de gaz, de pétrole et de charbon dans l’Arctique et pourrait interdire l’achat des hydrocarbures extraits de cette région.
Pour y parvenir, l’UE compte notamment s’appuyer sur les moratoires partiels déjà existants sur l’exploration des hydrocarbures dans l’Arctique mis en place avec les États-Unis, le Canada ou le Groenland.
« Forte de décennies d’expérience en matière de promotion de la coopération régionale, l’UE jouera pleinement son rôle », expliquent les auteurs du rapport dans un article de Project Syndicate.
L’UE devra tout de même convaincre les États-Unis, le Canada, la Russie, la Norvège et l’Islande d’accepter un tel moratoire. Or, la Russie a fait de l’exploitation des richesses arctiques – pétrole, gaz et minerais – une priorité stratégique.
Cependant, Vladimir Poutine a récemment déclaré que Moscou finirait par bénéficier d’une telle interdiction compte tenu de la hausse des prix.
« Si de telles décisions entraînent une certaine volatilité des prix, [l’économie russe] n’en souffrira pas tant que ça. Nous réduirons la production, mais nous obtiendrons tout de même les prix que nous souhaitons », a déclaré M. Poutine lors d’une conférence sur l’énergie suivie par Reuters.
L’UE compte également investir dans la transition vers les énergies renouvelables dans la région afin de pallier les besoins en ressources naturelles.
Promouvoir la coopération internationale dans la région
Un des leitmotive de la nouvelle stratégie est de promouvoir la coopération entre les différents acteurs présents dans une région qui attire de plus en plus.
Les températures augmentant, la banquise arctique recule année après année, laissant apparaître de nouvelles voies maritimes et de nouveaux accès aux ressources naturelles et aux minerais.
Quelques pays sont déjà en train d’exploiter ce nouveau passage du Nord-Ouest, moitié moins long que celui du canal de Suez. La Chine et la Russie investissent massivement dans cette route qui doit simplifier la livraison d’hydrocarbures à l’Asie du Sud-Est en reliant les océans Atlantique, Pacifique et Arctique.
Pour faire entendre sa voix, l’UE compte sur les trois États membres (Norvège, Suède et Finlande) qui ont des territoires en Arctique ainsi que sur sa participation dans plusieurs instances régionales, dont le Conseil de l’Arctique, le Conseil euroarctique de la mer de Barents et la « Dimension septentrionale ».
L’UE prévoit également d’ouvrir un bureau à Nuuk, la capitale du Groenland, comme l’ont fait les États-Unis l’année dernière, afin de renforcer sa présence dans la région.
Enfin, une autre priorité régionale de l’Union européenne est l’inclusion sociale.
« Les défis qui se posent aux Autochtones éleveurs de rennes ne s’arrêtent pas aux frontières nationales », écrivent les auteurs, qui veulent mettre en avant la voix des Autochtones, des jeunes et des femmes dans la région.
Le document doit maintenant être approuvé par les 27 États membres s’il veut entrer en vigueur.