Installer des bisons ou des chevaux en Arctique ne ralentira pas le réchauffement climatique

Un troupeau de bisons se nourrit d’herbe. (Go Nakamura/Reuters)
La réintroduction en Arctique des grands mammifères afin de lutter contre les changements climatiques serait « inefficace », disent des chercheurs de l’Université de Southampton.

Dans leur étude publiée dans la revue PNAS, les experts jettent un nouvel éclairage sur les raisons pour lesquelles les animaux de l’ère glaciaire se sont éteints, suggérant que leur extinction a été causée par le réchauffement climatique et l’expansion de la végétation.

Ils rappellent d’ailleurs que les grands mammifères de l’ère glaciaire n’ont pas pu empêcher les écosystèmes de se modifier lorsque les températures ont augmenté il y a de cela des milliers d’années. Les résultats de l’étude viennent remettre en cause les récentes propositions qui visent à réintroduire en Arctique des espèces comme les bisons ou les chevaux pour empêcher le dégel des sols.

Le document explique qu’il y a environ 14 000 ans, à la fin de la dernière période glaciaire, les paysages herbeux ouverts qui s’étendaient vers l’Est depuis la France à travers la mer de Béring maintenant submergée jusqu’au Yukon, au Canada, ont été transformés par la propagation rapide des arbustes.

« Dans le même temps, plusieurs espèces de mammifères emblématiques qui habitaient ce qui est aujourd’hui l’Alaska et le Yukon, comme le mammouth laineux, se sont éteintes, et l’archéologie enregistre la présence humaine dans la région », déclare Ali Monteath, auteur principal des universités de l’Alberta et de Southampton.

Pour le spécialiste, ces « anciennes coïncidences » ont laissé penser que la chasse humaine a causé la disparition des mammifères, et leur perte a conduit à l’expansion des arbustes, « car ils n’étaient plus là pour piétiner la végétation et remettre les nutriments dans le sol ».

L’introduction de grands mammifères en Arctique qui sont actuellement absents de la région ne transformerait probablement pas la végétation sur de vastes zones et ne réduirait donc pas la libération de carbone du pergélisol.Ali Monteath, auteur principal des universités de l'Alberta et de Southampton

Pour mener à bien leurs recherches, l’équipe de scientifiques a examiné les enregistrements de pollen fossile conservés dans les sédiments lacustres en Alaska et au Yukon pendant des milliers d’années.

À ce titre, les experts ont réussi à déterminer avec précision le moment de l’expansion des arbustes dans cette région. Ils ont ensuite comparé leurs données avec la façon dont le nombre d’os datés au radiocarbone de cheval, de bison, de mammouth et d’orignal a changé au fil du temps. Cela leur a fourni une estimation de l’évolution de la taille de leur population.

« Nos résultats soutiennent l’idée qu’à la fin de la dernière période glaciaire, un changement majeur vers des conditions plus chaudes et plus humides a transformé le paysage d’une manière très défavorable à la survie des animaux, y compris les mammouths », ajoute M. Monteath.

Les conclusions de l’étude suggèrent que le changement climatique était le principal contrôleur des écosystèmes nordiques et que les grands herbivores n’étaient pas en mesure de maintenir leur environnement à mesure que les arbustes se propageaient.

« Bien que les humains aient pu aggraver le déclin des populations, nos résultats suggèrent que le changement de végétation dû au climat était la principale raison pour laquelle les mammifères ont disparu », conclut l’étude.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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