Dans le Grand Nord canadien, le Yukon clôt deux jours de discussions sur le mieux-être mental
Les 14 et 15 février, le Yukon a abordé les questions de santé mentale et de dépendances dans un sommet. Des dizaines d’acteurs du domaine ont présenté des initiatives pouvant susciter des réponses à la crise.
Depuis que le territoire a déclaré l’état d’urgence lié à la toxicomanie, il y a un peu plus de trois semaines, le Sommet sur le mieux-être mental est la première initiative mise en place pour trouver des pistes de solution à la situation.
Ce n’est qu’un début, comme l’a rappelé Tracy McPhee, ministre de la Santé du Yukon. « Notre but, c’est d’inspirer des idées et de susciter plus de discussions sur le bien-être mental […], mais nous devons faire plus que parler », a-t-elle affirmé lundi, en ouverture de l’événement.
Également présente au lancement virtuel, la ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a pour sa part rappelé qu’il était important de cesser de stigmatiser les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendances.
En six heures, sur deux jours, 30 invités ont pris la parole.
Initiatives locales et planétaires
Certains, comme la Dre Inga Eva Thorisdottir, sont venus présenter un programme venant d’Islande, notamment l’initiative Planet Youth, née dans ce pays à la fin des années 1990 et qui vise à réduire la consommation d’alcool chez les jeunes.
Basé sur une collecte de données locales et l’implication de la communauté pour créer un environnement de soutien pour les jeunes, le programme a montré de bons résultats en Islande et a été exporté dans 34 pays, dont le Canada.
D’autres, comme Stacey Robinson-Brown, directrice de la santé de la Première Nation Carcross/Tagish, Todd Pryor, de Community Hubs, et Alex Hodgins, de Blood Ties, sont venus discuter d’un programme local de réduction des risques. Il a été mis en place après que la Première Nation Carcross/Tagish eut déclaré son propre état d’urgence après trois morts dues à une surdose d’opioïdes en l’espace de six jours.
L’initiative comptait un volet sur le terrain de porte-à-porte pour informer la population et distribuer du matériel, comme des trousses de naloxone pour combattre la crise.
« La réponse a été très positive. Tous les gens chez qui on allait n’étaient pas forcément intéressés par ce qu’on avait à offrir, mais tous étaient reconnaissants qu’il y ait une discussion sur le sujet », raconte Alex Hodgins.
Mme Robinson-Brown et M. Pryor et M. Hodgins affirment que le porte-à-porte continue et loue le soutien que les membres de la communauté et des communautés voisines ont apporté depuis le début de la crise dans la Première Nation
Des témoignages de proches de victimes
Plusieurs personnes sont également venues parler de proches qu’ils ont perdus. C’est le cas de Gary Bailie, dont la fille Stacity est morte en octobre dernier d’une surdose aux opioïdes, alors qu’elle devait commencer un traitement auprès de la Première Nation Kwanlin Dün, dont elle était membre.
M. Bailie souhaite que le décès de sa fille serve de catalyseur au changement et rappelle que les dépendances ne sont qu’un symptôme des traumatismes vécus par un grand nombre de personnes. Malgré ces drames, il se veut optimiste. Il appelle au travail collaboratif et, surtout, il veut que le dialogue se poursuive.
Quelques jours avant le Sommet, la Première Nation Kwanlin Dün avait annoncé des initiatives en santé mentale, notamment la création d’une résidence permanente proposant un programme de consommation contrôlée d’alcool, le premier dans le nord du pays.
Selon la ministre McPhee, lundi, 518 personnes s’étaient inscrites pour participer aux réunions. Mardi, en ouverture du sommet, elle se disait très satisfaite du succès de l’événement après la première journée.
Selon le Bureau du coroner du Yukon, le territoire a perdu, depuis le 1er janvier 2022, sept personnes en raison de surdoses aux opioïdes. Depuis la fin 2021, le Yukon possède le plus haut taux de décès par opioïdes au Canada.
À l’issue du sommet, de nombreux participants se sont accordés pour dire qu’après les discussions, il était maintenant le moment de passer à l’action et que le travail de collaboration était nécessaire.