Opération Nanook-Nunalivut : échange international de compétences dans l’Arctique

Le chef de bataillon Raphaël Pla, responsable de tous les plongeurs de l’armée française, a fait le déplacement pour sa troisième opération Nanook-Nunalivut. (Karli Zschogner/Radio-Canada)
Des plongeurs canadiens, américains et français ont participé à un exercice de plongée sous glace le 20 février. Un exemple du partage de compétences « temps froid » qui se crée lors de l’opération menée chaque année par le Canada dans l’Arctique.

En plein mois de février, c’est sous une glace d’une épaisseur de 1,50 mètre que s’apprête à plonger Julia Garlock. La plongeuse de la Marine royale canadienne, basée à Halifax, va descendre dans une eau glaciale jusqu’à une profondeur de 21 mètres.

« C’est une très grande expérience pour moi, confie-t-elle. Il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent dire qu’ils sont venus ici, et encore moins qu’ils y ont plongé. »

À ses côtés, tous les militaires n’ont pas la feuille d’érable rouge sur le bras. Six d’entre eux portent le drapeau tricolore français, comme le chef de bataillon Raphaël Pla, responsable de tous les plongeurs de l’armée française. La France est présente à toutes les opérations Nanook-Nunalivut depuis 2019. Cette année, quatre plongeurs et un médecin participent à cet échange de connaissances.

« Les techniques [de plongée] sont pratiquement similaires. La grosse différence, c’est le froid, explique Raphaël Pla. C’est pour ça que l’on vient ici, au Canada, pour apprendre les techniques des plongeurs canadiens par des températures extrêmes et beaucoup de glace. »

L’opération Nanook-Nunalivut comprend des plongées dans les eaux glacées de l’océan Arctique. (Karli Zschogner/Radio-Canada)

En matière de conditions extrêmes, cette année aura été fructueuse. Si en 2019 ils n’avaient eu qu’une température clémente de -20 degrés Celsius, les participants ont pu s’entraîner par -40 degrés et avec un refroidissement éolien de -53.

« Les compresseurs, les tuyaux, les plastiques, tout devient compliqué, d’où l’importance d’apprendre avec ceux qui y font face régulièrement », constate-t-il.

« On apprend des Canadiens toutes les techniques pour arriver, s’installer et plonger dans un environnement extrême, dit le chef de bataillon. L’objectif est de pouvoir être préparé et opérationnel dans de telles conditions, que cela soit dans un lac de montagne en France ou à l’étranger en opération. »

Les Français ont aussi apporté leurs connaissances dans le cadre de formations sur la plongée souterraine, une expérience enrichissante pour la plongeuse canadienne.

« Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir apprendre autant des plongeurs français et des plongeurs de combat, dit-elle. Nous pouvons tous travailler ensemble sur nos compétences. »

Au total, près de 200 membres des Forces armées canadiennes, de la Force opérationnelle interarmées Nord, mais aussi quelques Rangers canadiens s’entraînent ensemble sur les rives de l’Arctique, accompagnés de militaires américains et français entre Tuktoyaktuk et Inuvik.

La diplomatie de l’Arctique

Au-delà de l’entraînement militaire, de tels déploiements dans l’Arctique ont un réel enjeu stratégique. L’opération a pour but de montrer les capacités du Canada à assurer la protection de sa souveraineté sur les terres les plus septentrionales de son territoire.

De son côté, le consul général de France à Vancouver, Nicolas Baudouin, affirme que « la France [aussi] est une nation polaire ». Le pays dispose d’une base au Svalbard depuis 1963, et siège au conseil de l’Arctique depuis 2000 avec un statut d’observateur.

La France s’intéresse de près à cette région parce qu’elle la juge comme « un bien commun géographique inséparable de notre biodiversité et du sujet climatique », explique le diplomate français.

Bien au-delà de simples exercices de plongée et de collaborations interalliés, la gouvernance de l’Arctique est donc « l’un des enjeux et défis qui rassemblent » le Canada et la France.

Alors que la guerre en Ukraine ramène au premier plan les enjeux diplomatiques et les points de tensions internationaux, Nicolas Baudouin rappelle que l’Union européenne dans sa stratégie arctique « prévoit le renforcement [de son engagement dans la région] pour garantir un Arctique pacifique, durable et prospère ».

Avec les informations de Karli Zschogner

Radio-Canada

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