Le gouvernement du Yukon, au Canada, épinglé pour son inaction en matière de logement social
La Société de logement du Yukon et le ministère de la Santé et des Affaires sociales ont « réalisé peu de progrès pour régler les problèmes de longue date », conclut un rapport du Bureau du vérificateur général du Canada remis à l’Assemblée législative du territoire.
« Il est rare qu’aussi peu de changements soient réalisés entre deux rapports. » La conclusion d’Andrew Hayes, le sous-vérificateur général, est sans appel.
L’audit à l’origine du rapport qui vient d’être remis à l’Assemblée législative a été réalisé en 2021 avec pour mission d’analyser les services offerts aux Yukonnaises et Yukonnais les plus vulnérables en matière de logement : « pierre angulaire du bien-être des personnes, des familles et des collectivités », selon Andrew Hayes.
Le rapport conclut que la Société du logement et le ministère ont échoué à « offrir des logements adéquats et abordables », et ce à plusieurs niveaux.
En 2021, le nombre de personnes admissibles sur la liste d’attente pour obtenir un logement social a augmenté de 320 % par rapport à 2015, passant de 112 à 463 personnes ou familles.
Au cours de la même période, le nombre de logements sociaux et d’unités de location a augmenté de 20 %, passant de 686 unités (2014‑2015) à 824 unités (2020‑2021).
Le temps d’attente pour accéder à ces logements sociaux a lui aussi augmenté, passant d’« un peu plus d’un an » en 2014 à 17 mois en 2021. Selon le rapport, les personnes « issues de groupes prioritaires comme les victimes de violence » pouvaient attendre deux fois plus longtemps pour un logement.
Le modèle d’attribution des logements sociaux, qui n’a pas été révisé depuis 2007, est jugé inadéquat, car il « ne permet pas de répondre aux besoins ».
Le rapport n’est pas plus élogieux concernant l’action du ministère de la Santé et des Affaires sociales. La vérificatrice générale estime que celui-ci a concentré ses efforts sur l’augmentation du nombre de places en logement d’urgence, comme les refuges ou logements de transition, mais que l’efficacité des mesures n’était pas suffisante puisqu’elles n’avaient pas été précédées par une véritable évaluation des besoins et que le ministère n’avait pas non plus recueilli de données pour assurer un suivi des progrès.
Le rapport conclut en appelant à l’établissement « d’orientations claires, [une] coordination et [une] coopération efficaces avec les partenaires du secteur du logement [et des] mesures correctives immédiates [sans quoi], les problèmes de longue date persisteront. »
Le gouvernement « sur la trajectoire »
Ranj Pillai, le ministre responsable de la Société d’habitation du Yukon explique que lui et Tracy-Anne McPhee, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, sont conscients de l’ampleur de la tâche et qu’ils ont demandé ces portefeuilles ministériels justement, car il y avait un important travail à faire.
« Il nous faudra du temps », concède-t-il, expliquant que celui-ci est nécessaire pour étudier le rapport et y répondre adéquatement.
Interrogés sur la pression que ce rapport peut mettre sur l’action du gouvernement, jugée « insuffisante » par Andrew Hayes, les ministres estiment prendre la mesure de l’ampleur de la tâche.
« Les Yukonnais sont bien sûr inquiets à ce sujet, mais pas plus que nous [le gouvernement], estime Tracy-Ann MacPhee. Ce qui est important c’est que nous avons répondu aux recommandations, que nous allons pleinement les évaluer, et qu’avec nos équipes, nous cherchions à savoir comment mieux y répondre, et trouver les améliorations qui peuvent être apportées. »
« Le public veut voir les choses être réglées plus rapidement et je pense que c’est une bonne forme de pression à avoir, car au bout du compte c’est pour ça que vous travaillez, pour les Yukonnais. Et ils ont le droit de vous pousser, d’en attendre plus de vous, mais il faut aussi équilibrer ça pour s’assurer de bonnes prises de décisions », conclut-elle.