Le territoire canadien du Yukon espère suivre le mouvement vers la décriminalisation

En 2021, le Yukon enregistrait le plus haut taux de décès liés aux opioïdes au Canada. (Stas_V/Getty)
Alors que le gouvernement fédéral a acquiescé à la demande de la Colombie-Britannique de mettre en place une exemption temporaire à la loi sur les drogues à l’échelle de la province, le Yukon, qui fait également face à une crise des opioïdes, aimerait que l’initiative se généralise.

Brendan Hanley, le député fédéral du Yukon, a toujours soutenu la décriminalisation de la possession de drogue au cours de son mandat de médecin hygiéniste en chef. Il a appuyé le projet de loi C-216, qui a été finalement défait, et salue l’avancée en la matière en Colombie-Britannique.

« C’est une grande étape pour la Colombie-Britannique et le Canada. Nous avons attendu longtemps. C’est maintenant comme une invitation pour nous, au Yukon, de faire pareil. »

Selon le député, les liens avec la Colombie-Britannique pourraient favoriser la mise en place d’une exemption similaire au territoire.

C’est très important symboliquement parce que cela va dans le sens d’un traitement des dépendances comme un problème de santé et non un problème de criminalité.Brendan Hanley, député fédéral du Yukon

En janvier 2022, le territoire a déclaré l’état d’urgence sur l’usage de drogues illicites après le décès de neuf Yukonnais entre les 3 et 23 janvier. Brendan Hanley pense que le changement de loi permettrait un changement d’approche nécessaire.

« Les gens meurent souvent seuls, sans même un appel à l’aide quand ils sont en situation de surdose, parce qu’ils ont peur d’être arrêtés. Et cela se répète cas après cas », dit-il.

Il estime qu’une telle exemption donnerait plus de possibilités et de moyens d’encadrer la consommation de drogue de manière plus sécuritaire pour ceux qui en ont besoin.

La coroner en chef du territoire, Heather Jones, partage ce point de vue. Cette dernière, qui vit au plus près cette crise et la souffrance qui l’accompagne, estime que cette mesure est « un puissant premier pas pour sauver des vies ».

« Ce qui permettra véritablement de sauver des vies, c’est un approvisionnement sécuritaire en drogue », ajoute-t-elle.

Elle pense aussi que la loi actuelle isole ceux qui en auraient besoin et les empêche d’accéder à de l’aide et à des services qui leur seraient vitaux. « Ce changement crée une base pour fournir un soutien réel aux personnes qui consomment de la drogue plutôt que d’augmenter la stigmatisation par la criminalisation. »

Le gouvernement du Yukon affirme qu’il discute, lui aussi, des possibilités d’exemption avec ses partenaires et le gouvernement fédéral « afin de supprimer les sanctions pénales pour les personnes qui possèdent certaines substances ». Il ajoute que, parallèlement, il travaille à faire progresser une série d’initiatives de réduction des méfaits.

C’est insuffisant, selon des associations

Le Réseau juridique VIH et 27 organismes d’un peu partout au pays, dont le centre Blood Ties Four Directions, au Yukon, ont cosigné une lettre dans laquelle ils demandaient aux membres du Parlement de voter pour le projet de loi C-216, qui prévoyait, notamment, la décriminalisation de la possession personnelle de drogues illicites et la création d’une stratégie nationale pour répondre à la crise.

Les signataires de la lettre invitent aussi les députés à écouter les experts du domaine qui jugent que la mesure annoncée mardi est insuffisante. « Nous voulons une décriminalisation totale pour tous », disent-ils.

Le fait que le Canada n’envisage pas une action nationale vers la décriminalisation est une honte à ce stade.Extrait de la lettre de Réseau juridique VIH

« Nous soutenons le progrès, mais nous voulons aller plus loin », ajoutent les signataires de la lettre.

Par ailleurs, selon eux, la limite fixée à 2,5 grammes ne va pas permettre d’aider certaines personnes, « notamment celles qui vivent dans des communautés rurales et éloignées qui subissent déjà le poids disproportionné de la prohibition des drogues et de la crise de toxicité des drogues ».

Radio-Canada

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