Du mercure dans le pergélisol menace la chaîne alimentaire de l’Arctique, dit une étude

Ootookie Ipeelie et Jimmy Kownirk préparent de l’omble chevalier au magasin d’alimentation Nunavut Country Food d’Iqaluit. (Liny Lamberink/Radio-Canada)
Si la combustion du charbon, l’extraction de métaux et l’incinération des ordures comptent parmi les activités humaines qui émettent du mercure dans l’atmosphère, les scientifiques constatent depuis plusieurs années que le pergélisol est aussi une « source importante » de mercure dans l’environnement.

À mesure que ce pergélisol dégèle, de nouvelles recherches indiquent que ces anciennes réserves de mercure se libèrent un peu partout dans l’Arctique, où elles menacent de faire grimper la concentration de métal toxique dans les aliments traditionnels.

« Nous commençons à noter des signes selon lesquels ce mercure naturel pénètre dans les rivières, les lacs et, ultimement, dans l’océan Arctique », affirme le scientifique Peter Outridge, de la Commission géologique du Canada.

Ce dernier est l’un des coauteurs d’une récente étude, publiée dans la revue scientifique Nature Reviews, qui conclut que 200 tonnes de mercure se retrouvent chaque année dans l’océan Arctique.

Provenance du mercure se libérant dans l’océan Arctique :
  • un tiers provient de l’atmosphère,

  • un quart provient des courants océaniques,

  • un cinquième provient des débits fluviaux,

  • un cinquième provient de l’érosion côtière.

(Source : Étude « Cycle arctique du mercure » publiée dans la revue Nature Reviews, le 22 mars 2022)

Il y a à peine une dizaine d’années, les scientifiques étaient davantage portés à se pencher sur les sources humaines de mercure, selon Peter Outride.

Nous affinons notre compréhension de l’origine du mercure [dans l’Arctique].Peter Outridge, scientifique pour la Commission géologique du Canada
Quel impact sur les aliments traditionnels?

Selon Peter Outridge, les animaux qui sont une source d’alimentation traditionnelle dans l’Arctique présentent des niveaux de mercure 10 fois plus élevés que durant la révolution industrielle. Ces teneurs ont particulièrement grimpé entre les années 1960 et 1980, mais elles se sont stabilisées depuis, et d’autres ont même décliné chez certains animaux.

En revanche, l’étude montre qu’une incertitude persiste quant à la vitesse à laquelle le mercure se libère du pergélisol.

Des chercheurs prélèvent un échantillon de sédiments au fond d’un lac dans les Territoires du Nord-Ouest. (Ressources naturelles Canada)

Dans sa dernière évaluation, le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (AMAP) indique que la plupart des mammifères marins présentent un risque faible, voire nul, d’affecter la santé humaine en raison de l’exposition au mercure.

Raymond Ruben est maire de Paulatuk, aux Territoires du Nord-Ouest. S’il ne juge pas la contamination au mercure comme un enjeu prioritaire dans sa collectivité, il affirme garder un œil sur ce problème.

Le maire de Paulatuk, Raymond Ruben (Alex Brockman/Radio-Canada)

Les résidents de Paulatuk dépendent de l’omble de l’Arctique et de la baleine, et ils pourraient se sentir moins à l’aise d’en consommer si les niveaux de mercure en viennent à augmenter chez ses espèces.

Selon l’AMAP, ce sont surtout les animaux au sommet de la chaîne alimentaire, dont les ours polaires, les phoques et les bélugas, qui s’exposent à des niveaux plus élevés de mercure. Or, Peter Outridge assure que les bénéfices nutritionnels « l’emportent considérablement » sur l’impact négatif possible causé par l’ingestion de ce métal lourd.

Avez les informations de Liny Lamberink

Radio-Canada

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