Les défis de la cartographie marine en Arctique

L’honorable Joyce Murray, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, a rencontré l’équipage de la station de recherche et sauvetage de la Garde côtière à Rankin Inlet, au Nunavut, et a annoncé un financement de 84 millions de dollars pour améliorer les connaissances et la cartographie de l’océan Arctique. (Photo : Pêches et Océans Canada)
Le gouvernement fédéral a annoncé, le 10 août, un nouveau financement de 84 millions de dollars pour améliorer les connaissances et la cartographie des fonds marins de l’océan Arctique. Des cartes plus nombreuses et plus précises contribuent directement à la sécurité de la navigation dans cet océan qui est de plus en plus emprunté pour le transport de marchandises et de biens pendant la courte saison estivale.

« L’océan Arctique fournit des ressources vitales aux collectivités nordiques du Canada. Il constitue un corridor de transport capital pour le réapprovisionnement communautaire, fournit des ressources alimentaires et fait partie intégrante de l’identité culturelle nordique. Il s’avère donc fondamental d’assurer la sécurité de ces eaux », peut-on lire dans le communiqué de Pêches et Océans Canada.

Cet investissement entre dans le cadre du Plan de protection des océans lancé en 2016 et qui vise plus largement à protéger les côtes et les voies navigables tout en améliorant la sécurité maritime. Depuis la mise en place de ce plan, 100 000 kilomètres carrés ont été cartographiés.

La souveraineté et la sécurité : des enjeux majeurs

Pour Louis Maltais, directeur des Services hydrospatiaux et Support à Pêches et Océans Canada, l’enjeu de souveraineté dans un océan de plus en plus convoité et fréquenté est essentiel. Avoir des cartes précises couvrant une plus grande surface de l’océan Arctique canadien permet non seulement au pays d’être présent dans cette zone géographique, mais aussi de rendre la navigation en milieu arctique plus sécuritaire.

« Outre l’enjeu de souveraineté, le principal facteur, c’est la sécurité de la navigation. Avant de pouvoir exploiter les routes, on veut les connaître correctement », précise M. Maltais.

Intérêt pour le fleuve Mackenzie

La dynamique fluviale du fleuve Mackenzie qui s’écoule vers la mer de Beaufort fait aussi l’objet de relevés bathymétriques. Ce fleuve, le plus long du Canada, présente des zones extrêmement dynamiques qui font l’objet de forts courants. Chaque printemps, lors de la débâcle, la configuration de ce fleuve présenté comme complexe par M. Maltais se modifie.

« Les fleuves dynamiques, comme le Mackenzie, représentent un défi énorme en termes de cartographie. Il faut arriver avec une approche un peu différente », explique le directeur.

Une stratégie de bathymétrie collaborative a donc été mise en place avec une technologie spécifique de capteurs faciles à déployer appelée Hydroball. Ces petites bouées autonomes permettent de faire des relevés destinés à la cartographie de milieux non traditionnels comme les lits de rivière ou les zones ultracôtières.

En 2010, un prototype a été conçu par le Centre interdisciplinaire de développement en cartographie des océans basé à Rimouski au Québec. La maniabilité de la bouée qui pèse moins de 13 kilos pour 40 centimètres permet à trois capteurs intégrés de récolter suffisamment de données pour la modélisation de la bathymétrie. Cette technologie facile à utiliser et à faible coût est aussi l’un des outils destinés aux collectivités lors des déplacements dans cette zone fluviale.

La cartographie en Alaska progresse

Améliorer les connaissances du sous-sol marin le long des côtes des États-Unis, et de l’Alaska en particulier, est aussi une volonté du gouvernement américain. En janvier 2022, le bureau d’étude côtier de l’administration nationale de l’océan et de l’atmosphère (NOAA) indiquait que 52 % des côtes des États-Unis n’étaient pas cartographiées, dont 69 % en Alaska. Les objectifs de sécurité de navigation et de souveraineté sont les mêmes que pour le Canada.

« Nous devons faire plus que tirer parti des ressources existantes. Nous devons penser à l’ensemble du forfait – données existantes, nouvelles acquisitions, nouvelles ressources, nouvelles technologies – pour faire une brèche beaucoup plus importante dans notre production annuelle de cartographie », a déclaré Benjamin Evans, directeur du bureau d’étude côtier de la NOAA, le 9 mars 2022, sur le site Internet de l’administration.

Nelly Guidici, L'Aquilon

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