Deux sœurs inuit du Nord canadien posent pour « Vogue »
La vie de Linda et d’Evangeline Charlie, deux sœurs aux racines inuit et kényanes, a pris une autre dimension à la suite de la publication d’une de leurs photos par Vogue.
« Nous sommes allées là-bas et avons tout simplement fait de notre mieux », raconte l’aînée de la famille Charlie, Linda, 23 ans.
« En fait, nous avons attendu plus d’un an pour voir les résultats… Nous nous disions simplement que la photographe n’avait pas aimé nos photos, que cela n’avait tout simplement pas marché. »
Elles se trompaient.
En mars 2021, Linda et Evangeline Charlie ont tenté le tout pour le tout en participant à une séance photo qui pouvait changer leur vie. C’est d’ailleurs un peu par hasard qu’elles ont appris que Vogue les avait choisies au cours d’une autre séance photo.
« À partir de ce moment, je me suis mise à surveiller Vogue plusieurs fois par jour. Et quand j’ai trouvé notre photo, je suis allée trouver ma sœur en courant. Nous nous sommes mises à crier avant d’aller montrer notre photo à notre mère. C’était super excitant! »
La photo en noir et blanc prise par Katherine Kingston, une jeune photographe d’Edmonton, a finalement été publiée dans le numéro du 11 juillet.
« Je n’arrivais pas à y croire. Encore maintenant, c’est comme si une partie de moi n’y croit toujours pas, mais c’est une occasion incroyable… Je suis si heureuse », ajoute Evangeline, 19 ans.
Honorées de représenter les Inuit
Les sœurs Charlie sont nées et ont grandi à Taloyoak, au Nunavut, avant de déménager à Yellowknife à 10 et 6 ans. Leur père est le célèbre artiste Inuk Charlie et leur mère, Dorcas Okado, est originaire du Kenya.
Ayant grandi dans le Nord en tant qu’Inuit noires, Linda avoue qu’elle et sa sœur ont souvent eu le sentiment d’avoir été mises de côté. Elles ont maintenant fait la paix avec ce passé, avouant qu’elles ont appris à mieux accepter leurs différences grâce au mannequinat.
« Nous avons toujours trouvé important d’être une inspiration pour les peuples autochtones, qui sont de couleurs, de formes et de tailles différentes », mentionne Linda. « Nous sommes simplement heureuses de représenter notre communauté. »
Elles soulignent à quel point il est important pour elles de représenter la communauté autochtone et, en plus, dans un espace public aussi grand et prestigieux que Vogue.
« C’est un tel honneur! Encore davantage quand on sait qu’on voit rarement des Autochtones dans Vogue. Je n’en ai vu qu’une seule fois jusqu’à présent et c’était il y a si longtemps… Nous avons besoin de plus de représentativité », estime Evangeline. « C’est vraiment important, donc je suis tellement reconnaissante d’avoir pu réaliser cela et j’espère que nous en verrons plus à l’avenir. »
Les jeunes femmes disent avoir senti une énorme vague de soutien de la part d’autres Inuit et de la communauté de Yellowknife. Lorsqu’elles ont partagé la nouvelle sur leurs réseaux sociaux, celle-ci a été repartagée à de nombreuses reprises.
Choisir de devenir mannequins
Linda et Evangeline sont plutôt nouvelles dans l’univers du mannequinat, mais elles y rêvaient depuis plusieurs années. « J’ai toujours voulu être mannequin, mais je ne m’attendais pas à avoir autant de succès », dit Linda, qui a fait ses débuts à Edmonton il y a quatre ans. Evangeline lui a emboîté le pas, écoutant les encouragements de sa sœur à se lancer.