La vie coûte de plus en plus cher dans le Nord québécois

Le coût du transport de denrées alimentaires a augmenté d’environ 30 % pour le commerçant de Kuujjuaq Éric Pearson. (Félix Lebel/Radio-Canada)
L’inflation galopante des derniers mois frappe de plein fouet les résidents des communautés du Nunavik en raison du coût de transport élevé des biens de tous les jours.

Au cœur du village de Kuujjuaq, le magasin général Newviq’vi est bondé en ce début de semaine.

D’un côté, une épicerie relativement bien garnie, avec une sélection de légumes frais et de viande surgelée.

La très grande majorité des denrées périssables du Nunavik doivent arriver par avion, ce qui augmente considérablement leur coût. (Félix Lebel/Radio-Canada)

De l’autre côté du magasin, une section quincaillerie, où se côtoient les huiles à moteur et les rouleaux de tissu vendus en vrac pour confectionner les parkas traditionnels.

La vaste sélection de produits fait la fierté du copropriétaire Éric Pearson, qui se dit toutefois inquiet.

Garnir les tablettes du magasin n’a jamais coûté aussi cher selon lui.

« Seulement en transport, ça me coûte 30 % plus cher que l’année dernière. Le prix du transport par conteneurs a augmenté, les camions vers les terminaux maritimes aussi. Tout ça s’ajoute au prix d’achat de la nourriture qui a vraiment augmenté pour certains aliments », explique-t-il. 

Au Nunavik, tout doit être acheminé par avion ou par navire, ce qui fait exploser le coût des produits. (Félix Lebel/Radio-Canada)

À contrecœur, Éric Pearson n’a pas eu d’autres choix que d’augmenter les prix.

« Je suis inquiet pour la population. Plusieurs résidents vivent avec des revenus fixes et je ne sais pas comment ils pourront joindre les deux bouts. »

Un coussin gouvernemental

Aux bureaux de la trésorerie de l’Administration régionale Kativik (ARK), tous les yeux sont rivés sur les données fournies par les commerçants de la région.

L’ARK surveille les prix au détail pour s’assurer de l’efficacité de son programme de réduction du coût de la vie au Nunavik, qui bénéficie d’une enveloppe de 115 millions de dollars du gouvernement du Québec jusqu’en 2025.

Environ 60 % de l’enveloppe totale du programme est destiné à réduire le coût des aliments et des produits essentiels. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Des subventions aux commerçants permettent notamment de réduire de 20 à 40 % le prix d’aliments et de produits essentiels dans les 14 communautés du Nunavik.

Est-ce qu’il sera nécessaire d’ajuster les subventions pour freiner l’impact de l’inflation?

« On va voir », répond le trésorier de l’ARK, Chahine Noujeim.

Il y a un certain délai, selon lui, avant que les données recueillies auprès des commerçants soient représentatives du phénomène.

« Ce n’est peut-être pas représentatif dans les rapports que je reçois, mais je suis sûr que ça va l’être dans les prochains mois. Les prix des aliments ont augmenté au sud, le transport aussi. Il n’y a aucune raison pourquoi l’impact de l’inflation ne se fera pas sentir au Nord », indique-t-il.

Chahine Noujeim espère que les mesures mises en place permettront de réduire l’impact de l’inflation dans la vie des Nunavimmiut. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Chahine Noujeim souhaite attendre d’avoir plus de données sur l’impact de l’inflation sur les prix au Nunavik.

Il estime toutefois qu’il serait impossible d’augmenter le montant de remboursement pour les denrées sans rouvrir l’entente avec Québec.

Mise au point : Une version précédente de ce texte omettait de préciser qu’une augmentation des prestations sur l’achat de denrées ne peut se faire sans renégocier l’entente.

« Évidemment, quand on augmente une mesure, ça va gruger dans l’enveloppe totale, qui est fixée à 115 millions. On ne pourrait pas la maintenir sans que Québec rouvre l’entente pour la bonifier », ajoute-t-il.

Déjà, l’ARK a augmenté cette année la subvention à l’achat de l’essence, qui est passée de 40 à 75 cents de réduction par litre.

La mesure était devenue nécessaire face à l’augmentation marquée du prix à la pompe dans la région, qui frôle maintenant 2,70 $ le litre.

Au Nunavik, le prix de l’essence est déterminé une fois par année, lors de l’achat des stocks de carburant. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Chahine Noujeim admet qu’il ne sera pas possible de soutenir cette mesure au-delà d’un an sans une renégociation de l’enveloppe budgétaire totale avec Québec.

Ce dernier souhaite attendre d’avoir toutes les données nécessaires en main avant d’entamer des discussions officielles.

Il espère qu’une éventuelle stabilisation du prix de l’essence dans la prochaine année pourra faire baisser le prix du transport des marchandises au Nord.

D’ici là, toutes les options sont évaluées par l’administration régionale afin de minimiser le coût de la vie au Nunavik.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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