Alaska : des cours d’eau virent à l’orange, conséquence possible du réchauffement

La rivière Kugururok, dans le parc national Noatak, en Alaska (Jonathan O’Donnell/National Park Service)
Depuis quelques années, des rivières du nord-ouest de l’Alaska prennent une teinte résolument orangée en été. Leurs eaux, autrefois cristallines, deviennent opaques et plus acides. Un groupe de scientifiques se penche sur le phénomène, qui serait lié à la fonte du pergélisol en raison du réchauffement climatique. 

Les rivières Kobuk, Kugururok, Wulik et Kutuk, notamment ainsi que leurs affluents , sont touchées par ce phénomène, qui aurait commencé au milieu des années 2010, mais qui est devenu beaucoup plus répandu à partir de 2019, selon les observateurs.

Un groupe de chercheurs réunis par le U.S. Geological Survey tente d’en comprendre les causes et de déterminer les impacts sur les écosystèmes.

Cette région du nord-ouest de l’Alaska, à proximité du cercle polaire arctique, est très touchée par la fonte du pergélisol et par l’érosion, qui s’accélèrent avec le réchauffement. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait la teinte des cours d’eau de la région en été, selon les scientifiques, même si cette hypothèse reste à confirmer.

Lorsque le pergélisol fond, les sédiments, qui peuvent contenir beaucoup de matière organique, mais aussi des minéraux et des métaux, dont du fer, entrent en contact avec l’eau et l’air environnant. Il se produit alors un phénomène d’oxydation. Le fer, lorsqu’oxydé, prend cette couleur orangée et est ensuite transporté par les cours d’eau. Les réactions chimiques entre l’eau et des minéraux contenus dans les sédiments peuvent aussi rendre les rivières plus acides. 

Les scientifiques s’entendent pour dire que ce phénomène s’est sûrement déjà produit de façon naturelle dans le passé, lorsque la région connaissait des épisodes de grande chaleur, mais probablement pas avec l’ampleur et la fréquence constatées ces dernières années.

Ce pourrait donc être l’accélération du réchauffement dans le Grand Nord qui nourrit ce phénomène.

Ces cours d’eau traversent de grands parcs nationaux et aires protégées dans la chaîne Brooks et desservent de nombreuses communautés autochtones.

Un tributaire de la rivière Salmon, dans le parc national de Kobuk Valley, en Alaska (Michael Carey, U.S. Geological Survey)

Ils abritent aussi des espèces, comme le saumon du Pacifique, qui font la renommée de la région et qui sont importantes pour l’économie.

Dans une lettre publique publiée cet automne, le chercheur en écologie Jonathan O’Donnell, affilié au Service des parcs nationaux, et ses collègues s’inquiétaient pour la santé des écosystèmes de ces rivières et de leurs bassins versants. 

« Des analyses préliminaires [d’échantillons d’eau] provenant d’un tributaire de la rivière Salmon ont montré que le nombre de poissons juvéniles a considérablement diminué pendant la transition de l’eau claire à orange. La détérioration de la qualité de l’habitat des poissons peut, à son tour, nuire aux oiseaux et aux mammifères qui dépendent de l’afflux saisonnier de ressources alimentaires de haute qualité », ajoutent les chercheurs.

Une eau trop acide et qui contient des contaminants est toxique pour nombre d’espèces et est impropre à la consommation. 

Des ressources sont déployées pour suivre la situation dans les prochaines années.

Avec les informations de High Country News et d’Anchorage Daily News

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