Hydrocarbures : des groupes environnementaux veulent stopper la vente de baux au large de l’Alaska
Des regroupements environnementaux intentent une poursuite contre l’administration Biden pour tenter de bloquer la vente de baux pétroliers et gaziers dans le golfe de Cook, en Alaska. Ils avancent que l’étude environnementale n’a pas tenu compte des impacts sur le réchauffement climatique et sur la protection des espèces marines.
Cette poursuite a été déposée mercredi en cour fédérale américaine contre le département de l’Intérieur et l’Office de réglementation relative à l’énergie marine des États-Unis par les ONG et associations Cook Inletkeeper, Alaska Community Action on Toxics, Center for Biological Diversity, Kachemak Bay Conservation Society et Natural Resources Defense Council.
Elles demandent qu’un juge annule l’étude environnementale sous-jacente à cette vente et invalide tous les baux qui seraient potentiellement accordés lors de cette vente aux enchères, entre autres.
Cette mise à l’encan de baux d’exploitation pétrolière et gazière sur une superficie de quelque 4000 kilomètres carrés dans les eaux fédérales est prévue pour le 30 décembre. La zone concernée est au centre du golfe de Cook, qui s’étend sur quelque 290 kilomètres de la capitale Anchorage jusqu’au golfe d’Alaska.
L’administration Biden avait prévu une première vente aux enchères en mai, mais elle avait été annulée par « manque d’intérêt » de la part des compagnies pétrolières et gazières, selon le gouvernement.
La vente de baux fédéraux en Alaska fait partie des concessions faites au secteur pétrolier et gazier et incluses dans le plan pour le climat du président Joe Biden et de sa loi anti-inflation (Inflation Reduction Act) adoptée plus tôt cette année.
La sénatrice républicaine de l’État, Lisa Murkowski, enjoignait plus tôt cette année l’administration fédérale à lever les obstacles à la vente de baux pétroliers et gaziers dans le golfe de Cook. Il s’agit d’un enjeu de taille pour le développement économique et la sécurité énergétique de l’Alaska et des États-Unis, soutient-elle.
Le sort des bélugas et des baleines à bosse
La poursuite allègue que des espèces comme le béluga, la baleine à bosse et la loutre de mer seraient en danger avec une hausse de l’exploitation pétrolière dans le golfe de Cook. L’industrie de la pêche pourrait aussi être compromise.
Les groupes affirment notamment que ce processus de vente de baux enfreint la Loi nationale sur l’environnement (NEPA).
« L’agence de délivrance des permis a violé la NEPA en omettant de tenir compte de manière significative des impacts climatiques ou d’envisager des alternatives qui auraient entraîné moins de dommages au climat, à la vie marine et aux communautés environnantes. Le département de l’Intérieur n’a pas non plus réussi à tenir le public correctement informé, en ne répondant pas pleinement aux commentaires du public », peut-on lire dans un communiqué des ONG qui intentent la poursuite.
Ces groupes rappellent aussi la tragédie de la marée noire de l’Exxon Valdez en 1989, qui était survenue non loin de là, dans la baie du Prince-William, et dont les impacts s’étaient fait sentir dans le golfe de Cook.
De nombreux baux pétroliers et gaziers en mer ont déjà été octroyés en Alaska, notamment dans l’Arctique.
Pour ce qui est de la région du golfe de Cook, le gouvernement fédéral a vendu plusieurs baux depuis les années 1970, mais aucune production pétrolière n’y avait été entamée depuis. On compte 14 beaux au total, tous détenus par la pétrolière Hilcorp Alaska.
La dernière vente aux enchères dans le golfe de Cook s’était tenue en 2017 sous l’administration Trump.
On compte malgré tout une douzaine de plateformes pétrolières et gazières en production dans le golfe de Cook, mais elles sont situées dans les eaux de l’État, plus près d’Anchorage, et non dans les eaux fédérales.
Avec les informations de Reuters et d’Associated Press