Hausse considérable de la clientèle des banques alimentaires du Grand Nord en 2022

La banque alimentaire de Whitehorse a connu une hausse importante de sa clientèle en 2022.
PHOTO : BANQUE ALIMENTAIRE DE WHITEHORSE

Les trois principales banques alimentaires des territoires du Grand Nord font le même constat : l’inflation et la pauvreté ont contribué à une hausse de leur clientèle en 2022.

Cette hausse est particulièrement marquée au Nunavut. Le centre alimentaire Qajuqturvik, situé à Iqaluit, a servi au moins deux fois plus de repas en 2022 qu’en 2021, soit 50 000 repas.

La directrice de l’organisme, Rachel Blais, explique que la hausse de la clientèle auprès de cette soupe populaire s’est fait ressentir dès que les programmes de soutien financier offerts durant la pandémie ont cessé, en octobre 2021. Puis, le taux d’inflation s’est mis à monter en 2022. Depuis janvier 2022, la demande pour nos repas a augmenté d’environ 12 % par mois, explique Rachel Blais.

Rachel Blais est la directrice générale du centre alimentaire Qajuqturvik. Elle dit que la clientèle aussi a changé en 2022, et que davantage de familles avec enfants et de familles monoparentales utilisent les services du centre alimentaire.
PHOTO : CBC / DAVID GUNN

Le coût des aliments a augmenté d’environ 50 % cette année, poursuit-elle. Les frais d’expédition ont augmenté d’environ 45 %. Nous avons dû embaucher plus de personnes pour répondre à la demande. Les coûts de notre programme de repas quotidiens ont donc considérablement augmenté cette année.

Au Yukon, le directeur de la banque alimentaire de Whitehorse, Dave Blottner, fait le même constat. En 2021, nous recevions la visite d’environ 1300 à 1700 personnes par mois, et cette année, on a eu de 1900 à 2100 clients par mois.

« Au cours de l’année, nous avons dépensé près de 100 000 $ de plus en nourriture que l’année précédente et cela ne fait qu’augmenter. Nous sommes donc nerveux et nous faisons tout ce que nous pouvons pour planifier, acheter et nous préparer en conséquence. Mais c’est un souci à l’horizon pour nous », dit Dave Blottner.

À Yellowknife, la vice-présidente de la banque alimentaire remarque aussi cette hausse. Le nombre de personnes qui viennent [à la banque alimentaire] a changé, ça a augmenté. Même chose avec les prix de la nourriture. Il est donc compréhensible que le nombre de clients qui viennent augmente, raconte Joanne Teed.

Les dons individuels à la baisse

La hausse du coût de la vie n’a pas eu que des répercussions chez les clients des banques alimentaires des territoires. Moins de gens ont donné en 2022.

Ceux qui auraient fait un don à la banque alimentaire ont été soumis à des pressions beaucoup plus fortes et nous avons vu moins de donateurs individuels, explique Dave Blottner.

À Yellowknife, la collecte de denrées annuelle Stuff the Bus, organisée au profit de la banque alimentaire, n’a pas connu le succès des années précédentes, selon Joanne Teed. Nous n’avons pas reçu autant de paniers alimentaires. On s’est dit qu’il y aurait un peu moins de paniers à cause du partage avec d’autres organisations.

Au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest, les plus grands donateurs ont comblé le manque à gagner laissé par les donateurs individuels. Nos donateurs corporatifs, les grandes entreprises et les gouvernements des Premières Nations ont pris le relais et ont vraiment aidé à combler le vide là où les donateurs individuels se sont un peu désengagés, raconte Dave Blottner.

Le directeur général de la Banque alimentaire de Whitehorse, Dave Blottner.
PHOTO : RADIO-CANADA / GEORGE MARATOS

Les banques alimentaires, seulement un pansement

Tant au Yukon qu’aux T.N.-O. ou au Nunavut, on souhaiterait que l’utilisation des services des banques alimentaires diminue et que davantage de résidents puissent avoir les moyens financiers de se procurer des denrées alimentaires.

« J’aimerais fermer et qu’on n’ait plus besoin de nous. C’est toujours le plus grand souhait ici à la banque alimentaire », raconte Dave Blottner.

Pour Rachel Blais, le problème à la source est la pauvreté, et les banques alimentaires ne peuvent y remédier.

La meilleure manière de faire face à cette crise est de mettre en œuvre des politiques qui augmenteront les revenus des gens et feront en sorte qu’ils aient suffisamment d’argent pour aller acheter de la nourriture pour eux-mêmes, ou pour aller chasser de la nourriture pour leur foyer, dit-elle.

Rachel Blais propose comme solution que différents programmes de soutien, comme l’Allocation canadienne pour enfants ou l’aide au revenu, soient indexés au coût de la vie.

Elle estime que les nombreux appels à garnir les tablettes des banques alimentaires, plus particulièrement durant la période des Fêtes, sont importants, mais que personne ne devrait avoir à se tourner vers les banques alimentaires pour nourrir sa famille durant les Fêtes.

S’alimenter est un droit humain et le Canada est l’une des nations les plus riches et certainement l’une des plus riches sur le plan de la nourriture au monde.

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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