2022 : l’année des célébrations pour la francophonie du Grand Nord canadien

Les drapeaux franco-yukonnais, au haut, franco-ténois, au centre, et franco-nunavois au bas. (Radio-Canada)
La francophonie des territoires a clôturé l’année 2022, une année qui a été marquée par des retrouvailles et des célébrations après deux ans de pandémie. Si le bilan demeure très positif, du Yukon au Nunavut, en passant par les Territoires du Nord-Ouest, les associations ne cachent pas les défis qui les attendent en 2023.
Yukon : fiers de l’augmentation de la proportion de francophones

L’Association franco-yukonnaise (AFY) a soufflé ses 40 bougies en 2022 et sa directrice générale, Isabelle Salesse, a célébré ses 20 ans au sein de l’association. L’année a donc été l’occasion de souligner ces jalons, d’autant plus que l’allègement des restrictions sanitaires a permis aux Yukonnais de se réunir à nouveau.

« C’est une année de reprise des événements communautaires. On se voit, on est ensemble, il n’y a plus de restriction de nombre, donc on peut accueillir autant de gens qu’on veut. On retrouve un sens de liberté », illustre-t-elle.

La francophonie yukonnaise avait une autre raison de célébrer, si l’on se fie aux plus récentes données de Statistique Canada, qui indique que le territoire est le seul endroit au pays où la proportion de personnes ayant le français comme langue maternelle est en hausse.

« On reste encore la 3e place la plus bilingue au Canada et ce pourcentage augmente aussi, donc vraiment, ce n’est que du positif pour nous », souligne Isabelle Salesse en ajoutant être fière de la communauté.

L’AFY est également heureuse de voir le projet de centre de santé bilingue finalement se concrétiser à Whitehorse. La nouvelle clinique, qui a temporairement pignon sur rue sur la 4e avenue, a ouvert ses portes au début du mois de novembre.

« C’est super de voir qu’on a accouché de notre bébé. Ceci étant dit, notre bébé est encore un peu sous couveuse parce qu’il n’est pas aussi grand que ça devrait l’être », illustre Isabelle Salesse, en expliquant que le projet de clinique est en gestation depuis de nombreuses années.

Le Centre de Santé Constellation se trouve temporairement au 4149, 4e Avenue, porte 102 en attendant que les travaux de rénovations de ses futurs locaux soient achevés. Il déménagera alors au 9010 route Quartz. (Vincent Bonnay/Radio-Canada)

De son côté, la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) et son président nouvellement réélu, Jean-Sébastien Blais, continueront de travailler pour parvenir à ouvrir une toute première école francophone à Dawson, un projet qui se discute depuis des dizaines d’années.

« C’est le grand dossier qui animera toute l’année qui vient. On est en pourparlers avec le ministère de l’Éducation, mais on s’assure aussi de travailler avec nos partenaires de Dawson, que ce soit la Première Nation des Tr’ondëk Hwëch’in ou les ayants droit qui veulent un centre en mesure de soutenir l’éducation de leurs enfants », dit-il.

La commission scolaire souhaite également se pencher sur le dossier de la petite enfance et évoque la possibilité d’une prise en charge des garderies par les écoles primaires, comme il est possible de le voir dans certaines communautés francophones ailleurs au pays.

Territoires du Nord-Ouest : les yeux tournés vers la Cour suprême

L’un des grands dossiers pour la francophonie des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) cette année sera certainement la cause des non-ayants droit qui sera entendue en Cour suprême du Canada au début du mois de février.

Le jugement attendu vise à déterminer qui du gouvernement ou des commissions scolaires a le dernier mot concernant l’inscription d’élèves qui n’ont pas un droit explicite à l’école française minoritaire.

« Ça va être intéressant de voir où ça va mener. Nous serons en attente pendant plusieurs mois de cette décision, mais entre-temps, nous allons continuer à avancer sur nos autres dossiers, souligne la directrice générale de la Commission scolaire francophone des T.N.-O. », Yvonne Careen.

La Cour suprême du Canada entendra la cause de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest en 2023. (Virginie Gagnon-Leduc/Radio-Canada)

Ces autres dossiers, ce sont notamment l’agrandissement et le développement d’espace pour accueillir les élèves alors que le nombre d’inscriptions augmente.

« Nos écoles sont encore incomplètes. L’École Boréale à Hay River n’a pas encore de gymnase. Le secondaire, ça fait 13 ans qu’ils sont dans des classes portatives, alors c’est certain qu’on va mettre de l’importance sur le développement de l’école », explique-t-elle en ajoutant qu’il est également temps de penser à l’agrandissement de l’école Allain St-Cyr à Yellowknife.

Ce que la nouvelle directrice générale de la Fédération franco-ténoise, Audrey Fournier, souhaite surtout pour 2023, c’est que les organismes francophones puissent se permettre plus de stabilité dans leur financement et dans leurs ressources humaines afin d’avoir la capacité de prendre un pas de recul.

« Prenons un souffle, regardons quels sont les besoins et planifions stratégiquement, plutôt que de toujours être dans la réaction parce qu’on manque de ressources », souligne-t-elle.

Pour la Fédération franco-ténoise, il faudra aussi continuer de surveiller la révision de la loi territoriale sur les langues officielles avec un projet de loi qui doit être adopté d’ici la fin de 2023.

Nunavut : entre célébration et regard sur l’histoire

L’Associtation Franco-Yukonnaise n’est pas la seule à avoir fêté ses 40 ans d’existence en 2022 puisque ce fut le cas aussi de l’Association des francophones du Nunavut en mars.

« Ça nous a permis de faire un travail d’archivage aussi de nos archives depuis 1981 et on a découvert certaines pépites dans nos archives qui étaient assez intéressantes », souligne le directeur général de l’Association Christian Ouaka.

Le Franco-Centre, à Iqaluit, est le lieu de rassemblement principal des francophones du Nunavut et la salle régulièrement louée pour d’autres événements de la grande communauté d’Iqaluit. (Matisse Harvey/Radio-Canada)

L’équipe cherche maintenant à déterminer le meilleur moyen de mettre en valeur l’histoire des francophones du Nunavut et l’histoire de l’Association elle-même.

L’année 2022 aura aussi été marquée par un retour des activités en présentiel et des festivals qui ont permis à la communauté francophone de se rassembler après deux ans de pandémie.

C’est une communauté qui est très dynamique et fière de son patrimoine.Christian Ouaka, directeur général de l'Association des francophones du Nunavut

Comme pour les autres territoires, l’année 2023 devrait être chargée pour la francophonie nunavoise avec plusieurs projets, dont la rénovation du bâtiment communautaire, un ancien baraquement de l’armée américaine qui date de la Seconde Guerre mondiale.

« C’est un bâtiment qui commence à tomber en ruine, la structure du bâtiment s’est affaissée, les murs se sont fragilisés et, de façon générale aussi, la COVID nous a mis face à nos limites en termes de capacité avec le centre », explique le directeur général.

Pour le moment, l’Association se concentrera sur les rénovations essentielles à apporter, mais tentera également de mobiliser un financement nécessaire à la construction d’un nouveau centre communautaire à l’avenir.

Un reportage de Sarah Xenos

Radio-Canada

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