Les atouts du Brésil comme membre observateur au Conseil de l’Arctique

Le Brésil a récemment déclaré que son pays avait un « intérêt particulier » pour la région arctique. (Anderson Coelho/AFP/Getty Images)
Même si sa capitale, Brasilia, se trouve à plus de 11 000 kilomètres au sud du pôle Nord, le Brésil a bel et bien l’intention de devenir observateur au Conseil de l’Arctique.

C’est en tout cas ce que souhaite le gouvernement brésilien par la voix de son ambassadeur en Russie qui a récemment déclaré que son pays avait un « intérêt particulier » pour la région arctique.

Le Conseil de l’Arctique se veut un forum intergouvernemental qui se compose de huit États arctiques (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Suède, Russie) et de six organisations internationales de peuples autochtones à titre de participants permanents. Son rôle est de discuter des questions d’environnement et de développement.

Notons qu’en 2013, la Chine et l’Inde ont obtenu le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique. En raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les pays occidentaux ont gelé en mars 2022 leur coopération avec Moscou, qui préside pourtant l’organisation internationale.

Dans un article publié sur le site du centre d’étude international The Arctic Institute, basé à Washington, Renato Fakhoury, chercheur au Réseau nord-américain et arctique de défense et de sécurité (NAADSN), indique que l’arrivée du Brésil dans l’organisation internationale n’est pas une idée si mauvaise en soi.

Le chercheur y voit même une occasion pour les relations internationales, bien que l’inclusion du Brésil en tant qu’observateur dans les forums de dialogue sur l’Arctique, comme le Conseil de l’Arctique, puisse sembler superflue au premier abord.

« Le Brésil partage bon nombre des mêmes insécurités concernant l’Amazonie que les États polaires en ce qui concerne l’Arctique, et grâce à sa participation à des groupes comme le G20 et les BRICS, il pourrait même servir de pont entre l’Occident, la Russie et la Chine à l’occasion de la réouverture du Conseil de l’Arctique. »

Développement énergétique et politique autochtone

M. Fakhoury rappelle que l’intérêt du Brésil pour l’Arctique ne date pas d’hier. Depuis 2010, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, le pays sud-américain avait déjà discuté d’adhérer au Traité du Svalbard et de demander le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique.

« En 2019, les pourparlers relancés par le ministère des Affaires étrangères au Centre d’études politiques et stratégiques de la Marine à Rio de Janeiro ont abouti à la création du Groupe technique sur les activités arctiques. Et, en 2022, la Commission interministérielle brésilienne sur les ressources marines a officiellement recommandé à la présidence de ratifier le traité du Svalbard et de plaider pour l’adhésion au Conseil de l’Arctique », écrit-il.

Le chercheur, également doctorant en études mondiales à l’Université du Massachusetts à Lowell, poursuit sa réflexion en expliquant que, pour le Brésil, il est logique de faire partie du dialogue sur l’Arctique. « Le Brésil a été économiquement impliqué dans l’Arctique en exportant des équipements d’extraction de pétrole et de gaz en eau profonde vers les États arctiques et considère une implication accrue dans l’Arctique comme la prochaine étape nécessaire au développement de sa propre industrie pétrolière et gazière », note-t-il.

Les nouvelles technologies actuellement utilisées dans l’Arctique dans des secteurs tels que les communications, la préparation aux situations d’urgence et la surveillance par satellite pourraient également être mises en œuvre en Amazonie brésilienne et dans la zone économique exclusive (appelée par beaucoup « l’Amazonie bleue »).Renato Fakhoury, chercheur au Réseau nord-américain et arctique de défense et de sécurité

Sur le plan institutionnel, le Brésil pourrait également apprendre des États arctiques sur la façon de développer davantage des forums de dialogue axés sur des questions spécifiques, précise M. Fakhoury.

« Des institutions telles que l’Organisation du Traité de coopération amazonienne, créée en 1978 entre les nations de la forêt tropicale, et le Pacte de Leticia, signé en 2019 pour promouvoir des mesures de conservation en Amazonie, pourraient encore être développées davantage sur le modèle du Conseil de l’Arctique, par exemple. »

Et puis l’Amazonie et l’Arctique ont des communautés autochtones qui plaident pour une plus grande représentativité dans les affaires concernant leurs territoires, souligne le chercheur. « Le Brésil a créé début 2023 le ministère des Peuples autochtones qui se concentre entièrement sur les demandes des multiples groupes brésiliens. Cela pourrait servir de modèle en faveur d’un mouvement panautochtone plus inclusif et plus étendu, ce qui profiterait également à l’Arctique », conclut-il.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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