Objet volant abattu dans le Grand Nord canadien : des Premières Nations affirment avoir été tenues à l’écart

Des avions militaires qui ont participé à la recherche d’un objet aérien abattu au-dessus du Yukon. (Evan Mitsui/CBC)
Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver l’objet volant non identifié abattu au Yukon, des politiciens du Grand Nord déplorent un manque de consultation avec les gouvernements autochtones concernés par l’incident. Ils croient aussi que les engins volants abattus au cours des deux dernières semaines ont remis à l’avant-plan la nécessité de renforcer la sécurité dans l’Arctique.

La cheffe régionale de l’Assemblée des Premières Nations (APN) pour le Yukon, Kluane Adamek, se dit surtout « déçue » que les discussions avec le ministère de la Défense nationale n’aient pas eu lieu plus tôt. Elle affirme vouloir s’entretenir de cette question « immédiatement » avec la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.

« Quand nous parlons de sécurité arctique et de défense nationale, il est primordial de travailler avec tous les niveaux de gouvernements », indique-t-elle, en parlant notamment des gouvernements autochtones.

Kluane Adamek croit notamment que les Premières Nations du Yukon ont une connaissance unique du territoire qui leur aurait permis de participer aux recherches visant à retrouver les débris de l’objet abattu dans une zone qui s’étend de Dawson City à Mayo, dans le centre du Yukon. « S’il y avait déjà eu des discussions autour de possibles partenariats, nous aurions peut-être pu contribuer aux recherches beaucoup plus tôt », dit-elle.

«Les titulaires de droits doivent être à l’avant-plan des discussions pour s’assurer que nous planifions collectivement, au lieu de nous retrouver dans une situation où nous n’incluons pas les personnes qui sont sur le terrain et vivent dans ces communautés», soutient la cheffe Kluane Adamek. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Tout comme la cheffe Kluane Adamek, les chefs des Premières Nations Tr’ondëk Hwëch’in, Na-Cho Nyäk Dün et Vuntut Gwitchin souhaitent être davantage inclus dans les discussions qui entourent la souveraineté et la sécurité de l’Arctique.

« Il est impératif que les Premières Nations du nord du Yukon soient consultées sur toutes les questions qui touchent notre peuple, notre territoire, nos eaux et notre ciel », ont-ils souligné dans un communiqué de presse commun.

« Notre système d’alerte du Nord est vieillissant »

Depuis le début de février, quatre objets volants ont été abattus dans l’espace aérien défendu par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD). Le plus récent a été abattu dimanche par un avion de chasse américain au-dessus du lac Huron.

Joint par courriel, le ministère de la Défense nationale soutient ne pas être responsable des efforts de recherche qui sont « sous la direction et la responsabilité de la GRC/Sécurité publique Canada ».

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) affirme quant à elle avoir déployé des ressources au Yukon aux côtés des Forces armées canadiennes pour récupérer les débris. Elle enquête avec des partenaires canadiens et internationaux, dont le FBI.

« Dans le cadre de nos efforts, nous agirons en étroite collaboration avec les dirigeants de collectivités autochtones. Ce travail sera fondé sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat », affirme la caporale Kim Chamberland, dans un échange de courriels.

Le sénateur du Nunavut Dennis Patterson milite depuis longtemps pour que le gouvernement fédéral en fasse plus pour assurer la défense de l’Arctique. Il croit que les incidents des deux dernières semaines ont mis en lumière la vulnérabilité accrue de cette région.

Selon le sénateur, l’une des lacunes en matière de défense arctique est le manque d’infrastructures militaires dans le Grand Nord pour répondre à d’éventuelles incursions étrangères dans la région. « Notre système d’alerte du Nord est vieillissant, voire vétuste », dit-il. « Il a besoin d’être modernisé de toute urgence. »

Jusqu’à présent, nos demandes pour attirer l’attention sur cette problématique dans le Nord sont tombées dans l’oreille d’un sourd.Dennis Patterson, sénateur du Nunavut
Dennis Patterson est le sénateur du Nunavut depuis 2009. Compte tenu de l’intérêt grandissant de la Russie et de la Chine pour l’Arctique, il croit qu’Ottawa doit faire de la sécurité arctique une plus grande priorité. (Vincent Robinet/CBC)

Au mois de juin, Ottawa a annoncé un financement de 4,9 milliards de dollars sur six ans pour moderniser et augmenter les capacités de défense continentale du NORAD. Bien qu’il salue ce financement, Dennis Patterson croit que le gouvernement fédéral doit travailler davantage avec les populations locales et inuit du Nord.

La cheffe de l’Assemblée des Premières Nations pour le Yukon abonde dans le même sens : « Nous devons travailler avec les communautés pour cerner les projets qui vont laisser leur marque dans le temps, déterminer ce dont elles ont besoin et ce qui a le plus de sens pour le Nord. »

Kluane Adamek cite notamment l’utilisation des gymnases d’écoles pour la vaccination durant la crise sanitaire, un exemple qui prouve selon elle que les infrastructures des communautés peuvent être mises à contribution, à condition qu’elles soient adéquates et répondent à leurs besoins.

Avec des informations de Claudiane Samson et de Kate Kyle

Matisse Harvey, Radio-Canada

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