Conflit minier au Nunavut dans le Grand Nord canadien : l’entreprise Baffinland obtient gain de cause

La juge Susan Cooper, de la Cour de justice du Nunavut, a octroyé une injonction interlocutoire demandée par l’entreprise minière Baffinland dans le dossier l’opposant à des chasseurs inuit. (Sara Frizzell/Radio-Canada)
Après plusieurs semaines d’attente, l’entreprise minière Baffinland a obtenu l’injonction interlocutoire qu’elle espérait dans le dossier houleux l’opposant à des chasseurs inuit de l’est du Nunavut.

La juge Susan Cooper, de la Cour de justice du Nunavut, a rendu sa décision mardi.

En vertu de cette ordonnance, qui est en vigueur pour un maximum de 10 jours, les chasseurs inuit ne peuvent pas accéder au périmètre de la mine Mary River, « y compris le site minier, la piste d’atterrissage, la route d’accès ainsi que tout autre terrain et installation du projet », peut-on lire dans le document de la Cour.

La mine est située à environ 176 kilomètres au sud-ouest de la communauté de Pond Inlet, sur l’île de Baffin.

La mine de fer Mary River est située dans le nord de l’île de Baffin. (Radio-Canada)

Au mois de février, les Nuluujaat Land Guardians, un groupe de protestataires constitué de chasseurs inuit, ont bloqué l’accès à la piste d’atterrissage et à une route de la mine de fer Mary River pendant environ une semaine.

Ils ont toutefois quitté les lieux le 10 février, donnant ainsi suite à une ordonnance provisoire de la Cour.

Dans sa décision, la juge affirme avoir dû prendre en compte le fait qu’elle n’avait pas obtenu la confirmation que les défendeurs, à savoir les chasseurs, ne manifesteraient pas à nouveau.

Elle indique ne pas avoir cette certitude, considérant notamment que les défendeurs représentent trois des sept chasseurs protestataires.

« De plus, l’avocate des défendeurs n’a pas indiqué quelle était la raison de la mobilisation », a-t-elle ajouté.

Les chasseurs s’opposent à la deuxième phase du projet d’expansion de la mine de fer Mary River, qui implique la construction d’un chemin de fer d’environ 110 km pour transporter d’importantes quantités de minerai de fer.

Les chasseurs craignent notamment que ce chemin de fer n’empêche des caribous de traverser la région et que l’augmentation du transport maritime ne soit dévastatrice pour la population de narvals, considérée comme la plus importante au monde.

L’ordonnance stipule par ailleurs que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) est autorisée à la mettre en application en intervenant auprès « des personnes qui ont connaissance de cette ordonnance et qui y font obstacle ou qui entravent l’accès » à la mine.

Déception des chasseurs

Dans un communiqué, les défendeurs ont exprimé leur déception après la décision de la juge Susan Cooper.

« Les Gardiens sont déçus qu’une telle décision ait été prise sur la base des arguments de Baffinland si tôt dans l’affaire et ils attendent avec impatience que leurs avocats présentent de nouvelles preuves qui sont désormais disponibles grâce à l’interrogatoire des témoins de Baffinland », a affirmé Mary Naqitarvik, la porte-parole des Nuluujaat Land Guardians.

Dans sa décision, la juge indique que les défendeurs ont deux jours pour demander de modifier ou d’annuler l’ordonnance.

« C’est un nouvel avantage pour les Gardiens, qui n’avaient auparavant aucun forum pour exprimer leurs préoccupations », écrit-elle.

Matisse Harvey, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur l'Arctique canadien, visitez le site d'ICI Grand Nord.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *