Réflexions autour des besoins des aînés francophones dans le Grand Nord canadien

Selon les données statistiques d’Ottawa, les 65 ans et plus représentent le groupe démographique le plus en croissance aux Territoires du Nord-Ouest. Pour bien répondre aux besoins des francophones de cette tranche d’âge, la Fédération Franco-Ténoise et le Réseau TNO Santé les a interrogés pour la première fois.
En 2016, les T.N.-O. comptaient 3220 personnes âgées de 65 ans et plus, selon Statistique Canada. En 2021, ce groupe comptait 4110 personnes, soit le groupe ayant connu la plus forte croissance démographique.
La Fédération Franco-Ténoise a lancé un sondage en février ciblant les aînés, auquel a participé le Réseau TNO Santé. Une première démarche essentielle pour avoir une image plus claire de cette communauté qui ne fait pas souvent les manchettes, selon la directrice du Réseau TNO Santé, Sophie Lubet.
Les questions portent notamment sur les besoins en matière de soins de santé ou de socialisation. « Les questions sont tellement ouvertes qu’à un moment donné, il faut commencer quelque part […] comme mobiliser la communauté des aînés, voir qui ils sont, prendre contact avec eux. [C’est] une première prise de contact », dit Sophie Lubet.

Partir voudrait aussi dire se refaire un réseau social. « Ça veut dire qu’il faudrait que je rebâtisse toutes mes relations, tout refaire. Et est-ce que c’est facile à faire? Je ne sais pas. À Yellowknife, c’est facile de se faire des amis », dit-elle.
Partir ou rester?
Bien que le groupe des 65 ans et plus soit en croissance aux T.N.-O., plusieurs francophones, venus d’ailleurs au pays, choisissent de repartir une fois l’âge de la retraite atteint.
Lise Picard, elle, a choisi de rester pour sa famille. « La raison pour laquelle je reste, c’est parce que j’ai des petits-enfants ici. Et je sais que pour mes amis, c’est la même chose. On a des petits-enfants ici, et on est vraiment attaché à ces petits enfants-là », explique celle qui vit à Yellowknife depuis 42 ans.

Vieillir dans le Grand Nord demande quand même des compromis, si on veut rester actif. Pour Lise, la mobilité et l’exercice physique sont primordiaux pour vieillir en forme, mais il faut parfois voyager dans le Sud pour y arriver.
« À -40 degrés, quand les trottoirs sont tous glissants, ce n’est pas facile si tu n’es pas un adepte du gymnase. Moi, j’aime mieux être dehors […] Il faut demeurer actif, mais parfois en hiver, il faut aller ailleurs », ajoute-t-elle.
Rester connecté à la communauté
Le Réseau TNO Santé espère s’appuyer sur les résultats de sa consultation avec les aînés francophones pour évaluer leurs besoins, mais aussi sur l’expertise des autres provinces et territoires membres de la Société Santé en français pour offrir des programmes.
« On peut bénéficier de l’expertise mise en place par les réseaux du Centre et de l’Ouest », indique Sophie Lubet, qui donne l’exemple d’un atelier offert par les autres réseaux sur la santé cognitive, l’Abécédaire d’un cerveau en santé.
Par exemple, au Yukon, les aînés francophones ont accès à des activités et à de l’entraide en français depuis plus d’une dizaine d’années, qui ciblent entre autres le logement, la santé, le transport et le maintien à domicile, souligne la gestionnaire des services aux aînés de l’Association franco-yukonnaise, Patricia Brennan.
Lise Picard estime aussi que les services, entre autres ceux de soins de santé, sont supérieurs aux T.N.-O. « On est très choyé ici. Au moindre petit problème, tu es habituellement bien soigné. »
Pour elle, des ateliers sur comment vieillir en bonne santé physique et cognitive seraient appréciés. Des cours sur l’utilisation de la technologie aussi. « Nous, en étant en bonne santé, on contribue à la société. Puis c’est un peu ça tout l’aspect de vieillir, c’est d’être capable de se valoriser, de se sentir utile, de trouver des moyens de contribuer à la société », conclut-elle.